Découverte : art-cade* Marseille, galerie et plateforme associative

Pauline Lavigne du Cadet, devant l’oeuvre de Fabienne Guilbert Burgoa, vue de l’exposition La Relève III, art-cade*

Poursuite des lieux qui comptent à Marseille avec art-cade*, galerie des grands bains douches de la Plaine, toujours sur les recommandations du PAC. Plateforme associative et culturelle art-cade* propose 5 ou 6 expositions annuelles et participe au Festival Parallèle autour de la jeune création. C’est à cette occasion que je découvre les 6 artistes exposé·e·s dans le cadre de la Relève avec Pauline Lavigne du Cadet, chargée de communication et des publics. Elle a répondu à mes questions.

Vue de l’exposition La Relève III, art-cade* installations de Silina Syan et Sarah Netter crédit photo Raphaël Arnaud


Quel est l’ADN d’Art-cade ? 

L’association Art-cade, plateforme de production et de diffusion de la création contemporaine est fondée en 1993 par deux artistes, Anne-Marie Pécheur et Jean-Baptiste Audat, qui investissent les anciens bains douches de la Plaine, réhabilités dans le cadre de chantiers participatifs. L’association produit et diffuse des projets d’art contemporain et d’architecture et porte dans son ADN les questions de la place de l’art et de l’artiste dans la société. En 2009, Guillaume Calas (architecte) intègre l’association et conçoit le projet Archist, terme synthétique entre art et architecture qui donne lieu chaque année à des expositions, des ateliers et des balades urbaines. Un projet unique sur le territoire marseillais, né d’une réflexion commune entre artistes et architectes sur la définition de l’œuvre et les questionnements que cette œuvre peut apporter dans un contexte architectural, urbain, paysager et social. Plus largement, le projet interroge les liens entre art, design, architecture, paysage, urbanisme, la manière dont ils se construisent par glissement d’une discipline à l’autre. Depuis 2010, art-cade* accueille au sein de la galerie des bains douches plusieurs structures. La galerie fonctionne comme une plateforme associative et culturelle, permettant de mutualiser les espaces, les compétences et de travailler dans une dynamique de coopération. art-cade* propose entre 5 et 6 expositions par an au sein de la galerie des bains douches présentant la création nationale et internationale et un regard sur la jeune création locale. La galerie est également un lieu ouvert à d’autres formes d’expressions artistiques et d’autres propositions de rencontres : lectures, musique, mode, banquet, projection, danse, débats, etc. La volonté d’ouvrir l’espace de la galerie à un public diversifié s’est concrétisée en 2016 avec l’arrivée de Pauline Lavigne Du Cadet par l’organisation de visites guidées (accompagnées d’ateliers de création) en direction de publics du champ social  et d’écoles. 
La galerie accueille environ 2 000 enfants par an dans le cadre scolaire et familial pour des visites et des ateliers. art-cade* accueille plus de 10 000 visiteurs par an !

Votre participation au festival Parallèle, les enjeux 

En 2018, nous accueillons le festival Parallèle pour la première fois. Depuis le partenariat continue chaque année dans le cadre de l’appel à projet La Relève.
Nous participons à la Relève depuis le départ, en 2019, afin de soutenir la jeune création. Cet appel à projet est ouvert aux artistes diplômé·e·s depuis 3 ans maximum.
Il s’agit d’une aide à la production, de renforcer leur réseau lors de rencontres professionnelles. Cet appel à projet fonctionne comme un tremplin au début de leur carrière artistique, juste après leur diplôme. 
Nous organisons des temps de rencontre privilégiés avec les professionnels du territoire qui leur permettent d’avoir des conseils pour la suite.

Cette année les 6 artistes exposé·e·s à la galerie (Arnaud Arini, Quentin Dupuy, Fabienne Guilbert Burgoa, Léa Laforest, Silina Syan et Sarah Netter) se sont emparés de la programmation événementielle de l’exposition; 
En invitant d’autres artistes, l’exposition se veut évolutive et montre une solidarité certaine entre pairs.
Un projet éditorial commun à l’initiative de Léa Laforest voit le jour pour garder une trace de leurs rencontres, une occasion de croiser leurs pratiques. 
De belles  relations et échanges se sont créés et perdureront !
La participation cette année de 4 structures d’art contemporain du territoire qui font partie du réseau PAC (Provence Art Contemporain ) est une preuve de la volonté de décloisonnement de nos lieux respectifs afin de créer des liens, de croiser nos programmations, nos publics et de favoriser une communication plus impactante.
C’est une vraie force de travail qui fait sens et commun.

Quel panorama se dessine des artistes retenus par Art-cade ?

Art-cade se situe à la frange du système de l’art contemporain en tant que galerie associative en région et a son rôle à jouer dans le soutien aux artistes confirmés ou émergents.
La galerie est un lieu de diffusion qui permet de faire des focus sur de jeunes artistes de la scène locale que l’on accompagne sur la durée ou de proposer une exposition monographique inédite d’artistes confirmés (Paul Destieu, Diane Guyot de Saint Michel, Quentin Destieu, John Deneuve à titre d’exemple) à la Rentrée de l’art de fin août. 
Bien souvent l’exposition permet une acquisition par des institutions publiques ou des collectionneurs.
Mais également il se peut qu’une galerie privée ayant un poids sur la scène artistique parisienne repère les artistes exposés à art-cade*.
François Bazzoli, ancien président d’art-cade* nous parlant des débuts de la galerie et des personnalités qui l’ont traversée, démontre les enjeux des galeries associatives en région :  » On citera parmi ces fées Claude Viallat, Vladimir Škoda, Noël Dolla pour les noms qui finissent en A, Toni Grand, Erró, Gérard Traquandi pour ceux qui ne finissent pas en A. Et de nombreux jeunes artistes qui y firent des premiers ou seconds (ou troisièmes) pas mérités et qui continuent leur route : entre autres Éric Pasquiou, Patrick Sainton, Bertrand Rigaux, Cécile Beau, Caroline le Méhauté… »
Art-cade* est devenu au fil du temps un maillon de l’écosystème de l’art contemporain en région PACA et cela dure depuis presque 30 ans !

Quelle est la vocation de l’agence Collective ?

Créé en 2017 par Aurélie Berthaut et Erika Negrel, Collective est un bureau d’accompagnement à la professionnalisation des artistes visuels et au développement de projets. 
Nous engageons des méthodes de travail et de collaboration créatives en phase avec la spécificité de chaque projet et de leur contexte de production. 
Nous accompagnons les artistes de l’idée à l’œuvre en apportant des solutions sur-mesure et concrètes tout en favorisant une mise en réseau professionnelle ciblée. Au cœur de nos préoccupations : affirmer la place de l’artiste et de la création dans notre société, contribuer au développement de projets dans une approche territoriale et faciliter l’interaction des artistes et porteurs de projets avec les acteurs de la société civile.  
Collective et art-cade* ont mis en place CURRICULUM CHROMÉ, un programme expérimental d’accompagnement à la professionnalisation des artistes de la Région Sud, avec le soutien du Fonds d’Innovation à la Formation Professionnelle de la Région Sud, entre septembre 2019 et octobre 2021. Il s’adresse aux étudiants inscrits en cinquième année au sein des écoles d’art de la Région Sud, aux diplômés depuis moins de cinq ans du réseau des écoles d’art du Sud, et aux artistes demandeurs d’emplois inscrits en Région Sud.
Il vient préciser toute projection d’activité à travers 12 ateliers et un programme de résidence de recherche et de création en entreprise. 

Pourquoi Marseille selon vous génère t-elle autant d’initiatives et attire-t-elle autant d’artistes ?

La vie est plus douce au soleil ? Non plus sérieusement, nous avons le sentiment que Marseille est un nouvel eldorado pour les artistes et les professionnels du milieu. Nous le ressentons lors de temps forts (Printemps de l’art et Rentrée de l’art) pendant lesquels des micro-évènements sont organisés par des collectifs ou commissaires venant d’autres villes. Les structures « historiques » sont rejointes par de nouvelles dynamiques ce qui donne surement ce sentiment d’effervescence. 
Depuis 2-3 ans, des ateliers collectifs d’artistes se forment et participent à une programmation événementielle ce qui visibilise la richesse artistique du territoire marseillais. 
Les connaissances et les échanges se créent aisément d’un vernissage à l’autre, d’une soirée à l’autre, il est donc facile de se faire un réseau. 
Cependant la ville manque cruellement d’ateliers. 
En ce moment des occupations temporaires de bâtiments dans des zones en urbanisme transitoire fleurissent et peuvent être une réponse pour les artistes en manque d’espace mais cela reste précaire. 
Nous avons également sauté sur l’occasion d’un appel à manifestation d’intérêt porté par Euroméditerranée, pour créer Jeanne Barret, un lieu d’expérimentation, de production et de création artistique, dans une approche écosophique et pluridisciplinaire en lien avec son quartier qui rassemblent des artistes, architectes et paysagiste. Le lieu se situe dans le 15e et permet aux artistes de façonner leur outil de travail.

Votre réflexion personnelle sur cette période de crise

La crise nous a permis de prendre du recul sur nos actions. D’un côté nous ressentons bien que notre activité est indispensable pour faire vivre les artistes, de l’autre nous prenons la mesure qu’il est nécessaire de ralentir, de poser les projets et les relations. C’est pour cela que désormais nous partons sur des expositions plus longues de deux mois minimum contre 1 mois dans ‘le monde d’avant’; Ainsi nous travaillons plus en profondeur avec les artistes, prenons le temps de diffuser leur travail auprès des professionnels et de la presse, d’imaginer ensemble une suite.
Cette période a été très frustrante car difficile de toucher tous les publics! Les scolaires, les centres sociaux et les associations sont considérablement restreints dans leur déplacement. Nous essayons de réduire la distance en allant dans leurs établissements pour ne pas rompre le lien.
La nécessité du contact avec l’art n’est plus à démontrer, le face à face créant un temps suspendu pour mieux appréhender le rapport au monde et à soi-même est primordial et nous en sommes aujourd’hui privés. 

Infos pratiques :

La Relève III Habiter

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art-cade
35 bis rue de la Bibliothèque 13001 Marseille


www.art-cade.net


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