La Friche de l’Escalette : la trilogie architecture-nature-sculpture

Jean Amado Friche de l’Escalette 2023

« C’est lentement mais sûrement que la Friche de l’Escalette s’inscrit dans le paysage culturel estival marseillais, permettant à un large public la découverte d’un patrimoine industriel remarquable conjuguée avec la visite d’expositions d’architectures légères et de sculptures » Eric Touchaleaume, galerie 54

J’avais découvert ce lieu incroyable à l’occasion de l’exposition d’Adrien Vescovi. Y retourner à l’occasion d’Art-O-Rama 2023 autour de Richard Baquié, célébré en parallèle au Mac, était l’occasion d’en savoir plus. Son histoire est liée à l’industrie du plomb dans les Bouches-du-Rhône. Des vestiges subsissent sur le site et le long du littoral. Comment construire sur ce passé en ruine et pollué malgré une végétation qui le colonise et écrire une autre histoire fait partie des enjeux que s’est fixé Eric Touchaleaume lorsqu’il décide de relever le défi. Transformer la friche en projet culturel pérenne, valoriser l’architecture et l’in situ selon la « philosophie du cabanon » chère à Jean Prouvé et aux marseillais à travers une exposition estivale annuelle et un futur concours d’architecture international sur le thème de l’habitat populaire, tout en laissant toute sa place à la nature.

Claustra – Héloïse Bariol – ©C.Baraja et:ou E.Touchaleaume Archives Galerie 54 – Friche de l’Escalette 2021

De plus la collection permanente d’œuvres modernes et contemporaines, qui s’étoffe d’année en année, représentée par des œuvres de l’Atelier Baptiste & Jaïna, Héloïse Bariol, Parvine Curie, Marjolaine Dégremont, Myriam Mihindou, Costas Coulentianos, Gérard Lardeur,
Vincent Scali, François Stahly, Gérard Traquandi, Pierre Tual, Adrien Vescovi, Luciano
et Ivan Zanoni… et par Jean Prouvé pour l’architecture, ponctue le parcours de la visite.

Pop-Up Store Galerie du Cameroun (galerie 54)

Pour la première année, un large choix de mobilier d’architectes & décorateurs du XXe siècle, de céramiques et objets d’art, à connotation ensoleillée, est proposé par la Galerie 54, partenaire de la Friche de l’Escalette, dans les locaux de l’ancien restaurant et
dans le Bungalow du Cameroun de Jean Prouvé.
Autre nouveauté, une buvette à la disposition des visiteurs.

Angles de vision : Richard Baquié, Jean Amado et François Stahly

Epsilon – Renault 16 carbonisée, tôle, globe, moteur – Richard Baqioé 1986

Richard Baquié – héros de la scène marseillaise des années 1980-1990, trop tôt disparu – est
de nouveau présent sur la Friche de l’Escalette, dont il fréquentait assidûment l’ancienne casse
automobile, en quête de pièces détachées pour ses sculptures.
Son œuvre complexe sous un apparent bricolage est éminemment conceptuelle mais n’est jamais sèche et froide. Elle recèle la poésie de Marseille, sa ville natale, sa violence et sa chaleur et met à jour des éléments cachés, des rêves d’enfance, une poétique.
Traduisant le désenchantement des années 80, Epsilon (1986), installation constituée d’une
épave carbonisée de R16 – icône de la voiture familiale et de l’âge d’or industriel des trente
glorieuses – fait face à Zéro, constitué de quatre grandes lettres découpées en tôle ondulée, faisant écho au titre qui s’approche du néant et aux lettres découpées dans la carrosserie d’un troisième élément mural qui indiquent: Rien juste la mémoire de la lumière, tandis qu’un gros ventilateur obturant la portière fait vibrer la sculpture dans un bruit cataclysmique.

JEAN AMADO
Curieuse carrière que celle d’Amado, tour à tour sculpteur-céramiste, réalisant en 1950/51
d’extraordinaires « cactus » en céramique vernissée pour les impostes des portes des quatre
immeubles de la Tourette de Fernand Pouillon en surplomb du Vieux Port de Marseille.
Inventeur en 1958 d’un nouveau matériau le Cérastone – mélange de ciment et de sable de
basalte cuit à 1000° – permettant la fabrication de très grands bas-reliefs émaillés et de tours-sculptures pour le compte de Jean Dubuffet.

FRANÇOIS STAHLY
On ne présente plus Stahly, dont plusieurs œuvres sont exposées en permanence Friche de
l’Escalette.
Cette année deux œuvres inédites : Labyrinthe (1963) installation Land Art avant la lettre
constituée d’une centaine de petits menhirs de granit et Théâtre en plein air (1964) maquette
constituée de plusieurs éléments en bronze posés à même le sol, brouillant ainsi la notion d’échelle parfaitement adaptés au relief, et, aujourd’hui, dépourvus de toitures et à l’état de ruine, s’intègrent d’autant mieux au paysage rocailleux.

Deu artistes oubliés du grand public et victimes du « syndrome du rond-point ».

Et toujours..balade au milieu de ces colonnades, bassins et murs cyclopéens, ces édifices percés d’arcades et d’oculus évoquant l’architecture néoclassique de Ledoux (Salines d’Arc et Senans), ces fours, tunnels et cheminées rampantes, bâtis en pierre et brique, constituent un ensemble architectural d’une grande qualité et d’une ampleur impressionnante.

Infos pratiques :


4 visites guidées par jours
par groupe de 20 personnes maximum
du 1er juillet au 31 août 2023,
7 jours sur 7

  • week-ends de septembre et octobre
    réservation sur friche-escalette.com

route des Goudes,
impasse de l’Escalette
13008 Marseille
face au petit port de l’Escalette
portail en bois au fond de l’impasse
arrêt bus n° 20

https://friche-escalette.com/

Galerie 54

Hôtel Martel 10, rue Mallet-Stevens 75016

Éric Touchaleaume – Galerie 54