Lena Peyrard, exposition Upside Down, DOC photo Marie de la Fresnaye
Je rencontre Lena Peyrard à l’occasion de l’exposition collective Upside Down qu’elle signe à l’artist-run space et espace de production DOC !. Commissaire d’exposition et auteure, Lena Peyrard est la co-fondatrice du collectif artistique After Affect. Elle revient sur l’impact de cette période sur ces projets et comment elle a pu maintenir ses activités de commissaire avec cette exposition collective à DOC ! et une autre au Centre Pompidou en septembre dernier dans le cadre du festival Extra !.
A quand remonte ce projet que, malgré la période, vous avez réussi à ouvrir à DOC ?
C’est un projet qui remonte à novembre 2019, date à laquelle j’ai commencé à contacter les 8 artistes pressentis et présentés à présent. Nous avons alors ensemble dessiné et conçu l’exposition au fil de nos échanges. J’ai été ensuite le proposer à DOC ! dans une période de grande incertitude, qui a accepté de l’accueillir. Prévu une première fois en décembre, il s’est vu reporter au mois de janvier, pour pouvoir être envisagé en février, période qui restait assez difficile et incertaine et jusqu’au dernier moment nous ne savions pas s’il serait possible d’ouvrir l’exposition. A J-3 du montage nous attendions encore les annonces officielles !
Qu’est-ce qui se dégage, selon vous d’un tel panorama et pourquoi le titre : Upside Down ?
Upside Down est très lié en quelque sorte à l’actualité. Imaginé à un moment de grand vacillement, Upside Down pour « A l’envers, Sans dessus dessous », va parler de ce basculement du réel vers des récits de fiction, des récits intimes, empreints de mystère, de doute et d’incertitude. Dans l’exposition nous allons retrouver des œuvres qui vont remettre en question notre perception, nos histoires collectives ou personnelles, nos croyances jusqu’à former une sorte de tiers lieu, sans haut ni bas, sans vrai, ni faux.
Comment êtes-vous venue à l’idée de commissariat ?
Le commissariat est quelque chose qui m’anime depuis de nombreuses années. J’ai commencé par me rendre compte lors d’un cycle de 3 ans aux Beaux Arts de Bordeaux que j’étais plus intéressée par le travail de mes pairs et de pouvoir les exposer plus que par ma propre pratique artistique. Je suis alors arrivée au commissariat par des projets collectifs et associatifs, puis un premier projet curatorial de co-commissariat en septembre dernier au Centre Pompidou avec l’exposition Paysages Alentour dans le cadre du festival Extra !, festival de littérature vivante. Cette exposition à DOC ! est mon premier projet personnel de A à Z.
Penchez-nous si vous le voulez bien sur les œuvres de Alice Guittard que j’avais découverte lors du festival OVNI en 2019 ?
Alice Guittard présente deux pièces dans l’exposition. Dans son travail elle va divaguer d’histoire en histoire selon une suite d’investigations où le réel s’émiette peu à peu vers la fiction.
En ce qui concerne l’œuvre intitulée « Pourtant ce n’est pas le moment de s’attendrir » elle part d’un miroir qui lui a été offert par son amant Alberto qu’elle a malencontreusement brisé en 12 morceaux (10 restants). Ces 10 fragments peu à peu recomposés dans l’espace d’exposition, vont alors prendre des espaces aspects différents c’est-à-dire refléter l’espace d’exposition, refléter le monde et nous refléter nous-mêmes mais de façon parcellaire et kaléidoscopique. Cette œuvre est accompagnée d’un mouchoir hydrophobe sur lequel est brodé le nom de l’œuvre.
Nous présentons aussi une autre œuvre d’Alice, le film « Filature à la gondole » dans la salle de projection de DOC ! située au 2ème étage tous les samedis qui fait partie d’une installation d’ensemble. La caméra suit les pérégrinations d’une jeune femme sur les canaux de Venise qui suit les traces part à la poursuite de Marco Polo. Introspection mentale à partir d’un récit littéraire comme souvent dans sa pratique, Alice Motard Guittard s’est intéressée à la part de fiction qui entoure tous les récits d’exploration et de voyage. Malheureusement et cela fait partie des contraintes d’un lieu comme DOC !, artist run space et ancien squat, le film n’a pas pu être projeté ce samedi, le bâtiment étant ancien et présentant des complications techniques. Ce sont des aléas avec lesquels il faut savoir malheureusement composer… et très rapidement !
En quoi l’émergence de tous ces lieux indépendants types artist run space participent ils selon vous à une requalification d’usages et de pratiques en terme de travail collaboratif, de la notion d’auteur.. ?
En tant que commissaire d’exposition, quand on organise une exposition dans un lieu une institution telle que le Centre Pompidou ou dans un lieu associatif qui comprend aussi des ateliers d’artistes comme ce peut être le cas chez DOC !, les interlocuteurs qui nous font face et leurs problématiques sont différentes. Il me semble qu’avec les artist runspace, les artistes attestent de leur faculté à faire les choses par eux-mêmes, sans attendre que l’on fasse à leur place. Il y a une véritable prise de conscience de cette autonomie là. Elle n’est pas récente d’ailleurs, mais c’est en les côtoyant de prés que je m’en suis vraiment rendue compte. Ce contact plus direct avec les artistes participe aussi évidemment à plus de porosité entre des réflexions curatoriales et plastiques.
En écoute : FOMO_Podcast 🎧
Upside Down
Exposition collective avec : Hugo Deverchère, Katya Ev, Lyse Fournier, Julia Gault, Alice Guittard, Gwendoline Perrigueux, Baptiste Rabichon, Thomas Van Reghem
Du 4 au 14 février 21
DOC !
Prochain Interview/Podcast avec l’artiste Thomas Van Reghem
Réécouter mon Interview/Podcast d’Alice Guitard réalisé à l’Hôtel Windsor pour OVNi Festival 2019 (galerie Eva Vautier, Nice) :
Alice Guittard – OVNi Camera Camera, Windsor Hôtel 2019 par FOMO (soundcloud.com)
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