Les trois fondateurs de Galleria Continua, de la droite Mario Cristiani, Lorenzo Fiaschi (centre), Maurizio Rigillo Photo : Sara De Santis, Courtesy JR et Galleria Continua
Galleria Continua lance une petite révolution et ouvre une épicerie fine culturelle de proximité en plein Marais après avoir vogué sur d’autres continents (les Amériques : Cuba, Brésil, la Chine…) dans des univers habituellement peu synonymes d’art. Après le complexe sportif de Pacaembu à Sao Paulo en 2020, Continua investit un ancien grossiste en maroquinerie à deux pas du Centre Pompidou. Conçu comme un espace à géométrie variable, flexible et ouvert aussi bien aux passants qu’aux collectionneurs, on pourra y trouver des biens de consommations tels qu’un bon café italien, des livres et des œuvres d’art, selon un continuum naturel entre l’art et la vie, fondement même de Galleria Continua. JR artiste phare de l’équipe a été désigné maitre de cérémonie de ce premier chapitre que nous décrypte l’un des trois amis fondateurs galeristes italiens, Lorenzo Fiaschi. Continua a également choisi de participer à la foire 1-54 /Christie’s.
Pourquoi décider une nouvelle implantation dans Paris et comment avez-vous choisi ce lieu à l’opposé du white cube ?
Nous avions eu envie avant tout de « faire quelque chose » à Paris dans cette période de mise à l’arrêt afin de lancer, aux côtés de nos collèges galeristes, un signal de résistance et d’apporter un peu de joie, d’espoir et de légèreté.
C’est au cours d’une promenade il y a peu de temps dans le marais que j’ai repéré cet espace et tout s’est fait ensuite très rapidement. Au propriétaire qui nous répondait que nous avions le temps pour une ouverture à mi-janvier 2022, nous avons dit qu’il nous fallait tout lancer dès à présent. L’installation s’est faite en une semaine !
JR, curateur
Encore une fois cela a été très rapide. Je lui ai montré le lieu alors qu’il n’était pas encore signé. Quand il l’a vu, il a eu une telle inspiration, avec ses idées, son énergie, son enthousiasme et sa motivation, que je lui ai proposé de faire le commissariat d’ouverture !
Quelle sera la vocation de cet espace par rapport à vos autres implantations au Centquatre et en région parisienne ?
Nous souhaitons qu’il soit vécu, c’est pourquoi nous l’avons révélé tel qu’il était en intervenant avec des œuvres, des livres mais aussi de la nourriture, pour revenir à l’histoire de ce lieu. La prochaine étape sera d’enlever tous les faux plafonds, les cloisons et anciens casiers pour révéler l’épiderme du lieu, ses cicatrices et couleurs originelles et proposer un nouvel événement dans un espace entièrement transformé, comme il était à son origine. Ce parcours se fera progressivement mais sans aucune fermeture et nous étudions avec les architectes les possibilités de travaux avec des visites des aménagements en cours : « ouvert pendant les travaux ! » en quelque sorte. Un vrai défi.
L’espace restera toujours organique et en mouvement dans une idée très perméable et horizontale, ouvert sur la rue puisque nous sommes à l’angle rue du Temple et rue Michel-Le-Comte. Ce sera une espace où les gens auront envie de rentrer. Il y aura un café, un book store, un centre de rencontres pour échanger avec les artistes, lire de la poésie, découvrir des univers. Un lieu ouvert à tous.
Pourquoi était-il important de participer à la foire 1-54 en ce contexte si particulier ?
Les raisons sont les mêmes : contribuer à maintenir en vie l’ énergie que donne la culture même si cela est difficile les échanges étant très réduits, les voyages arrêtés et que tout tourne au ralenti. Il y a moins de possibilité de vendre mais je pense qu’il est très important d’exister dans cette période.
Quel est le bilan de cette période ?
L’absence de voyages et de foires impacte inévitablement les collectionneurs, les passionnés et les artistes. Ces derniers ont des projets d’expositions beaucoup moins nombreux, voire inexistants. Nous avons réussi à travailler malgré tout pour résister. Avec mes deux amis associés, Mario Cristiani et Maurizio Rigillo, nous pensons que dans cette période il faut travailler trois fois plus pour gagner trois fois moins ! Il faut réussir à résister pour exister prochainement.
Paris a-t-il été un soutien par rapport à d’autres capitales ?
Chaque pays a essayé de faire de son mieux et personne n’était préparé à une situation telle que la nôtre. Je ne crois pas qu’il y ait de recette miracle. Quand on est en difficultés on a besoin d’être soutenus mais plus grand est le nombre de personnes en situation d’urgence, plus il est difficile de bien s’organiser en peu de temps. Il me semble que la France essaie de soutenir au mieux les entreprises si l’on compare à d’autres pays en Europe. Mais je crois que plutôt que de chercher toujours à être protégés à 100%, il faut à un moment mettre la main à la pâte et comprendre qu’il faut pour agir, être aussi dans une énergie constructive et donner plus pour être en capacité de résister. Ce moment exceptionnel demande au monde de la culture de faire de la culture un catalyseur pour dynamiser la situation et créer une nouvelle renaissance.
La Fiac lance sa version digitale, le numérique a-t-il été pour vous une expérience probante ?
Le digital permet d’être visible et de réaliser quelques transactions mais ce n’est pas cela qui sauve. C’est un peu comme si l’on compare entre partager un bon repas avec ses amis ou par écran interposé. Une histoire de saveurs, de parfums, de température, de regards, d’émotion, qui fait toute la différence.
On sent ici la touche et l’esprit Continua, comment les définiriez-vous ?
Je pense que nous sommes avant tout ouverts aux gens et aux idées.
En écoute : FOMO Podcast 🎧
Mode d’emploi :
Truc à faire
Curateur JR
21 janvier- 20 février
Mardi –samedi 10-17h
87 rue du Temple
1-54 contemporary african art fair :
galleria continua – 1-54 Contemporary African Art Fair
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