Photo London 2023 : coups de cœur so british !

Jeff Cowen, Golshifteh, Lens Culture

Michael Benson nous avait annoncé une édition Photo London 2023 exceptionnelle et effet « Coronation Day » en plus, l’attente était à son maximum avec tous les projecteurs braqués sur la Somerset House.

Large éventail de techniques et de styles, ouvertures sur la photographie iranienne, africaine, mexicaine retour sur les pionnières britanniques, une section Discovery étoffée, il y en a pour tous les goûts avec une tendance à regarder fortement du côté de l’art contemporain.  Une édition foisonnante et pointue où les femmes tirent leur épingle du jeu.

Sélection made in Great Britain :

-Martin Parr, Master of Ceremony

Martin Parr porte bien son titre de « Master of Photography 2023 ». Sa prolifique production est célébrée sur 5 décennies entre humour féroce et tendresse sur le rasoir à partir d’images prises uniquement au Royaune-Uni. Certaines séries couleur célèbres comme « The Last Resort » Luxury » « Small World» »The cost of Living » et d’autres moins connues en noir et blanc telles que « The Non Conformists ». Un amour vache pour ses congénères pourrait-on dire !

Martin Parr GB. England. New Brighton. From ‘The Last Resort’. 1983-85. Magnum Photos.

-Writing her own script : women photographers the hyman collection

La collection met en avant le travail de photographes femmes britanniques au passé et au présent. Après les pionnières comme Shirley Baker ou Dorothy Bohm place à l’émergence avec notamment Eliza Hatch, vraie révélation

Photographe britannique âgée de 28 ans, activiste et animatrice du podcast The Cheer Up Luv. Eliza a fondé Cheer Up Luv en 2017, un projet photo-journalistique internationalement reconnu, qui révèle des récits de harcèlement de rue. Le projet combine la photographie avec le journalisme, l’activisme et les médias sociaux. Les contributeurs sont photographiés dans des lieux liés à leur expérience, et leurs récits sont mis en ligne via Instagram et le site configuré de sorte que les femmes puissent collectivement partager leur récit et contribuer à réveiller les consciences : @cheerupluv, www.cheerupluv.com.

L’artiste déclare, « Cheer Up Luv est une plateforme qui permet aux femmes de se faire entendre et de s’approprier des expériences qui étaient jusque là hors de leur contrôle. J’ai constaté que le nombre de femmes victimes de harcèlement sexuel en public est très élevé et que les récits couvrent malheureusement un large éventail de sujets. En photographiant ces femmes et en publiant ces histoires, je souhaite aider les femmes à se réapproprier cet espace et à faire la lumière sur un sujet encore tabou »

Léa Habourdin Images-forêts Des mondes en extension Fisheye

-Léa Habourdin –  Fisheye Gallery (Paris)

Elle reçoit le prix Nikon 2023 de la photographie émergente pour son travail très engagé :

« Images-forêts Des mondes en extension »

Accompagnée des forestier.e.s et conservateur.rice.s, Léa Habourdin a passé les deux dernières années à documenter ces lieux protégés, partant du constat que les forêts primaires n’existant plus.
Elle a ensuite réalisé ses images en se servant de la photosensibilité de la chlorophylle dont l’instabilité est proche de l’anthotype qui réagit constamment à la lumière. Dès lors, plus on regarde l’image et plus elle disparait. Ces anthotypes sont accompagnés de grands tirages faits avec des pigments naturels. Du jaune vif des feuilles de bouleau au rose pâle des pétales de coquelicot, une image des forêts évanescente comme ce fantasme que nous avons toutes et tous d’une forêt primaire.

-Le photographe américain Jeff Cowen et l’actrice iranienne Golshifteh Farahani 

(60 New Discoveries in Contemporary Photography by Lens Culture)

L’art de Jeff Cowen se distingue dans son refus de l’usage des technologies actuelles. Il repousse constamment les limites entre la photographie, la peinture, le dessin et la sculpture. Il travaille sur du papier argentique épais, qu’il découpe, colle et soumet à divers produits chimiques et techniques réalisées en chambre noire. C’est un puriste.

Au cours de ses études à Tokyo en 1987, Jeff Cowen a été fasciné par l’appréciation japonaise de la « patine du temps » et au concept du wabi-sabi : la mélancolie douce-amère de la vie Toute beauté est promise à sa propre finitude souligne t-il. Il s’intéresse également à ce qu’il appelle le « non-moment », c’est-à-dire l’instant qui précède ou qui suit un événement.

L’actrice iranienne exilée en France s’engage au quotidien sur la répression de la liberté qui gangrène son pays via les millions d’abonnés de son compte Instagram. Sur cette image, son regard à la fois frontal et très nostalgique est comme annonciateur de la tragédie qui va suivre.

Maisie Cousins TJ Boulting gallery

-Maisie Cousins -TJ Boulting (London)

L’un des quelques solo show qui propose un mélange entre ses photographies en gros plan saturées de couleurs et des souvenirs d’enfance reconvoqués grâce à l’utilisation de l’IA avec « Walking Back To Happiness »

Elle utilise l’IA pour plonger dans son subconscient et illustrer les souvenirs perdus d’une époque et d’un lieu précieux de son jeune âge. Alors qu’elle s’occupait de sa fille dans la ville de St Leonards et qu’elle était entourée d’objets d’enfance, Mme Cousins a été interpellée par ses propres souvenirs d’enfance au bord de la mer britannique. L’absence de copies tangibles de ces souvenirs l’a incitée à explorer les possibilités de l’intelligence artificielle.

« Les images troublantes créées répondent à la fois au besoin de nostalgie et à celui du joueur addictif. » Déclare-t-elle. Parmi les centaines d’images générées, 19 ont été sélectionnées pour Photo London et ont été éditées à la façon  des photos albums de famille.

L’exposition revient sur son obsession pour Blobbyland – un parc d’attractions situé près de sa maison dans le Somerset – et ce qu’elle qualifie le « folklore » des vacances en camping en Grande-Bretagne.

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-Gunter Sachs –Shtager & Shch (London)

Le play boy milliardaire et 4ème mari fantasque de notre Brigitte Bardot nationale a une passion pour l’art et la photographie. Son talent est reconnu dans le domaine au-delà de ses frasques. Il développe un vrai intérêt pour l’astrologie au point d’écrire un livre.

A l’origine de l’engouement pour Saint Tropez l’on retrouve dans ce cliché la lumière du sud et les plaisirs sophistiqués de la jet set. La position inclinée du corps invite à la rêverie alors qu’un souffle travers le paréo créant une arabesque au milieu des lignes géométriques du transat.

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-Shen Wei – Flowers Gallery (London)

Shen Wei est un artiste chinois basé à New York. Ses photographies sensuelles explorent les notions de genre, de forme et de désir, reflétant une recherche d’harmonie entre fusion et fragilité de nos corps et de la nature.

Qu’il s’agisse de portraits d’objets, de fruits et légumes, d’individus, de couples amoureux ou de lui-même, Shen Wei imprègne ses images de la lumière des grands maîtres hollandais. L’artiste utilise la photographie pour étudier le coût de l’ascension vertigineuse de la Chine. Ses œuvres plus connues restent ses portraits de nus d’une intimité brute, comme dans ses images de lui-même encadré par la lumière du soleil traversant une fenêtre ou de couples perchés sur le bord d’un matelas en désordre ; Diane Arbus est l’une de ses grandes références.

Celine Bodin From the Series Venus Variations Purdy Hicks gallery

Céline Bodin – Purdy Hicks (London)

Photographe française, Céline Bodin se forme aux Gobelins puis au London College of Communication (Master). Elle se concentre sur le genre dans la culture occidentale et la représentation féminine et l’évolution du medium photographique par ce biais. Un sujet ambigu qui incite à l’expérimentation comme elle le souligne.

Elle déclare dans un entretien : « Le sujet central de mes images reste la définition du culte féminin et des éléments qui participent à la construction d’un mythe, entre beauté clichée et droiture religieuse, entité érotique et incarnation sacrée ».

Maïlys Darbord/ Marie de la Fresnaye

Infos pratiques :

Photo London

May 11-14

Book Tickets

Tarif standard £32

Tarif réduit  (Handicap-Etudiant ) £22

Photo London