Interview Quentin Bajac, Jeu de Paume : IMAGE 3.0, Fata Morgana, Jean Painlevé et Marine Hugonnier

Elsa Leydier, Les Images amazones, 2022 FNAC 2022-0124
Réalisée dans le cadre de la commande photographique « Image 3.0 » ; un partenariat entre le Centre national des arts plastiques et le Jeu de Paume, Paris.
Collection du Centre national des arts plastiques © Elsa Leydier / Cnap

A partir de la commande nationale initiée par le CNAP et le Jeu de Paume, IMAGE 3.0  est l’exposition à Reims (Le Cellier) des artistes et photographes sélectionnés, avec le soutien de la Fondation Louis Roederer. Orchestrée par Quentin Bajac, directeur du Jeu de Paume et Pascal Beausse, responsable de la collection photographie du CNAP, cette exposition rassemble 17 artistes photographes à la croisée de l’art et de la science. Quentin Bajac nous détaille les thématiques qui se dégagent de ce panorama autour des nouveaux paradigmes de l’image. Il revient également sur les enjeux prospectifs du festival pluridisciplinaire Fata Morgana qui vient de se terminer au Jeu de Paume et dresse un premier bilan de la période de réouverture suite au confinement en termes d’habitudes de visites.

Les deux prochaines expositions au Jeu de Paume : Jean Painlevé et Marine Hugonnier se rejoignent autour du cinéma exposé comme il le précise. Quentin Bajac a répondu à mes questions.

Le projet IMAGE 3.0 : genèse et enjeux

L’exposition est le résultat d’une commande nationale du CNAP en partenariat avec le Jeu de Paume à l’initiative du ministère de la Culture ans le cadre d’un nouveau programme de commandes photographiques autour des nouvelles écritures et paradigmes de l’image. La commande s’est tenue en 2020 pendant le Covid, période où le numérique était d’ailleurs très présent. Comme pour toute commande un jury a sélectionné sur les 200 dossiers reçus, 17 artistes dont les projets sont montrés pour la première fois à Reims et qui rejoignent les collections du CNAP.
Chaque photographe ou artiste sélectionné disposait d’un budget de 7 000 € TTC (maximum) pour la production de son œuvre.

Gregory Chatonsky
Complétion, 2020 – 2021
FNAC 2021-0466
Réalisée dans le cadre de la commande photographique « Image 3.0 » ; un partenariat entre le Centre national des arts plastiques et le Jeu de Paume, Paris.
Collection du Centre national des arts plastiques
© Gregory Chatonsky / Cnap

Qu’est-ce-qui ressort d’un tel panorama ?

Une grande diversité de techniques de conception des images d’aujourd’hui entre réalité augmentée, impression 3D, scanner 3D, modélisation, mapping.., ce qui est fidèle à la volonté initiale. Au-delà de ce panel technologique, un certain nombre d’interrogations et de thématiques se dégagent de la commande et de l’exposition, notamment en ce qui concerne l’importance du spectateur, sa participation, beaucoup d’œuvres étant activées grâce à l’intelligence artificielle ou des casques qui réagissent au Cortex cérébral. Parmi les autres thématiques, l’on remarque : le rapport de l’être humain à la machine, les enjeux écologiques et environnementaux, le rapport au réel, nous avons alors cherché à faire dialoguer les œuvres entre elles à partir de ces enjeux.

Comment le festival Fata Morgana a-t-il été reçu par le public ?

Il y a de l’intérêt mais également de la surprise car pour certaines personnes cela dépasse une approche classique de la photographie, cette dimension prospective ayant été largement explicitée par Béatrice Gross. Le Jeu de Paume est un lieu de l’image donc de la photographie, de la vidéo, du film, de toutes les images mécaniques en devenir, la photographie ayant toujours évolué. L’exposition repose sur une base photographique car si l’on y réfléchit la quasi-totalité des œuvres sont réalisées à partir de la photographie. Passée cette première surprise, l’exposition est plutôt bien perçue et s’inscrit comme un festival avec un certain nombre de prolongements sous forme de concerts, de performances.., notamment à l’occasion du week-end de clôture. Un axe sur lequel Béatrice Gross et Katinka Bock avaient beaucoup insisté.

Les prochaines expositions au Jeu de Paume, Jean Painlevé et Marine Hugonnier, deux cinéastes

Jean PAINLEVÉ assisté d’Eli LOTAR Crevette de profil [Crevettes], 1929 Épreuve gélatino argentique d’époque Fonds photographique Bouqueret-Rémy

Marine HUGONNIER Photographie de tournage de Meadow Report, Giverny, France, 2021 Courtesy de l’artiste © Marine Hugonnier

En effet et comme vous le soulignez c’est le cinéma qui est à l’honneur, le cinéma exposé et j’aimerais à l’avenir proposer des saisons plus thématiques. Il se dégage de ces deux monographies, malgré leur écart temporel, un certain nombre de passerelles, le cinéma étant la plus importante. Painlevé est avant tout cinéaste et Marine Hugonnier utilise davantage à présent le film (16 – 35 mm) que la photographie. La forme documentaire est aussi un point commun et Marine a beaucoup regardé le travail de Jean Painlevé, ce que nous avons appris par la suite sans le savoir initialement. Le rapport entre art et science est aussi une dominante dans les deux expositions dans une démarche de recherche expérimentale, importante pour le domaine scientifique et artistique. Malgré cela, les deux expositions restent singulières et différentes avec comme dominante pour le regardeur la présence de l’image en mouvement et du cinéma.

Quel bilan faîtes-vous en termes de nombre de visiteurs et d’habitudes de visites au sortir de cette période de pandémie ?

Il est encore assez difficile de dresser un bilan car nous avons eu lors de nos deux dernières saisons deux expositions très contrastées avec d’une part la collection Thomas Walther du MoMA ayant attiré beaucoup de monde, ce qui s’explique par son caractère historique et le prestige de l’institution, et d’autre part Fata Morgana plus pointue, très contemporaine autour de jeunes artistes encore peu connus. Deux fréquentations donc très différentes.
Je remarque un changement avec notamment le télétravail, les gens se déplaçant désormais plus en week-end qu’en semaine. Les habitudes de visites ont peut-être changé même si en termes de fréquentation, il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions et des enseignements.

Infos pratiques  :

« IMAGE 3.0 » : une commande photographique du Centre national des arts plastiques (CNAP) et du Jeu de Paume
Exposition
20 mai – 4 septembre 2022


Le Cellier, Reims
4bis, rue de Mars
51100 Reims
Horaires :
Du mercredi au dimanche
De 14h à 18h
Tarif :

Gratuit

Au Jeu de Paume :


Jean Painlevé, Les pieds dans l’eau
Commissaire Pia Viewing
Marine Hugonnier, Le cinéma à l’estomac
Commissaire : Marta Ponsa

du 8 juin au 18 septembre


https://jeudepaume.org/