Présentation de l’exposition New York The Eighies ; Part Two (extended version), le Consortium réalisation Stef Bloch
Poursuite de mon tour de France des expositions confinées au Consortium de Dijon, musée et centre d’art emblématique qui a célébré en 2017 ses 40 ans en compagnie du Centre Pompidou qui partageait ce même anniversaire. Avec une place à part et résolument internationale de par sa collection qui compte un véritable tropisme américain j’ai voulu à l’occasion de la trilogie « New York The Eighies; Part Two (extended version) » comprendre comment le Consortium Museum avait constitué une telle collection, ce qui serait impensable à présent. Franck Gautherot membre fondateur, retrace cette formidable histoire d’amitié autour d’artistes exposée pour la première fois au Consortium tels que Cindy Sherman, Peter Downsbrough, Steven Parrino, Christopher Wool, Kelley Walker, Rachel Feinstein, Josh Smith, Rachel Harrison, Wade Guyton, Joe Bradley… Dans le New York des années 1980 ‘encore sale et dangereux et au début d’une petite renaissance ’ ils découvrent cette exposition devenue depuis légendaire Times Square Show dans un salon de massage entre graffiti, minimalisme ou appropriationisme. Comme ils n’ont pas encore beaucoup de moyens l’idée est de produire les œuvres de l’exposition qui entrent après dans la collection. Et les artistes suivent..
En 2018 à l’occasion de la 3ème édition de la biennale internationale « L’Almanach18 » fondée par le Consortium le savoir-faire et l’ensemble des activités de cette fabrique sont réaffirmés : l’édition avec les Presses du réel, la production cinématographique avec Anna Sanders Films et les nouvelles œuvres de sa collection. Une nouvelle librairie signée Matali Crasset inspirée du film Farenheit 451 et une nouvelle identité graphique et visuelle accompagnent cette signature.
Aux côtés de ces représentants américains majeurs, le Consotrium expose actuellement 3 artistes femmes : Sarah Lucas, Shara Hughes et Paloma Varga Weisz représentées par des galeristes puissantes Pilar Corrias, Eva Presenhuger ou Sadie Coles. Si tout le monde est plutôt familier de l’univers provocant, sarcastique et trash des NUDS et des Bunnies de Sarah Lucas (pièce extérieure spectaculaire et remarquable accrochage) qui fait partie des Young British Artists, l’on connait moins en France les deux autres.
Shara Hughes est une coloriste fascinante dont les toiles s’arrachent. Elle grapille dans l’histoire de la peinture du côté de Matisse, Munch ou Hockney et c’est une expérience jubilatoire.
Paloma Varga Weisz propose une traversée beaucoup plus sombre dans les dédales de notre inconscient avec l’installation « Glory Hole » qui joue sur nos pulsions voyeuristes. Dans la White Box du Consortium une cabane rustique laisse entrevoir par les lattes de bois disjointes de ses parois des scènes étranges proches des contes grinçants de l’enfance où il est question de corps déformés, de trophées de chasse que l’on peut apercevoir mieux encore par des œilletons ou orifices selon état d’esprit du regardeur.
Laboratoire expérimental ou fabrique de possibles le Consortium a placé le curseur dès le départ résolument à l’international et peut rivaliser avec le Centre Pompidou autour d’ensembles majeurs de Steven Parrino déjà cité, Bertrand Lavier, Olivier Mosset, John Armleder …dans une ligne rigoureusement minimale et conceptuelle. A présent sont envisagées une requalification de ses espaces afin de placer cette collection au cœur du parcours de la visite, accueillir une œuvre de Yan Pei Ming et proposer un pavillon à des artistes-commissaires.
Le Consortium sera également à l’affiche de la prochaine Biennale d’architecture de Venise, une autre première. Les membres fondateurs qui ont été su déplacer la périphérie au centre et attirer à Dijon tant d’artistes tout en participant à l’élaboration du paysage international que ce soit à la Biennale de Venise (Pierre Huygh, Lion d’Or) ou à la Biennale de Lyon cherchent à présent à pérenniser l’aventure avant de bientôt la transmettre à une nouvelle génération. Son secret est peut-être une gouvernance collective autour des six directeurs artistiques. Si le Covid a certes contrarié pas mal d’expositions et de projets, ce ‘radar’ comme le surnomme le New York Times, ne cesse de se réinventer avant d’entrer dans une nouvelle ère.
Infos pratiques :
En attendant la réouverture…
Shara Hughes
Sarah Lucas
Paloma Varga Weisz
New York The Eighies; Part Two (extended version)
Visites aux professionnels sur demande.
A découvrir également lors de votre visite de Dijon, l’Atelier Chiffonnier, un collectif d’artistes qui a investit une ancienne fabrique de radiateurs et propose une programmation très stimulante avec en ce moment Romain Vicari. Interview à suivre