Rose Barberat, Un contre-feu courtesy l’artiste, Pact galerie
Non pas un couvre-feu mais un « Contre-feu », titre de l’une de ses toiles très évocatrice où sur une table de goûter un gâteau le dispute à une salamandre sur une nappe rouge tandis que des personnages se détachent pour partie dans des demi teintes mordorées. Le champ et le contre champ, l’ombre et la lumière. Dans « La conversation » une femme et un homme assis sur des rochers après un bain l’été, la chaleur est signalée par ces tonalités orange et dorées, sauf que lui porte un drôle de masque assez élégant mais inquiétant tout de même…Comme une menace sourde, un détonateur prêt à exploser sous l’emprise de l’ultra-violet. Rose Barberat a l’art du récit autant que de la peinture. Je la rencontre chez Poush Manifesto, après avoir découvert ses toiles par le biais de Charlotte Trivini directrice de Pact galerie la présentait à la première foire en ligne du confinement en France Not Cancelled et lors de la NADA Miami Art Fair (relire mon interview avec Charlotte). Rose Barberat qui fait le bilan de cette période insiste sur la formidable opportunité pour elle d’avoir intégré cette galerie tout en préparant son diplôme aux Beaux-Arts de Paris. Après l’atelier de Tim Eitel, Rose Barberat est à présent chez Nina Childress, l’une des seules cheffes d’atelier peintres figuratives de l’Ecole des Beaux-Arts comme elle le souligne.
Point de départ et choix pour la peinture
Cela s’est fait très naturellement. J’ai toujours depuis mon enfance dessiné. Ma mère m’avait acheté mes premiers tubes de peinture à 14 ans et j’ai toujours peint depuis de manière constante.
Bilan de vos années aux Beaux-Arts
C’est une expérience formidable et d’autant plus que je venais de la Fac. J’ai intégré l’école en 2ème année à 23 ans après un Master. J’ai pu y rencontrer des artistes aussi bien des étudiants que des professeurs, qui m’ont permis de prendre des décisions radicales et ma peinture a totalement changé. Quand je suis arrivée je faisais beaucoup de miniatures, alors qu’à présent je me concentre sur les grands formats. J’ai pris la décision d’aller plus profond dans la couleur alors que j’étais encore hésitante. Tous ces échanges et discussions ont été très profitables.
Jean de Loisy propose à travers le dispositif Crush plus de professionnalisation, qu’en pensez-vous ?
Je trouve cela très bien. C’est un progrès car il n’y avait pas de vitrine prévue pour les étudiants autres que les Félicités, pour peu que l’on en fasse partie.
Pact galerie
La galerie Pact avait remarqué mon travail lors des Portes Ouvertes de l’Ecole quand j’étais dans l’atelier de Tim Eitel. Je suis contente parce que la galerie est une équipe jeune et nos liens sont très simples et agréables. Je n’imaginais pas pouvoir intégrer une galerie n’étant pas encore diplômée ! Cela me change la vie. Je me suis sentie encouragée et il y a plein de choses que j’ai osées depuis que l’on travaille ensemble avec Charlotte (Trivini) et Pierre-Arnaud (Doucède).
Importance du titre dans le processus de création
Je considère que l’œuvre n’est pas terminée si je n’ai pas trouvé le titre, d’autant plus qu’ayant fait des Lettres Modernes je puise dans des romans et beaucoup d’œuvres de fiction. Le titre me permet de trouver un déclic pour amorcer ou créer la narration. Cela me permet aussi d’opérer une double lecture de l’image. Par exemple avec « les Chercheurs d’or », trois personnes sont assis en tailleur autour de ce qui pourrait être un feu de bois même s’il n’est pas représenté, dans un espace un peu vide en posture méditative, le tout dans une atmosphère assez froide donnée par ce halo bleuté qui nimbe l’ensemble. Seul indice, cette bouteille d’eau au premier plan pour court-circuiter nos attentes ou conclusions perceptives. Comme dans « le Progrès » où les trois protagonistes sont allongés en posture bain de soleil sauf que l’on se trouve dans l’intérieur d’un appartement selon la présence d’un gros radiateur/clim qui indique une saisonnalité trouble.
Les chercheurs d’or, genèse de cette œuvre emblématique présentée à Art Paris
Je regardais beaucoup pendant le confinement ces téléréalités sur des chercheurs d’opales et d’or, ces gens qui pensent raccrocher chaque jour et finalement trouvent une pépite. Une belle image de la création où parfois on a envie d’abandonner en cours de route. D’un côté autobiographique, je suis passée à l’autofictionnel. Je m’autorise à inventer et à transgresser beaucoup plus à présent.
Comment avez-vous vécu le(s) confinement(s) ?
J’ai été privée d’espace de travail. Je devais partir en échange en Corée du sud en février dernier, ce qui a été annulé la veille de prendre l’avion. Puis tout le monde s’est trouvé confiné aux Beaux Arts. L’école a finalement rouvert mais seulement pour ceux qui préparaient le diplôme. Je ne pouvais donc pas y accéder et cette période s’est prolongée jusqu’en novembre. Quand j’ai dû produire pour Pact à l’occasion de plusieurs foires, cela s’est révélé compliqué sans atelier. La solution est venue de mon compagnon, Alexandre Samson qui a l’atelier juste à côté. Il a d’abord partagé une partie de son atelier puis Yvannoé Kruger et Thomas Havet m’ont proposé d’aménager un espace distinct. Je les en remercie encore.
Rose Barberat/ Pact Galerie :
Œuvres de Rose Barberat/Art Paris :
POUSH Manifesto, Clichy : 170 artistes sur 7 étages
Prochaines Portes Ouvertes : 5 mars
6 Bd du Général Leclerc, Clichy