Hangar à Unseen Photo Fair : Paul D’Haese, Bordeline courtesy the artist
Alors que le public français a pu découvrir la version du Parrathon de Martin Parr au Frac Bretagne, Hangar Brussels lui apporte une touche très différente, plus intime de par le lieu et sa configuration. Retraçant 40 ans de carrière à travers 15 séries emblématiques, défilent sous nos yeux les congés payés de l’ère Thatcher, les consommateurs d’un tourisme globalisé armés de leur perches à selfies, ces couples qui s’ennuient au restaurant, les jet-setteurs de Dubaï, les rituels so british de l’establishment ou de la classe moyenne ou les snobismes des nouveaux riches de Knokke-le-Zoute avec une coloration toute particulière dans la capitale des belges. Des transats permettent de recréer tout ce décor balnéaire et on peut même se lancer sur le dancefloor (Everbody Dance Now) ! Si l’exposition a été conçue par Martin Parr, curatée par Hangar et produite par Magnum, Delphine Dumont insiste sur l’implication de sa fondation. En parallèle Hangar participait à la foire Unseen d’Amsterdam et a lancé son appel à projet pour la prochaine édition de Photo Brussels Festival autour de la thématique The Shadow of Trees.
Delphine Dumont est revenue sur les temps forts de cette rentrée très intense.
Quels partis pris scénographiques vous ont-ils guidés pour ce Parrathon ?
Martin Parr a entièrement imaginé l’exposition qu’il a lui-même nommé Parrathon aimant depuis toujours concevoir ses expositions.
Il est intéressant de découvrir un véritable parcours de vie puisque les visiteurs peuvent balayer 40 ans de carrière, des première séries de Martin Parr en noir et blanc jusqu’à tous ses voyages et ce qui a forgé sa marque de fabrique.
Cela a été une heureuse surprise que de pouvoir inclure l’ensemble des séries dans l’espace de Hangar, tout en gardant une dimension relativement intime de par la superficie et configuration de notre lieu. Cela concourt à créer une vraie rencontre avec l’œuvre, à portée de regard et dans un parti pris non chronologique selon notre propre ressenti. Nous avions envie que le spectateur soit saisi comme nous, de toutes ces ambiances différentes.
En termes de calendrier nous avons préféré décaler notre ouverture par rapport au Brussels Gallery Week-End, cette exposition étant plus à visée muséale.
La série de Knokke-le-Zout est l’une des spécificités de ce Parrathon belge
Nous voulions donner une touche belge à Parrathon en y ajoutant cette série. Certains avaient en mémoire son intervention à Knokke en 2001 et nous avons pu avec Magnum retrouver ces photos qui n’avaient pas été éditées pour en faire notamment des wall papers. En ce qui concerne les transats, véritables supports de l’œuvre, c’est la Fondation Martin Parr qui en est à l’initiative. Comme une prolongation de l’expérience de la plage et des loisirs.
Retour sur votre première participation à Unseen : objectifs
C’est en effet une première expérience, Hangar ayant aussi vocation à soutenir les jeunes artistes, et Unseen, foire dédiée à l’émergence nous semblait tout à fait dans cet esprit. Même si dans le contexte Covid, Unseen était plus locale, l’énergie ressentie et ce public limitrophe nous semblaient très porteurs.
Quels artistes avez-vous sélectionnés ?
Trois artistes étaient présentés : Vincent Fournier, Alice Palot et Paul d’Haese.
Vincent Fournier avec une série nouvelle, intitulée Kosmic Memories autour de ces images de monuments soviétiques d’une ère déchue et révolue, sous la neige ou au lever du soleil, dans une atmosphère très singulière.
Alice Palot est une jeune talent que nous suivons depuis quelques années à Hangar. Française formée à La Cambre, elle développe un travail autour de ce lieu singulier en Belgique appelé le Sahara de Lommel, réserve naturelle polluée par une ancienne usine de zinc dont la végétation est en train de réapparaitre. A la sortie du confinement elle a voulu proposer une sorte d’ode à la liberté, Suillus dont nous avions montré certaines images à l’occasion de The World Within.
Paul d’Haese, photographe belge néerlandophone avec la série Bordeline retrace son cheminement sur plus de 300 kms entre la côte nord de la France et le Havre dans une approche très conceptuelle. Nous l’avions exposé à Hangar en 2000.
Quels étaient vos critères de sélection en faveur de ces trois artistes ?
Il est certain que nous avons tissé des liens avec certains artistes que l’on suit plus particulièrement mais nous avons surtout dû réagir rapidement ayant pris la décision en juillet de participer à la foire. L’idée est de donner à voir des univers très différents mais avec certains rapprochements formels et esthétiques.
La 6ème édition de Photo Brussels Festival a comme thématique The Shadow of Trees, pourquoi-comment ?
Nous avions envie de revenir à la thématique de notre première édition qui était landscape. Même si le sujet de l’arbre connait actuellement une vraie attention, nous souhaitions lui donner une spécificité avec cette ombre, « In the Shadow of Trees », qui cache de nombreux organismes vivants. Nous en assurons le commissariat comme nous aimons le faire au Hangar. Nous proposons un appel à projets lancé fin juillet et ouvert jusqu’à fin octobre autour d’un jury composé de divers personnalités. En ce qui concerne les critères, l’âge n’entre pas en ligne de compte, il faut déjà avoir une pratique photographique confirmée. En réalité la thématique opère une première sélection car les artistes se saisissant réellement du sujet ne sont pas si nombreux. Mais nous sommes persuadés que nous allons recevoir des propositions réellement pertinentes.
Infos pratiques :
Martin Parr
Parrathon
Jusqu’au 18 décembre
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6ème édition Photo Brussels Festival
A partir du 21 janvier 2022
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PhotoBrussels Festival — Hangar
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