Interview Sylvie Zavatta, Frac Franche-Comté : « Envisager une 3ème génération de Frac pour lutter contre les zones blanches culturelles »

Roman Signer Exposition Tombé du ciel. Commissariat Sylvie Zavatta, 2022, Frac Franche-Comté. Blaise Adilon

L’exposition de Roman Signer est un défi et un évènement à plus d’un titre pour Sylvie Zavatta et le Frac Franche-Comté. L’étendue de sa pratique reste mal connue du public et aucune exposition monographique institutionnelle en France n’avait été proposée depuis longtemps. L’artiste a inspiré de nombreuses générations et continue à le faire comme l’indique Sylvie Zavatta qui a construit l’exposition comme un parcours autour de l’inattendu, du rapport au temps et à la mémoire, des concepts clés exprimés dans un certain nombre d’actions brèves et confidentielles réactivées pour l’occasion. Elle revient sur les enjeux d’un tel projet et sur ses réflexions autour du rôle et des ambitions nouvelles qu’elle imagine en matière de diffusion sur le territoire. Un condensé à la mesure du formidable rayonnement du Frac et de la conviction qui l’anime. Sylvie Zavatta a répondu à mes questions.

Comment qualifiez-vous la démarche de Roman Signer ?

Roman Signer est né en 1938 à Appenzell en Suisse, donc juste avant la Seconde Guerre Mondiale. Dans ses entretiens, il parle souvent d’un pont alors truffé d’explosifs qui l’effrayait mais le fascinait tout à la fois. Cet épisode comme d’autres à cette période de conflits l’ont profondément marqué humainement et ont influencé sa production artistique qui peut apparaître comme une émanation des souvenirs de son enfance.

Il est vrai que de l’enfance, son travail semble recéler les rêves les plus fous – faire voler des tables, des chaises, défenestrer des casques, des bottes ou des parapluies, voler à bord d’un kayak ou asperger une voiture de peinture… ; et il s’emploie aussi à élaborer des actions que l’on pourrait qualifier de facétieuses. Mais son entreprise fait appel à des dispositifs très précis qui n’ont rien d’enfantin. Tout est en effet minutieusement préparé et d’une précision quasi millimétrique dans le travail de l’artiste.

Parmi toute son œuvre, ce sont les actions au cours desquelles il utilise des explosifs qui ont surtout marqué les esprits au point qu’on lui attribue trop souvent à mon sens le qualificatif un peu réducteur d’artiste artificier.

C’est en effet oublier que non seulement il utilise aussi la force du vent ou de l’eau afin de réaliser ses actions et qu’il développe un travail de sculpture et d’installation étroitement lié à ses actions. Le tout participe d’ailleurs de ce que l’artiste appelle « sculpture du temps ».

Le qualifier simplement d’artiste artificier, c’est oublier aussi que ce qui intéresse l’artiste, ce ne sont pas les moyens en soi, mais avant toute chose de provoquer, saisir ou suggérer des instants furtifs et néanmoins magiques de déflagrations, de chutes ou d’envols, des instants où tout bascule, des équilibres précaires, le moment où les énergies se déploient, « les états où la force s’accumule puis se décharge brusquement ».

Roman Signer, Kugel mit blauer Farbe. 2012. © Roman Signer

L’exposition : les enjeux

Avec cette exposition, nous avons voulu donner à voir les différentes facettes de l’œuvre de Roman Signer. Autour de quelques œuvres antérieures à 2020, l’exposition Tombé du ciel rassemble de nombreuses œuvres inédites qui relèvent d’un processus aboutissant à la transformation de matériaux pauvres et de la collision d’objets du quotidien (bidons, parapluies, tables, kayaks, chapeaux, véhicules…) : des propositions qui font dériver la sculpture vers le champ de l’expérimentation et de ses corollaires – l’aléatoire, l’accident, le danger, la catastrophe… Les pièces qui composent ainsi l’exposition suggèrent ou mettent en œuvre le mouvement. Elles évoquent les prémisses, l’attente et les résultantes d’un processus dynamique qui semble souvent braver les lois de la physique. Quelque chose est arrivé, arrive ou va survenir au cœur de ces œuvres s’inscrivant dans des narrations improbables.

Au côté des œuvres en volume et des installations qui constituent l’essentiel de l’exposition, je souhaitais également mettre en valeur la dimension sonore du travail de Roman, une dimension elle-même très présente dans notre collection à travers la notion de temps, de durée. Dans le travail de l’artiste, cela n’a pas été souvent souligné mais il s’avère que bon nombre de ses œuvres présentent de fortes affinités avec John Cage et ses pianos « préparés » ou avec Fluxus, notamment par l’utilisation improbable d’instruments et par la dimension aléatoire laissée à l’émergence du son. Dans l’exposition, Klavier et Morse en témoignent au même titre que certaines vidéos d’actions, notamment Vers la Flamme und Roman Signer (2014). On y voit un pianiste jouant du Scriabine sur une plateforme qui flotte au milieu d’un lac italien, jusqu’à ce qu’approche au plus près un hélicoptère. Cet énorme insecte menaçant, dont l’apparition peut évoquer le film Apocalypse Now, contraint le musicien à interrompre sa prestation pour lui « laisser la main », en quelque sorte. La musique, aléatoire désormais, se prolonge alors un temps sous l’effet du souffle violent généré par les pales de l’appareil sur les cordes du piano.

L’exposition elle-même s’achèvera d’ailleurs par un concert du compositeur et musicien Carlos Hidalgo au cours duquel il utilisera des pièces de Roman en guise d’instruments.

Enfin il s’agissait aussi de rendre hommage à un artiste qui a profondément renouvelé la tradition de la performance et de la sculpture et qui a marqué toute une génération d’artistes, je pense notamment à Fischli et Weiss ou à Erwin Wurm, mais aussi à de plus jeunes, qui sont fort nombreux aujourd’hui à admirer ou se référer à son travail.

Son œuvre en somme n’a rien perdu de sa pertinence ni de son actualité au fil du temps. Cela vient sans doute du fait qu’au-delà de son apparente dimension humoristique, de son apparente simplicité, le travail de Roman relève de l’Absurde au sens littéraire et dramaturgique du terme et qu’il recèle de ce fait une certaine gravité qui entre en résonance avec notre condition et notre monde actuel.

A quand remontent les débuts du projet ?

Comme vous le savez, depuis 2006, la collection du Frac Franche-Comté s’enrichit chaque année d’œuvres dialoguant avec la problématique du temps. La performance, le mouvement, les notions d’éphémère et de suspens en sont naturellement une composante.

Jusqu’au début de l’année dernière, il manquait à cette collection une œuvre pourtant incontournable, celle de Roman Signer. Nous avons comblé cette lacune par l’acquisition d’une très belle photographie intitulée Salut (2010) – que j’ai montrée dans l’exposition présentée précédemment au Frac Aller contre le vent, performances, actions et autres rituels – et de l’installation Klavier (2010) présentée dans cette exposition. Il s’agit d’un piano à queue dont les cordes sont mises en vibration par le mouvement de balles de ping-pong généré par deux ventilateurs.

Dès l’achat de ces deux pièces, j’ai eu l’envie de consacrer une exposition monographique à Roman Signer, d’une part pour valoriser ces acquisitions et d’autre part parce que cela faisait longtemps qu’aucune institution ne l’avait fait en France.

Les deux dernières remontent en effet à 2006 au Centre Culturel Suisse, puis à 2009 au Palais de Tokyo dans le cadre de Gakona, qui rassemblait en même temps trois autres expositions monographiques.

Roman Signer, Klavier 2010 © Roman Signer

Le choix du titre : « Tombé du ciel »

Nous voulions évoquer l’une des conséquences des actions de Roman Signer, qui est la chute des divers objets qu’il a propulsés dans les airs, mais surtout traduire l’effet de surprise qui peut saisir ceux qui regardent, confrontés à l’imprévu, à l’improbable. « Tomber du ciel » c’est aussi en français « tomber des nues », être dans une sorte d’hébétude ou en état de sidération. Il faut dire aussi que le visuel que nous avons choisi pour la communication de l’exposition m’a donné cette idée. On y voit l’artiste dans son atelier qui, bien que très sérieux, semble tout de même fort étonné par la résultante de l’activation de l’une de ses pièces. Un clin d’œil au burlesque d’un Buster Keaton en quelque sorte.

Le déroulé du parcours

Il est difficile de parler ici de toutes les œuvres. Je ne serai donc pas exhaustive. Passé le hall où sont présentées six œuvres – Ski mit Raketen (2020), Mond (2021), Hand (2021), Stiefel (2012), Piaggio mit Schirm (2022) et Fussballkanone (2015), la première salle propose une installation intitulée Smart (1998), une œuvre présentée pour la première fois dans son intégralité. Il s’agit de cinq très grands panneaux de couleurs différentes où figure en creux la silhouette de l’emblématique voiture. Une vidéo présente l’action qui a consisté à asperger le véhicule de peinture lors de son passage et de sa brève station devant chaque panneau. Cette pièce précède celle que Roman a réalisée dans le même esprit l’année suivante pour le pavillon suisse de la Biennale de Venise, à ceci près qu’il avait remplacé la voiture par son propre corps.

Un très grand aplat coloré est aussi présenté au sol dans la même salle. Il s’agit de Tuch (2016), un tissu rouge sous lequel circule une petite voiture télécommandée qui peut faire songer tant à un animal pris au piège qu’à une peinture animée de mouvements déconcertants et désordonnés.

La salle suivante est consacrée à Kajak (2022) qui évoque une action que Roman n’a pas eu l’autorisation de réaliser pour des raisons de sécurité, à savoir : s’installer dans un kayak emporté dans les airs par un hélicoptère. Ici, le kayak flotte pourtant bel et bien ; mais c’est grâce à la structure métallique qui le soutient dans l’espace, structure qui peut cependant évoquer l’impossibilité de s’envoler en toute liberté.

On découvrira plus loin la pièce sonore et activable par le public intitulée Morse (2020) puis une installation intitulée Super-8-Filme und Gebärdensprache/Films Super-8 et langue des signes montrant huit actions de l’artiste. Les films sont silencieux mais les actions sont traduites par une interprète en langue des signes. Puis l’installation intitulée 2 Regenschirme (2020) où deux parapluies sont propulsés alternativement dans les airs par une soufflerie, et une magnifique vidéo que l’artiste a réalisée en Chine donnant à voir la chute et l’éclatement d’une boule en bois contenant de la peinture. Sans oublier Klavier évoquée précédemment. L’exposition s’achève par une sélection de vidéos d’actions de Roman Signer. Certaines sont directement liées à des sculptures et installations présentées dans l’exposition que je n’ai pas toutes citées ici.

Roman Signer, Salut, 2010. Collection Frac Franche-Comté©Roman Signer, photo : Michael Bodenmann

Action ou performance ?

L’artiste réfute le terme de « performance ». Il parle d’« action » et cela me semble plus juste en effet dans la mesure où « l’événement » – ou ce qui survient – est toujours très bref et la plupart du temps réalisé sans public. Il ne s’agit donc pas non plus de spectacle. C’est même tout le contraire. Dans le spectacle il n’y a pas de place pour l’aléatoire, la catastrophe, l’échec. C’est pourquoi beaucoup ont qualifié les actions de Roman de « non-événements » et souligné qu’elles défient notre société du spectacle. On peut ajouter qu’elles vont aussi à rebours de l’idéologie du progrès et de la recherche outrancière de performance qui caractérisent notre monde actuel.

De nouvelles dimensions de l’artiste sont-elles apparues au fil du projet ?

Peut-être la présence récurrente de la peinture dans l’ensemble de son travail. Mais il faut avouer que la manière de peindre de Roman Signer relève d’une énergie qui pourrait faire pâlir les tenants de l’Action Painting… (sourire)

Les expositions à venir

Après Roman Signer, nous proposerons une exposition collective intitulée La Beauté du Diable pour laquelle je partage le commissariat avec Benjamin Bianciotto (docteur en histoire de l’art) qui avait conçu l’exposition L’homme gris au Casino Luxembourg. Avec La Beauté du Diable nous traiterons de l’esthétisation du mal dans l’art contemporain, renouant ainsi avec l’histoire de l’art.

En parallèle sera présentée une installation d’Hassan Khan, acquise récemment par le Frac, à savoir Live Ammunition! (2015).

Puis en janvier 2023, ce sera au tour d’une exposition de Marina De Caro qui se présentera comme l’ébauche d’un opéra dont la musique sera écrite par Axel Krygier. C’est un très beau projet que nous aimerions voir se poursuivre sous une forme scénique. Nous espérons donc pouvoir trouver des partenaires dans le secteur du spectacle vivant.

Du côté des résidences

J’invite des artistes jeunes et moins jeunes, qu’ils soient ou non de la région, dont la démarche et le travail dialoguent avec la collection. Nous accueillerons à la fin de l’année Nicolas Daubanes. Nous proposons aussi des résidences à des chorégraphes et à des écrivains, ce qui répond à mon projet artistique et culturel qui se veut transdisciplinaire. Nous avons ainsi accueilli au cours de ces dernières années les chorégraphes DD Dorvillier, François Chaignaud, Yuval Pick, et les écrivains Célia Houdart, Jean-Michel Espitallier, Théo Casciani, pour ne citer que quelques-uns d’entre eux.

Marina De Caro reviendra à nouveau cet été pour préparer son exposition. Je l’ai rencontrée dans son atelier de Buenos Aires et j’ai tout de suite eu envie de l’inviter. Marina est une peintre très engagée sur les questions de féminisme et d’anarchie. À Besançon, elle s’est plutôt intéressée à Charles Fourier et aux correspondances de femmes qui, dans le sillage du philosophe, s’inscrivaient dans un combat et une utopie. Cela constitue la matière première de l’exposition que nous allons lui consacrer au Frac.

La vie de la collection : les dernières acquisitions

Nous allons réunir le prochain comité prochainement mais en ce qui concerne les acquisitions de 2021, le premier comité a sélectionné les œuvres des artistes suivants : Martine Aballéa, Alex Ayed, Alex Cecchetti, Davide Bertocchi, la Compagnie Labkine, Gerard & Kelly, Xavier Le Roy, Thierry Liegeois, Matthieu Saladin, Roman Signer et le collectif The Play.

Un second comité s’est réuni en octobre 2021 et a sélectionné les œuvres de : Béatrice Balcou, Jean-Luc Bari, Davide Bertocchi, Émilie Brout & Maxime Marion, Alex Cecchetti, Nicolas Daubanes, Julien Discrit, Nicolas Floc’h, Elise Grenois, Laurent Goldring, Dhewadi Hadjab, Ilanit Illouz, Dominique Mathieu, Angelica Mesiti, Santiago Reyes, Sarah Ritter, Nathalie Talec et Elsa Werth.

Les membres du comité technique d’acquisition sont :

Sylvie Zavatta, directrice du Frac Franche-Comté ;
Daniele Balit, historien de l’art, commissaire d’expositions et enseignant à l’Institut supérieur des beaux-arts de Besançon ;
Olivier Kaeser, historien de l’art, commissaire d’expositions d’art contemporain et de projets pluridisciplinaires, directeur de l’agence curatoriale ARTA SPERTO ;
Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz ;
Estefanía Peñafiel Loaiza, artiste, pensionnaire de l’Académie de France à Rome Villa Médicis 2020 – 2021.
Par ailleurs, la conseillère aux plastiques de la Direction des Affaires Régionales Culturelles de Franche-Comté et un représentant du conseil régional assistent également aux réunions du Comité à titre consultatif.

Le projet autour de la Ferme de Flagey

Ce projet répond à une demande du musée autour d’une sélection d’œuvres en lien avec l’histoire de l’art. La question de la citation s’est alors imposée pour ce lieu situé en pleine nature qui fut la ferme de Courbet. L’exposition s’intitule La seconde main, en référence à un livre d’Antoine Compagnon, et réunit des œuvres citationnelles de la collection. On y trouve ainsi une installation de Hugues Reip dont chaque élément transpose en volume une montagne peinte par Giotto, Cézanne, Magritte, Dali ou Hokusai, et une autre de Béatrice Balcou intitulée The K. Miyamoto Boxes (2016) composée de sept sculptures en bois (des « placebos » selon la terminologie de l’artiste) qui sont la réplique d’œuvres de l’artiste japonaise Kazuko Miyamoto. Chacune est conservée dans une boîte dont l’extraient ponctuellement les médiateurs pour la manipuler selon les gestes codifiés des régisseurs et avec l’attention et la délicatesse nécessaires à la préservation des œuvres. Accompagnés d’un récit défini par l’artiste, leurs gestes lents et précautionneux, évoquant aussi les arts martiaux, s’inscrivent dans le cadre d’un rituel nommé par l’artiste « cérémonie ». Ce faisant, les médiateurs invitent le spectateur à prendre le temps, celui de regarder, de toucher, de dialoguer et finalement à dépasser le stade de la simple consommation culturelle. L’exposition propose également des pièces d’autres artistes tels que Régis Perray, Silvia Bächli ou Charlotte Moth qui revisitent des œuvres anciennes, et celle de Louise Lawler qui cite très explicitement On Kawara.
La citation vise souvent à rendre hommage à des artistes emblématiques et à se mesurer à eux, une manière aussi de s’inscrire dans un héritage. Mais son usage peut avoir quelque chose d’assez irrévérencieux. C’est notamment le cas chez Cyprien Gaillard – qui se réclame du « vandalisme révolutionnaire » – lorsqu’il intervient directement à l’aide d’extincteurs à poudre sur la Spiral Jetty de Robert Smithson lors d’une action qu’il qualifie de « land art modeste », par opposition aux impressionnants moyens mis en œuvre par Smithson.
Je suis ravie de cette exposition, comme je le suis de constater que nous sommes de plus en plus sollicités pour montrer nos œuvres en région. A ce propos, l’exposition Aller contre le vent, performances, actions et autres rituels qui vient de s’achever au Frac sera en partie présentée en septembre prochain à la scène nationale du Creusot. C’est un signe de la reconnaissance du travail que nous avons accompli et continuons d’accomplir pour la démocratisation de l’art contemporain.

Autre volet : comment imaginer le Frac du futur ?

Bernard Latarjet, qui est l’auteur avec Jean-François Marguerin du livre Pour une politique culturelle renouvelée, paru récemment chez Actes Sud, m’a demandé de m’exprimer dans cet ouvrage sur le rôle que peuvent avoir les Frac dans l’aménagement culturel du territoire, en partant de mon expérience au Frac Franche-Comté. Ils ont recueilli aussi des témoignages d’autres responsables culturels toutes disciplines confondues autour de leurs expériences et préconisations. Après quarante années au cours desquelles les Frac ont construit des collections exceptionnelles et mené une politique extrêmement intense en matière de diffusion de ces collections, alors que beaucoup sont désormais dotés de bâtiments de type muséal, il est temps me semble-t-il d’envisager une nouvelle décentralisation et une troisième génération de Frac. L’une des idées qui me vient à l’esprit serait de créer des antennes des Frac pour faire en sorte que la rencontre avec les œuvres ne soit plus l’exception et que nous participions ainsi à combler les zones blanches en matière de culture. Car ce n’est pas seulement l’absence de services publics, la disparition des magasins de proximité, le mauvais fonctionnement d’Internet voire son inaccessibilité qui peuvent donner à ceux qui vivent éloignés des villes et/ou qui ne peuvent matériellement s’y rendre, le sentiment d’abandon qui a abouti à la colère des Gilets jaunes, c’est aussi le peu de propositions culturelles qui leur sont faites au quotidien. Or nous avons un trésor que nous pouvons et devons partager, pour qu’au-delà de la dimension sensible des œuvres, nous fassions circuler les idées, les regards des artistes sur le monde. La culture au même titre que l’éducation permet de faire société. Pour cela, il faut naturellement des moyens. Et là, il s’agit d’un choix politique.

INFOS PRATIQUES :
Exposition Roman Signer, Tombé du ciel,
du 22 mai au 25 septembre 2022
Frac Franche-Comté
Fonds régional d’art contemporain
Cité des arts
2, passage des arts
25000 Besançon

Ouverture au public
du mercredi au vendredi, de 14h à 18h ; samedi et dimanche, de 14h à 19h
Tarif plein → 4 €
Tarif réduit → 2 €
Gratuité → tous les dimanches

Fonds Régional d’Art Contemporain – FRAC Franche-Comté (frac-franche-comte.fr)