Interview Marie Cozette, Crac Occitanie : Pauline Curnier Jardin, programmation 2023

Pauline Curnier Jardin, vue de l’exposition Pour la peau de Jessica Rabbit, Crac Occitanie, Sète, 2022.  Grotta Profunda Approfundita,2011-2017. Installation cinématographique avec vidéo HD, couleur et n/b, son, bois, granulat, mousse. Film, 25 minutes. Courtesy de l’artiste, Ellen de Bruijne Projects, ChertLüdde. Photo : Aurélien Mole.

Première grande exposition de Pauline Curnier Jardin dans une institution culturelle en France, Marie Cozette revient sur cette invitation et les enjeux qui traversent la pratique de l’artiste autour des pratiques rituelles et festives, comme le carnaval, qui permet le renversement des genres et de l’ordre établi. De plus le Crac Occitanie accueille le lauréat du Prix Occitanie Médicis 2021, Paul Loubet qui mêle iconographie du jeu vidéo Civilization II à ses recherches autour de la galerie des cartes géographiques du musée du Vatican, menées lors de sa résidence italienne. Marie Cozette qui se félicite du retour à la normale post Covid en termes de fréquentation du public, revient sur les efforts déployés en matière de programmation tout l’été en écho à différents festivals et évènements. De plus elle a lancé de nouvelles formules de visites favorisant une approche sensible des œuvres (sophrologie, chorégraphie, LSF…)  manière également de diversifier le public. Pour ce qui est de la programmation 2023, le Crac mettra l’accent sur l’épopée engagée par Fernand Deligny dans les Cévennes, à partir des années 60, auprès d’enfants autistes. En parallèle, l’exposition dédiée à Florian Fouché y apportera un écho contemporain très fort : l’artiste développe dans des institutions médicalisées des « actions proches » interrogeant notre rapport à la différence, au corps empêché ou invisibilisé, nos modes d’empathie et de partage de l’art. Deux expériences radicales qui placent résolument le Crac au cœur des enjeux du care et de l’inclusion. Marie Cozette a répondu à mes questions.

Constatez-vous un retour à la normale du visitorat post-Covid ?

Le mouvement a été amorcé dès le mois de mars avec les expositions d’Alexandra Bircken et de Bianca Bondi avec un niveau de fréquentation pré-Covid enfin retrouvé, les deux expositions rencontrant un réel succès. De même cet été, la fréquentation a été excellente, avec un pic lié à la fréquentation estivale et aussi le facteur gratuité du Crac qui devient de plus en plus un élément moteur dans un contexte de crise. Notre public a toujours été très diversité en termes générationnels..

On peut également se féliciter d’une diversité d’origines sociales, et nous travaillons beaucoup dans ce sens. J’ai par ailleurs souhaité dynamiser la programmation cet été en rythmant la programmation des expositions à l’étage du Crac, et a fortiori parce que la temporalité de l’exposition de Pauline Curnier Jardin au rez de chaussée était plus longue. Ce choix est économique mais aussi éthique au vu des moyens mis en œuvre pour ce projet. Produire de nouvelles expositions à de telles échelles, pour une temporalité de seulement trois mois, cela fait-il encore sens aujourd’hui ?
Au mois de juillet, nous avons accueilli à l’étage l’exposition de Diana Policarpo, les filets d’hyphes, en partenariat avec la biennale de Coimbra au Portugal, dont les commissaires étaient Filipa Oliveira et Elfi Turpin. En août et septembre, en partenariat avec Mécènes du Sus Montpellier – Sète – Béziers, nous avons réitéré le projet Canal Royal, série d’expositions et d’évènements valorisant la scène artistique de la région. Pour finir fin septembre, nous avons présenté un volet du projet Sète-Palermo, festival international qui associe la ville de Sète à une autre ville portuaire.

Qu’est-ce que le festival Sète-Palermo ?

L’association (fondée par Sophie Dulin, libraire de l’Echappée Belle, Pauline Boyé, paysagiste et Marie Taillan qui travaille dans le monde de l’édition et les musées) a créé un festival d’art contemporain nomade qui se déroule tous les deux ans. Chaque édition est l’occasion de croiser la scène artistique sétoise avec celle d’une autre ville portuaire. Les fondatrices ont monté ce projet de façon indépendante et trouvé les partenariats en invitant à chaque fois un commissaire pour faire la sélection des artistes dans les deux villes. C’est un travail de longue haleine.

Cette année, 31 artistes sétois.e.s, montpelliérain.e.s et palermitain.e.s se sont retrouvé.e.s dans plusieurs lieux de Sète, dont le Crac autour de dimensions écologiques, le rapport au paysage, au vivant. L’artiste Suzy Lelièvre (Sète) qui développe une réflexion autour de l’abstraction géométrique et de la sérialité a produit une très belle œuvre en sable suivant son expérience perceptuelle de la mémoire d’une forme. L’artiste palermitain Ignazio Mortellaro  a proposé une installation composée d’ormeaux, à partir d’une méthode d’investigation scientifico-philosophique. Daniel Dezeuze, avec l’installation Tableaux-valises interroge de manière énigmatique le voyage et le déplacement. Des pratiques très différentes mais dont les résonances communes (la mer, la nature, la matière mais aussi l’ancrage, la fragilité…) ont été mises en valeur par la commissaire Federica Fruttero.

A quand remonte votre rencontre avec Pauline Curnier Jardin ?

Je connais Pauline Curnier Jardin depuis longtemps, notamment à travers une famille d’artistes issues des beaux-arts de Cergy au début des années 2000, comme Louise Hervé et Clovis Maillet, ou encore Dominique Gilliot, des artistes avec qui j’ai eu l’occasion de travailler, à un moment où je m’intéressais à la performance, dans ses formes les plus discursives. J’ai retrouvé Pauline dans le cadre de l’exposition Mademoiselle, l’exposition qui venait d’ouvrir au Crac quand je suis arrivée en poste en 2018. Depuis, nous avons poursuivi le dialogue avec des conversations très nourries et une sensibilité commune, d’autant plus que Pauline est liée au sud, native de Marseille et attachée à l’Occitanie par son histoire familiale. Au fil de nos échanges l’idée a germé d’une exposition chorale, qui réunirait la galaxie artistique de Pauline Curnier Jardin et j’aimais aussi l’idée qu’une conversation au long cours puisse se transformer en exposition. Au fil de nos discussions, nous nous sommes orientées vers cette exposition personnelle qui permettait de déployer le travail à une échelle encore inédite pour Pauline. Et comme je le disais, la culture Occitane et le monde Méditerranéen ont largement nourri son imaginaire et son travail plastique, ce qui permettait d’ancrer d’autant plus le projet à Sète et de lui donner plus particulièrement sens, ici même.

Le parcours : partis pris, enjeux…

Le parcours ouvre sur l’installation monumentale Fat to Ashes, sorte d’amphithéâtre et de dispositif cinématographique, présenté pour la première fois au Hamburger Banhof (Berlin) en 2021. Le film est un montage de plusieurs séquences tournées par l’artiste lors de différents rituels : un carnaval à Cologne, la tuaille du cochon, rituel rural qui existe depuis l’Antiquité dans le monde méditerranéen, ou encore la procession annuelle liée au martyre de Sainte Agathe à Catane en Italie. Pour la punir de s’être refusée à un Proconsul romain au IIIème siècle, Saint Agathe a eu les seins coupés, une iconographie que l’on retrouve dans la peinture classique mais aussi dans un certain nombre de traditions locales, et notamment culinaires, avec ces petits gâteaux : les tétins. L’artiste documente ainsi différents rassemblements religieux et païens, espaces de transgression collective : processions, pèlerinages, carnavals, fêtes foraines, cirques…Des mondes où tous les renversements sont permis.  

Pauline Curnier Jardin filme en caméra super 8 dans une sorte d’ethnologie sauvage, complétée par un important travail sonore. Le film est une montée en puissance impressionnante qui amène une sorte de transe visuelle et sonore à la fin du montage.

Lorsque l’on quitte cet espace enveloppant et immersif, en forme d’arènes romaines dégoulinantes, on entre dans un espace blanc et minimal. Il y a dans le parcours des ruptures visuelles très fortes d’une salle à l’autre : on passe ainsi régulièrement d’un lieu sombre et extrêmement scénographié à l’espace du white cube. Pauline Curnier Jardin a d’ailleurs collaboré étroitement avec la scénographe Rachel Garcia pour l’exposition. Le fait de retrouver ponctuellement les espace à nu du Crac avec ses immenses salle blanches et son sol en bitume était une manière d’assumer pleinement la réalité de l’institution, l’aspect normatif et autoritaire que sous-tend le white cube.  Cette seconde salle rassemble une série d’œuvres initiée en 2018, intitulées les Peaux de dames. Il s’agit de représentations de corps féminin dans des poses à la fois détendues et relâché. Des corps aplatis, parfois froissés, mais des corps qui se détendent parce qu’ils se mettent en vacances, vacances de la séduction, du travail reproductif… Ces représentations réalisées en simili cuir se répandent littéralement dans l’espace.  Au centre de la pièce l’installation constituée d’un retable de bronzage, d’un prie dieu et d’un masque de luminothérapie, insiste sur ce prisme d’injonctions contradictoires faites aux corps des femmes à partir de multiples strates de sens et de références.

Les salles suivantes présentent son projet le plus récent, réalisé à Rome dans le cadre de sa résidence à la Villa Médicis, et sa collaboration avec des travailleuses du sexe transgenres colombiennes, avec lesquelles elle a créé depuis Feel Good Cooperative. Pauline Curnier Jardin a mis en place une série d’ateliers avec ce collectif de femmes et leur commande pour le prix d’une passe des dessins dans lesquels elles représentent des scènes de travail. L’installation intitulée Le tombeau est une sorte de diorama : le public est invité à mettre un jeton dans une machine pour déclencher l’éclairage de l’ensemble des dessins produits par Feel Good Cooperative. Dans la salle attenante, le film Lucciole a été réalisé dans les faubourgs de Rome avec la coopérative. Lucciole (les lucioles) est une référence au texte de l’écrivain et cinéaste Pasolini intitulé La disparition des lucioles, dans lequel il relie désastre écologique et capitalisme tout puissant. Mais Luciole c’est aussi dans le langage familier italien une manière de désigner les travailleuses du sexe qui apparaissent et disparaissent par intermittence dans les phares des voitures aux abords des routes.
La suite du parcours nous amène à traverser pour ainsi dire plusieurs corps et décors. Un couloir est constitué d’une image gigantesque, construite à partir d’un fond de scène de théâtre, recyclé pour l’occasion. L’image d’origine du fond de scène est une représentation de Marylin Monroe, dans laquelle le public se trouve pris, si proche que l’image devient illisible. On passe derrière le décor en traversant la bouche de Marylin, puis il faut à nouveau passer entre les jambes d’une « peau de dame » géante et enfin à travers une main qui est la porte de la dernière salle. Celle-ci présente l’installation Grotta Profunda Approfundita conçue initialement en 2017 pour la Biennale de Venise. Le dispositif en forme de placenta géant permet au public de visionner un film, relecture de l’histoire de Bernadette Soubirous sur un mode burlesque, dans lequel divers personnages hybrides se succèdent : femme-araignée, main sur pattes, sirène –singe…

Pauline Curnier Jardin, vue de l’exposition Pour la peau de Jessica Rabbit, Crac Occitanie, Sète, 2022.
Fat to Ashes, 2021. Film, 20 min. 55. Installation avec sol pvc, bois, mousse, tissu. Production Jacqui Davies, PRIMITIVE Film. Courtesy de l’artiste, Ellen de Bruijne Projects, ChertLüdde. Coproduction Crac Occitanie.
Photo : Aurélien Mole

L’affiche

Pauline a tenu à ce qu’elle soit présente dès le début de l’exposition comme le générique d’un film afin de pouvoir nommer toutes les personnes qui ont participé à l’exposition et chaque projet afférant. Elle souhaitait aller au-delà de la logique du nom de l’artiste qui invisibilise au passage beaucoup de compétences, savoirs -faires et personnes impliquées. Designers, photographes, installateurices, scénographes, stagiaires, commissaires… sont ici volontairement tous et toutes cité.e.s.

A l’étage : Paul Loubet, 4 X

Lauréat du Prix Occitanie Médicis 2021, Paul Loubet est parti à l’Académie de France-Villa Médicis pendant 3 mois avec un projet de recherche autour d’un jeu vidéo de stratégie Civilization II dont le but est d’exterminer toutes les civilisations afin de dominer le monde. Civilization fait partie des jeux de type « 4 X » pour « eXplore, eXpand, eXploit, eXterminate », qui donne son titre à l’exposition. L’idée est d’interroger sous une forme dystopique les ressorts du jeu et de conjurer l’effroi que produirait un monde dominé par une culture unique. L’artiste a récupéré la documentation très détaillée d’une partie intégrale du jeu à partir du témoignage d’un joueur dans les années 1990. A la fin de la partie c’est la civilisation de Rome qui domine le reste du monde. Cette matrice visuelle est déclinée dans un grand triptyque en forme de retable et une série de nouvelles peintures. L’artiste reprend toute l’iconographie du jeu : pixels, aplat de couleur, palette simplifiée, couplée à une autre source d’étude et d’inspiration : les cartes géographiques de la grande galerie du musée du Vatican qui présentent des similitudes surprenantes : le bleu et le vert et les vues isométriques. L’exposition décline les 9 continents du jeu avec des focus sur certaines dates clé. Un rapport à l’histoire qui nous ramène à la science-fiction dans un esthétique brute et low-fi.

Vue de l’exposition 4X eXplore eXpand eXploit eXterminate, Paul Loubet, Crac Occitanie à Sète, 2022.
ju_finis.sav. The Democratic Commonwealth of Rome
, 2022,

partie avant du triptyque : acrylique, encre offset et huile sur toile,
partie arrière du triptyque : glycéro et encre offset sur aluminium, 195 x 560 x 3,5 cm. Photographie © Yohann Gozard.

Retour sur l’origine et la vocation du Prix Occitanie Médicis

La région Occitanie met en place le projet en 2018 en collaboration avec l’Académie de France-Villa Médicis à Rome. Le ou la lauréate sélectionné.e par le jury part 3 mois en résidence et expose l’année suivante dans un lieu de la région, de façon privilégiée au Crac à Sète ou au Mrac à Sérignan. Nous sommes partie prenante de ce programme qui est très positif. L’objectif est de donner une visibilité à l’international en favorisant l’émergence. Les critères d’appréciation sont : le lien avec la région et  la pertinence du projet.

L’Ecole des Beaux-arts de Sète : partenariats, programmation croisée…

C’est un partenaire quasi organique pour le centre d’art. L’Ecole est en cours de réhabilitation et d’extension. Pendant les travaux l’équipe a investi une ancienne école, qui est un lieu chaleureux et très fonctionnel accueillant entre 20 et 30 élèves pour une année de prépa. L’équipe pédagogique est extrêmement impliquée et dynamique. Nous travaillons beaucoup avec eux et les étudiants viennent visiter toutes les expositions systématiquement.
De plus nous avons mis en place un séminaire avec l’école des beaux-arts et la librairie l’Echappée Belle. Nous l’avons baptisé SPLACH, pour Séminaire Pour l’Art et les CHoses imprimées, et il a lieu 6 fois par an. Nous nous retrouvons autour d’un livre d’artiste, d’un essai théorique, un objet d’art graphique… Nous décidons de la programmation tous ensemble. Cela nous permet de croiser les publics, les formats et de travailler en complémentarité. Le dernier Splach était consacré à Hervé Joubert-Laurencin, professeur d’esthétique et d’histoire du cinéma (Paris Nanterre) autour de son dernier livre « Le Grand Chant. Pasollini. Poète et cinéaste ». Un rendez-vous très suivi et passionnant.

Nous accueillons également l’artiste britannique Susie Green en résidence, dans le cadre de Magnetic, nouveau programme lancé par l’Institut français du Royaume-Uni avec Fluxus qui réunit 8 lieux pour des résidences d’une durée de 2 à 3 mois, 4 en France pour les artistes basé.e.s au Royaume-Uni (CAPC, Crac Occitanie, Frac Grand Large, Villa Arson) et 4 au Royaume-Uni  pour les artistes basé.e.s en France (Grizedale Arts en Angleterre, Flax Art Studios en Irlande du nord, Cove Park en Ecosse et Aberystwyth Arts Centre au Pays de Galles). Susie Green pratique la peinture et la performance et elle souhaite mener une recherche autour des figures de femmes puissantes dans la région de Sète. Cette résidence est réalisée en partenariat avec le Musée Paul Valéry et l’Ecole des Beaux-arts à Sète. C’est une résidence de recherche avant tout qui donnera lieu à un événement de restitution en février prochain.

Nouvelle programmation autour d’une perception autre et amplifiée de l’œuvre d’art : « un dimanche en douceur »

Nous souhaitons développer différentes approches de la médiation autour des expositions et notamment des approches sensibles qui impliquent le corps. Dans ce cadre nous proposons la formule « un dimanche en douceur » déclinée sous plusieurs formes. D’une part, une visite sophrologique avec Crystel Labasor, sophrologue à Sète et également directrice artistique du festival K-Live à Sète. Lors de cette session d’une heure le public entre dans un rapport complètement différent à l’œuvre d’art avec une forme de lâcher prise. Nous proposons également une « visite haptique » avec Julie Laporte, danseuse et praticienne de shiatsu. Enfin, la visite chorégraphique avec Maud Chabrol, chorégraphe qui intervient dans différentes structures culturelles.

De plus, une visite est destinée aux personnes entendantes, malentendantes ou sourdes en français oral traduit en Langue des Signes Française.

Expositions à venir : Fernand Deligny, légendes du radeau

La vie et l’œuvre de Fernand Deligny, éducateur et écrivain (1913-1996) sont indissociables de ses « tentatives » de permettre aux enfants et adolescents qui lui furent confiés – délinquants, psychotiques, puis autistes – de vivre selon leurs « modes d’être », plutôt que selon les règles sociales de l’éducation. En 1967, il fonde dans les Cévennes un réseau informel de prise en charge d’enfants autistes. Pour désigner ce territoire éclaté, précaire, où des adultes non-professionnels (qu’il appelle les « présences proches ») vivent 24 heures sur 24 avec les enfants dans des campements ou des fermes, il parle de « radeau ».

Le radeau est défini par des lieux, par une langue, et par des pratiques qu’on se gardera bien d’appeler artistiques, puisque l’art est resté pour eux tous un horizon. Cette exposition, intitulée Fernand Deligny, légendes du radeau, est l’occasion d’interroger cet horizon, de mettre en scène les formes expérimentales investies dans la tentative des Cévennes : l’écriture de Deligny, la fameuse cartographie des « lignes d’erre » des enfants, ainsi que les images (photographie, cinéma, peinture) produites tout au long de cette recherche.

L’exposition est conçue par Sandra Alvarez de Toledo, Anaïs Masson et Martin Molina Gola. Sandra Alvarez de Toledo a fondé la maison d’édition L’arachnéen en 2005, très vite rejointe par Anaïs Masson, et elles ont publié les Œuvres de Deligny, ce qui a contribué à le faire connaitre à un plus large public. Martin Molina Gola est quant à lui critique de cinéma et chercheur et rédige une thèse sur Fernand Deligny.
L’exposition a été conçue avec l’aide de Gisèle Durand-Ruiz et Jacques Lin.

Florian Fouché

Florian Fouché développe depuis quelques années ce qu’il nomme des « expérimentations sculpturales et performatives, dans un champ de relations dynamiques entre personnes, choses et milieux de vie. » Des « actions proches » ont d’abord été réalisées lors de visites à son père, Philippe Fouché, dans les institutions médicalisées où il vit depuis 2015 (hôpitaux, SSR, Ehpad…) à la suite d’un accident vasculaire cérébral qui l’a rendu hémiplégique. Par des gestes, déplacements et manipulations d’objets trouvés sur place, il dit « intensifier sa relation avec des espaces aménagés pour le soin, devenus les lieux d’une vie de famille. » Il agissait ainsi dans les parages de son père, plutôt qu’avec lui, dans les moments d’attente où les professionnel·les de santé le prenaient en charge.

« Actions proches » dérive de « présences proches », l’expression utilisée par Fernand Deligny pour désigner celles et ceux, non professionnel·les, qui, au milieu des Cévennes, de 1968 aux années 1990, veillèrent sur les enfants autistes qu’on leur confiait, inventant auprès d’eux un mode de vie hors de tout cadre institutionnel, dans des campements expérimentaux baptisés « aires de séjour ». Les actions proches ont lieu sous l’influence des propositions spatiales et conceptuelles de cette « tentative » delignienne, qui sont présentées simultanément au CRAC.

Infos pratiques :

Jusqu’au 8 janvier 2023
Pauline Curnier Jardin, Pour la peau de Jessica Rabit

Paul Loubet, 4 X, eXplore, eXpand, eXploit, eXterminate

Du 11 février au 29 mai :
Fernand Deligny, légendes du radeau

Florian Fouché, Manifeste assisté

http://crac.laregion.fr/