Christelle Tea à la Propriété Caillebotte, Yerres 2020
Profitons de ces Journées Européennes du Patrimoine pour partir en région parisienne à la Propriété Caillebotte qui outre la demeure du peintre jouit d’un parc, d’une orangerie et d’un potager que nous avions découverts à l’occasion de l’exposition de la Collection Gilman. Virtuose du dessin depuis sa tendre enfance Christelle Tea, diplômée des Beaux Arts de Paris aime croquer des ambiances et des lieux pour révéler des portraits contemporains sur le vifs pleins de malice. Un peu comme La Bruyère et ses Caractères elle se délecte notamment des collectionneurs d’art ou des artistes. Elle a été la première artiste résidente au Musée Jean-Jacques Henner à Paris et la propriété Caillebotte lui a donné carte blanche.
D’où vous vient cette passion du trait ?
Je dessine depuis toute petite. Mes parents avaient un restaurant, tous les soirs après l’école ils nous y emmenaient, ma sœur et moi. Nous nous ennuyons tellement que ma mère un jour – j’avais probablement six ans – nous a donné à chacune un carnet de commande et un stylo à bille ; c’est là où j’ai commencé à dessiner. Je ne savais pas quoi dessiner, donc ma mère comme exemple nous a dessiné au trait une théière chinoise. J’ai l’ai imitée, ma sœur aussi, mais plus tard elle s’est tournée plutôt vers les chiffres.
J’aime beaucoup les artistes tels qu’Albrecht Dürer, Jean Auguste Dominique Ingres et pour les contemporains Sam Szafran et David Hockney.
Qu’avez-vous appris des personnalités du monde de l’art que vous croquez dans leur intérieur ?
En dessinant directement sur le vif sans ébauche ni repentir chez des personnes de différents milieux soit chez eux ou soit dans leurs lieu de travail, j’ai découvert que chaque individu à un univers qui lui est propre, que l’environnement qui les entoure est le reflet de leur personne – ou peut être leur personne devient le reflet de leur environnement ? Nous sommes tellement intégrés à notre entourage que vraiment il est impossible de nous différencier.
Que nous dit ce petit théâtre ?
La vérité est dans les détails.
A présent les musées : Jean-Jacques Henner (résidence) la Propriété Caillebotte,
comment procédez-vous cette fois ?
Je dessine toujours in situ, directement sur le motif. Cette fois, j’ai dessiné la propriété Caillebotte, maison de campagne de la famille du peintre. La maison regroupe plusieurs petits mondes : le Casin, le châlet Suisse, la Glacière, le kiosque (architecture de type asiatique), la Chapelle, la Volière, le Potager, l’Orangerie et le parc. L’endroit est charmant et inspirant. Je les ai dessinés tous séparément ensemble, comme je ferai de portraits. J’ai essayé que me dessins soient le reflet de la Propriété, de la poésie des lieux. Pour Henner, j’ai fait la même chose vraiment : j’ai dessiné beaucoup des salles du musée, mais aussi les employés, et les différents endroits, intérieurs et extérieur. La démarche a été similaire : ces dessins sont le portrait d’un lieu.
Le confinement a t-il été une source d’influence sur votre pratique ?
Oui, je faisais un peu d’aquarelle avant, et là, j’en ai fait beaucoup. Quatre-vingts huit natures mortes en 58 jours de confinement. Ma table de cuisine est devenue mon atelier pendant cette période. Cet exercice quotidien auquel je me suis astreinte pendent deux mois fait que maintenant je me sens beaucoup plus confortable à dessiner en couleur. J’ai réalisé un livre avec tous ces dessins « Christelle Téa, 58 jours » qui a eu pas mal de succès. Il est disponible à la librairie de la Propriété Caillebotte à Yerres ainsi qu’à la librairie l’Écume des Pages dans le 6 e arrondissement de Paris.
Infos pratiques :
Christelle Tea à la Propriété Caillebotte (l’Orangerie)
jusqu’au 8 novembre
Prochainement : Paul Durand-Ruel et le Post Impressionnisme (2021)
Propriété Caillebotte
8 rue de Concy
91330 Yerres
http://proprietecaillebotte.com/
Site de l’artiste :
Elle est représentée par la galerie Jean Brolly.