Clare Stand The Colour of Class, 2002-2021 PARROTTA CONTEMPORARY ART
Alors que Paris s’est mis au diapason de la FIAC et de l’art contemporain, le temps de la photographie est venu avec en figure de proue la 24ème édition de Paris Photo dans ce Grand Palais Ephémère qui a tenu toutes ses promesses. Les collectionneurs internationaux ont répondu présents et le marché se montre extrêmement réactif. En satellites : le salon A ppr oc he, les festivals PhotoSaintGermain, Photo Days, Biennale de l’Image Tangible, tandis que de nombreuses expositions complètent favorablement ce panorama.
En guise d’amuses bouche citons : John Coplans à la Fondation Cartier Bresson, Vivian Meier au Musée du Luxembourg, Henri Caruel Stéréoscopie de cinéma à la Fondation Seydoux-Pathé, Samuel Fosso à la MEP, Picasso à l’image au musée national Picasso, Denise Bertschi au Centre Culturel Suisse, Images en mouvement au Centre Tchèque, Chefs d’œuvre du MoMa Collection au Jeu de Paume par ailleurs inscrit au parcours pédagogique…parmi d’autres temps forts d’une semaine de la photographie qui se prolonge tout le mois.
Paris Photo, le retour
Avec 177 exposants en provenance de 29 pays réunis au Grand Palais Ephémère et 45 nouveaux participants par rapport à 2019 dont 34 premières participations, tous les signaux sont au vert pour cette édition 2021 après la capitulation de 2020.
Parmi les 17 solo shows l’on remarque : Paolo Ventura par la Galerie XII, dont c’est la première participation, Paul Mpagi Sepuya avec Document Chicago, Tomasz Machciński par Christian Berst art brut, Latif Al Ani chez Isabelle Van Den Eynde, Dubaï ou Boris Lurie chez Odile Ouizeman. En termes de duo show l’on ne manquera pas Martine Barrat et Jean-Michel Fauquet par la Galerie Rouge, Martin Kollar et Ester Vonplon chez Stephan Witschi, Zurich ou le duo Edward Burtynsky et Lynne Cohen chez Nicholas Metivier, Toronto.
Le secteur Curiosa, confié à Shoair Mavlian, directrice de Photoworks et ancienne conservatrice adjointe de la photographie à la Tate Modern met en avant les nouvelles pratiques contemporaines autour de 20 artistes dont Maisie Cousins et Jošt Dolinšek montrés pour la première fois en France. Il est étoffé de fait de la disparition du secteur Prismes par manque de place.
Autre incontournable le parcours Elles x Paris Photo sous la houlette cette année de Nathalie Herschdorfer, historienne de l’art spécialisée dans la photographie et directrice du musée du Locle.
Ce sont 30 coups de cœur qui parcourent un large spectre historique avec notamment
l’autodidacte Mame-Diarra Niang repérée par Stevenson, la finlandaise Sirkka-Lisa
Konttinen (L Parker Stevenson) qui se penche sur l’Angleterre ouvrière de Tchatcher, la
sud-africaine Dimakatso Mathopa (Afronova) mais aussi des figures éclipsées du récit officiel comme Dora Maar (Gilles Peyroulet) ou l’américaine Deborah Turbeville (Muus
collection). A noter la création du site Elles X ParisPhoto pour poursuivre cet engagement
en faveur de plus de visibilité. De plus le CNAP fera l’acquisition de 14 femmes choisies sur la foire.
En parallèle Paris Photo lance sa toute première Online Viewing Room, développée par Artlogic.
Programmation partenaires/ Mécénat :
The Pigment Change Almudena Romero, résidente BMW
BMW, partenaire officiel Paris Photo, expose cette année The Pigment Change d’Almudena Romero, dixième lauréate de la Résidence BMW. Almudena Romero a une démarche expérimentale et scientifique originale avec une réflexion engagée sur les rapports entre écologie et production. Sa recherche sur les changements pigmentaires est non seulement technique mais aussi d’une grande force visuelle.
The Conviviality Connexion OLIVIER CULMANN X PERNOD RICARD
Pernod Ricard vient présenter sa 12ème campagne photographique et confie une Carte Blanche à Olivier Culmann autour de la convivialité « résistante ». Le photographe a passé quatre semaines à sillonner les routes de France pour « aller capter des moments d’alchimie entre une lumière, un paysage, un lieu et les acteurs qui font vivre les cafés-bars au quotidien ». Cette bourse de création met donc à l’honneur 10 histoires d’hommes et de femmes ayant pour dénominateurs communs d’avoir trouvé le courage de faire vivre une convivialité véritable et authentique au cœur de leurs communautés locales, et ce malgré la pandémie.
Photo Days, 2ème édition
Du 1er au 30 novembre 2021
Photo Days revient suite à son lancement réussi en 2020 par Emmanuelle de l’Ecotais qui m’avait accordé un interview passionnant (relire). Un festival qui se déploie à Paris et en Ile de France à la fois dans des galeries et des institutions partenaires sur l’idée de relancer l’ex Mois de la Photo. Ateliers d’artistes, appartements de collectionneurs, maisons de vente.., ce sont 70 lieux fédérés. De plus des commandes spéciales sont passées à des artistes pour des lieux plus inédits et parfois inattendus. Ainsi la Rotonde Balzac, dans les jardins de l’hôtel de Rothschild, est investie par Daniel Blaufuks, avec des œuvres inspirées de ses lectures de Balzac ; la rosace de la façade de la Gare de l’Est est réinventée par Noémie Goudal ; Anaïs Tondeur révèle l’odeur des plantes la nuit chez We Are ; le duo d’artistes anglaises Jane and Louise Wilson expose pour la première fois en France à la Sorbonne ArtGallery avec un projet réalisé en résidence au Japon et en Corée autour de la biodiversité ; Valérie Belin nous invite à découvrir une série de Frank Horvat à travers son œil et en regard de ses propres œuvres ; enfin le collectif féminin The Crown Letter, initié par Natacha Nisic pendant le premier confinement pour pallier l’isolement des femmes artistes dans le monde, déroule ses 66 semaines de création internationale à la Fondation Fiminco de Romainville. A noter que la vidéo qui est l’une des composantes de l’image en mouvement fait partie de la programmation avec en point d’orgue une soirée événement au Grand Rex et la remise du Prix StudioCollector de Jean-Conrad et Isabelle Lemaître à la Sorbonne.
A ppr oc he, 5ème édition
DU 11 au 14 novembre 2021
Comme nous le dévoilait Emilia Genuardi dans son récent interview, Approche retrouve son ADN intimiste au Molière autour de 15 artistes repérés par une direction artistique élargie à : Tatyana Franck (Photo Elysées), Etienne Hatt (Art press), Aurélia Mercadier (Photo Saint Germain), Caroline Stein (Collection Neuflize OBC) et Raphaëlle Stopin (Centre photographique Rouen Normandie).
PhotoSaintGermain, 11ème édition
Du 4 au 20 novembre 2021
Après avoir fêté ses 10 ans l’année dernière en pleine crise sanitaire, PhotoSaintGermain étend son terrain d’exploration de la création photographique au-delà de son ancrage rive gauche, traverse la Seine, et s’étend sur la rive droite. Ce parcours prolongé s’implante en écho à la rive gauche, quartier historique des éditeurs. Aujourd’hui, sur la rive droite se dessine une carte dynamique du dialogue créatif entre livre et photographie.
L’on remarque notamment Annie Leibovitz à l’Académie des Beaux-Arts (lauréate prix de photographie William-Klein), l’exposition collective Zero Player à la galerie du Crous avec : Fred Cave, Joe Cave, Sylvain Couzinet-Jacques et la Werkplaats Typografie, Luigi Ghirri à l’Institut Culturel Italien, Erwan Venn à la galerie Vallois, Marguerite Bornhauser à la galerie Madé ou Chloé Sells à la galerie Miranda.
Autant de flâneries qui vous porteront Rive Droite jusqu’au Sasori Bar inspiré du légendaire Kodoji Bar, lieu interlope et secret où se retrouvaient les photographes tokyoïtes…
La Biennale de l’Image Tangible, 2ème édition (Est parisien)
Du 4 novembre au 5 décembre
La Biennale de l’Image Tangible revient dans son ancrage à l’est et présente une sélection d’œuvres qui tendent à s’émanciper d’un usage classique du médium photographique.
Que ce soit à la recherche de nouveaux supports, de techniques hybrides ou d’un nouveau rapport à la réalité, cet événement tend à démontrer que la photographie ne cesse jamais d’inventer. En cela, la Biennale de l’Image Tangible accompagne l’émergence de nouveaux langages et de nouvelles pratiques liés à la photographie : une photographie qui bouscule les hypothèses du réel, une photographie qui change de nature, de forme et de postulat, et qui participe ainsi à un élargissement du champ de sa discipline.
Mention spéciale : Aïda Bruyère au Palais de Tokyo
à partir du 25 novembre, nouvelle saison
J’avais découvert l’artiste au Salon de Montrouge qu’elle remporte à 24 ans alors qu’elle est encore en 4ème année aux Beaux-Arts de Paris. Je l’interview lors du festival Circulations autour de l’univers du bootyshake, du dancehall et ses battles, du fanzine qui nous disent l’empowerment, la représentation du corps féminin et les dérives de l’appropriation culturelle. Elle poursuit ici ses recherches sur le twerk et ses mécanismes d’émancipation dans une installation inspirée d’une boîte de nuit comme celles de son adolescence à Bamako. Elle mélange des images d’archives de sorties nocturnes à ses propres photographies dans des collages et environnements immersifs. Assurément une valeur montante à suivre !