Vue de l’exposition « De leur temps (7) », Frac Grand Large – Hauts-de-France, Dunkerque
En partenariat avec l’ADIAF © Photo : Aurélien Mole
Riche actualité pour le Frac Grand Large qui fête ses 40 ans autour d’une exposition anniversaire, aux côtés de 3 partenaires dunkerquois, et accueille la 7ème édition de la triennale « De leur temps » initiée par l’ADIAF, avec une exposition réunissant plus de 120 œuvres issues d’une soixantaine de collections privées. L’occasion de lever le voile sur les choix et l’intimité de collectionneurs, les mécanismes sous-jacents du désir et du regard, les subjectivités, filiations et échos du monde.
De plus, à partir de juin 2023, le Frac lance avec le LAAC la 2ème édition de la Triennale Art & Industrie sur le thème des énergies. Elle s’inscrit dans le cadre d’un partenariat national – avec le Centre Pompidou et le Centre national des arts plastiques – et territorial auprès de nombreuses structures culturelles, sociales, éducatives. Keren Detton, directrice du Frac Grand Large, revient sur ces différents projets qui placent le Frac résolument au cœur des enjeux sociaux-économiques actuels dans un rayonnement local, régional et international. Elle a répondu à mes questions.
Quels facteurs vous permettent-ils d’engager une 2ème édition de la Triennale Art & industrie ?
La première édition « Gigantisme » a permis de poser les jalons de cette Triennale en s’appuyant sur la complémentarité de deux institutions muséales à Dunkerque : le FRAC et le LAAC. Elles portent ensemble la manifestation qui se décline sous la forme d’une exposition à Dunkerque, d’un parcours d’œuvres dans l’espace public et de résonances qui mettent en avant un écosystème effervescent d’école d’art, de galeries, et d’acteurs régionaux intéressés par la question que pose cette relation entre art et industrie, son histoire, et ses évolutions.
Cette Triennale d’art contemporain a pour particularité de mettre en dialogue les collections publiques d’art contemporain et le monde économique et industriel à travers de nouvelles productions portées par un mécénat d’entreprise dynamique. La réception des publics autour de la première édition « Gigantisme », a été enthousiaste et nous a permis d’obtenir la confiance des différents partenaires, publics comme privés. Cette deuxième édition poursuit les partenariats déjà engagés, en particulier avec le Centre national des arts plastiques (Cnap), et initie une collaboration inédite avec le Musée national d’art Moderne – Centre Pompidou.
Qui sont les commissaires invitées ?
Cette année la Triennale Art & Industrie a invité deux commissaires : Anna Colin et Camille Richert, assistées par Henriette Gillerot. Anna Colin est commissaire mais aussi pédagogue et chercheuse. Elle ancre ses projets dans l’écosystème qui les accueille autour des différents partenaires impliqués. Camille Richert est historienne de l’art. Elle a orienté ses recherches doctorales autour des représentations du travail dans l’art contemporain.
Elles ont donné pour titre à cette édition « Chaleur humaine. Consciences énergétiques. ». Leur ligne curatoriale consiste, ici, à observer ce que les défis énergétiques apparus depuis la fin des Trente Glorieuses ont fait à l’art, au design et à l’architecture, et réciproquement, ce que ces pratiques ont apporté aux discours, représentations et enjeux énergétiques et écologiques planétaires.
Au travers de propositions pluridisciplinaires variées, les publics pourront découvrir des pratiques portant sur l’excès de consommation d’énergie, sur l’accès aux ressources naturelles, sur les problématiques de durabilité et de responsabilité environnementale, de même que les transformations des paysages et le rapport de l’humanité au sensible et au visible ou encore sur les circulations de données et de flux d’énergie.
Quels sont les temps forts de la programmation sur le territoire ?
Notre volonté est d’associer un grand nombre de partenaires en résonnance. L’idée est de créer une émulation dans toute la région autour de ce thème de l’énergie. Il y a, par exemple, les écoles d’art de Cambrai, Valenciennes, Dunkerque et Tourcoing qui associent leur programme de recherche à la Triennale. L’École supérieure d’art Dunkerque-Tourcoing prévoit ainsi le lancement de sa nouvelle revue La Mire. Les autres partenaires sont des lieux d’exposition, des cinémas d’art et essai, des universités, des résidences, des lieux ressource comme les bibliothèques ou les archives. Nous avons aussi collaboré avec différents partenaires européens et transfrontaliers avec lesquels nous avions déjà des habitudes de travail. La Triennale n’est donc pas un évènementiel en plus mais bien un projet qui s’inscrit et qui soutient des dynamiques en cours.
« De leur Temps », 7ème édition : la genèse
« De leur Temps » a été initié en 2004 par l’ADIAF dans le but de présenter les acquisitions récentes de collectionneurs privés. C’est à l’occasion de cette 7ème édition, que Michel Poitevin m’a proposé d’accueillir à Dunkerque l’exposition-triennale. Je le connaissais en tant que président des Amis du Frac Nord – Pas de Calais à l’époque, Grand Large aujourd’hui. Il se trouve que notre association d’amis du Frac est, de nouveau, très active. Dès lors je trouvais intéressant de faire connaitre les collections privées et de s’inscrire dans une filiation entre l’ancien et le nouveau président du Frac en invitant aussi quelques collectionneurs, installés en région, à prendre part à cette exposition.
Quel paysage se dessine de ce panorama de 111 artistes ou collectifs ?
L’enjeu de cette exposition est de mettre en avant d’abord et avant tout des œuvres et non des portraits de collectionneurs. A partir de ces œuvres, nous avons cherché à dégager certaines pistes, thématiques, qui invitent à les regarder. J’ai vu dans ces collections beaucoup d’œuvres en deux dimensions et notamment de peintures, ce qui m’a particulièrement intéressé. Dès lors j’ai souhaité mettre l’accent sur la peinture et le dessin mais pas de manière exclusive. Ce prisme pictural offre une grande variété et diversité de techniques, langages, de l’abstrait à l’urbain, de l’expressionnisme au conceptuel. D’autres mediums sont également présents : vidéo, céramique, photographie, tissage… Tout au long du parcours, 16 thématiques viennent ponctuer la visite et élargir les pistes d’interprétation, parmi lesquels : « Paysages d’ailleurs. », « Des visages, des images », « Les anges de l’histoire », « le cabinet d’Eros » ou encore « Art du détournement ». À travers l’ensemble de ces thèmes nous revenons en permanence sur la question du collectionneur et un certain nombre de déclencheurs : qu’est-ce que collectionner ? avec quels moyens et quelles finalités ? quelle intimité se noue avec l’œuvre ?
L’exposition des 40 ans du Frac, « Horizon(s) »
Cette exposition rassemble des œuvres acquises par le Frac depuis ses débuts, le premier comité d’acquisition ayant eu lieu en 1983. C’est une carte blanche donnée à l’équipe du Frac. Elle vient célébrer un certain état d’esprit autour de projets partagés ou co-construits. L’équipe du Frac a ainsi invité trois de nos partenaires dunkerquois, qui célèbrent aussi leur anniversaire : le LAAC, le musée du dessin et de l’Estampe originale de Gravelines et le musée portuaire. Chacun d’entre eux a contribué par le prêt d’une œuvre autour de ce thème commun : l’horizon. Plusieurs artistes exposés ont été en résidence à Dunkerque et se sont inspirés de cette situation géographique littorale. À travers toute la richesse du fonds du Frac Grand Large, « Horizon(s) » évoque aussi la question du point de vue : Qu’est-ce que l’on regarde ? Où l’on se situe ? Qu’est-ce qui fait que notre point de vue sur le monde change et évolue dans le temps ? Aujourd’hui notre vision est devenue plus surplombante avec les possibilités technologiques et satellitaires, mais pendant longtemps il se tenait au sol ou sur les flots, ce qui bouscule notre perception du temps et de l’espace. Ainsi, ce thème très fédérateur dit notre engagement à vouloir croiser des regards et nos manières de voir.
En termes de visitorat, observez-vous un retour à la normale depuis la période Covid ?
Il est difficile de répondre même si nous avons retrouvé nos chiffres de fréquentation car l’on observe des variables par projets comme à l’occasion du vernissage de « De leur Temps (7) » avec une affluence record. Un véritable raz-de-marée très stimulant !
À voir au Frac Grand Large à Dunkerque, jusqu’au 23 avril 2023.
« Horizon(s), l’exposition des 40 ans »
Avec les œuvres de : Marie Bourget, Charley Case, Christine Deknuydt, Hans Haacke, Ali Hanoon, Paul Hemery, Ilanit Illouz, Roy Lichtenstein, Helen Mirra, Erez Nevi Pana, Ria Pacquée, Frank Perrin, Catherine Rannou, Joachim Schmid, smarin, UZÉS, Capucine Vever
« De leur temps (7). Un regard sur des collections privées »
Une exposition en partenariat avec l’ADIAF (Association pour la diffusion internationale de l’art français)
ADD FUEL, Saâdane AFIF, Jean-Michel ALBEROLA, Giulia ANDREANI, Kader ATTIA, Marcos AVILA FORERO, Esmaël BAHRANI, Bertille BAK, Éric BAUDELAIRE, Mélanie BERGER, Bianca BONDI, Étienne BOSSUT, Emmanuelle BOUSQUET, Aline BOUVY, Szabolcs BOZÓ, David BROGNON et Stéphanie ROLLIN, Cornel BRUDASCU, Io BURGARD, Damien CABANES, Miriam CAHN, Michael Ray CHARLES, Julian CHARRIÈRE, Grégory CHATONSKY, Vajiko CHACHKHIANI, Delphine CIAVALDINI, Claude CLOSKY, Isabelle CORNARO, Jesse DARLING, Edith DEKYNDT, Hélène DELPRAT, Nolan Oswald DENNIS, Hugo DEVERCHÈRE, David DOUARD, Nicolas DHERVILLERS, Mathilde DENIZE, Nathalie DJURBERG et Hans BERG, Marlene DUMAS, Kenny DUNKAN, Hoël DURET, Mimosa ECHARD, Hans-Peter FELDMANN, Esther FERRER, Gabriel FOLLI, Bruno GADENNE, Daiga GRANTINA, GUERILLA GIRLS, Terencio GONZÁLEZ, Ilona GRANET, Juliette GREEN, Myriam HADDAD, Tirdad HASHEMI, Paul HEINTZ, Damien HIRST, My-Lan HOANG-ThUY, Danielle JACQUI, Oda JAUNE, Sophie KITCHING, Kapwani KIWANGA, Sergey KONONOV, Anna KUTERA, Lucie LAFLORENTIE, Luc LAPRAYE, Hanne LIPPARD, Jonas LUND, MADSAKI, Paul MAHEKE, Benoît MAIRE, François MANGEOL, Teresa MARGOLLES, Randa MAROUFI, Rayane MCIRDI, Anita MOLINERO, Franck NOTO, Prune NOURRY, Josèfa NTJAM, Estefanía PEÑAFIEL LOAIZA, Françoise PÉTROVITCH, Gloria PETYARRE, Grayson PERRY, Walter PFEIFFER, Amalia PICA, Benoît PIERON, Joanna PIOTROWSKA, Robin PLUS, Julien PRIMARD, Hervé PRIOU, Enrique RAMIREZ, Emmanuel RÉGENT, Caroline REVEILLAUD, Lili REYNAUD-DEWAR, Carole RIVALIN, Mathilde ROSIER, Karine ROUGIER, Elsa SAHAL, Ludovic SAUVAGE, Marta SPAGNOLI, Pierre SEINTURIER, Massinissa SELMANI, Cindy SHERMAN, SHIMABUKU, Kelly SINNAPAH MARY, Saule SULEIMENOVA, Claire TABOURET, Ida TURSIC & Wilfried MILLE, Pierre VERMEULEN, Christophe VIART, Oriol VILANOVA, Danh VO, Lois WEINBERGER, Duncan WYLIE, Tim ZDEY
Puis à partir du 10 juin 2023 : Triennale Art & Industrie – Dunkerque/Hauts-de-France « Chaleur humaine. Consciences énergétiques. »