Marion Charlet : de la couleur avant toute chose à la Chapelle de la Visitation (Thonon-les-Bains) avec David Hockney

Marion Charlet

Edifiée au XVIIème siècle, la Chapelle de la Visitation est aujourd’hui reconvertie en un espace d’exposition dédié à la diffusion de l’art contemporain. Elle propose un cycle de quatre expositions sous le commissariat de Philippe Piguet. C’est lui qui a lancé le défi à Marion Charlet d’une invitation en regard de David Hockney. Ses grandes toiles lumineuses sont ainsi mises en regard avec une dizaine de dessins de David Hockney réalisés sur iPad et iPhone et prêtées à titre gracieux par la galerie Lelong avec l’accord du studio Hockney. Lauréate du Prix Art Collector en 2018, j’ai découvert Marion Charlet à cette occasion, séduite par ses paysages luxuriants et vertigineux. Elle revient sur cette période de confinement, l’impact sur ses projets de la crise et la nécessaire fédération des artistes entre eux.

Marion Charlet, Before Session , 2020 Aquarelle sur papier, 65 x 85 cm © Adagp, Paris, 2020

Exposer aux côtés de David Hockney, un rêve devenu réalité …
Exposer aux côtés de David Hockney est évidemment un grand honneur auquel je ne
m’attendais pas. Cela s’est fait assez naturellement, grâce au commissaire d’exposition
Philippe PIGUET. Il avait envie de créer des duos d’artistes cette année dans le cadre de sa programmation « La peinture avant toute chose » à la Chapelle de la Visitation à Thonon-les-Bains.
Ainsi, je n’avais pas imaginé exposé avec un si grand artiste dans un futur proche.
Cependant, le sentiment de faire parti de la même famille a été présent très tôt dans ma pratique. C’est la validation d’une filiation qui est surtout importante ici.

Marion Charlet, Far Away From Calais , 2016 Acrylique sur toile, paillettes, 100 x 150 cm © Adagp, Paris, 2020

Connaissiez-vous avant la Chapelle de la Visitation et que vous inspire ce lieu ?
Je connaissais ce lieu de renom, car la programmation de la Chapelle est toujours de qualité et beaucoup d’artistes que j’affectionnent y ont exposé.
C’est un lieu magnifique avec sa très grande nef de 20 m de long et ses vitraux qui rendent ce lieu tout à fait particulier.

Quelle a été votre 1ère envie de déconfinement ?
Je n’ai pas eu d’envie au départ, sinon de me demander où peindre pendant cette période. J’ai aménagé un atelier dans une grange à la campagne où je suis partie m’isoler en famille. J’avais une toile en tête depuis quelques mois que j’ai réalisé pendant cette période. Hasard ou coïncidence, elle représente une scène de l’attente… mais joyeuse. L’envie a donc été de prendre tout le temps nécessaire pour peindre cette idée. Le format de la peinture fait 145 x186 cm. C’est une maison, un petit habitat, clôturé, avec des chaises devant la porte. Les chaises sont vides. Les couleurs de la maison et des chaises sont peintes avec des couleurs pures : bleu, rouge, blanc, rose…Tout semble calme. On peut y lire sur la maison « Villa Armore – rooms available ». Peut-être dans l’attente de jours meilleurs, il fallait rester positif comme toujours. Elle s’intitule « Bonnes vacances ».

Marion Charlet The hidden language of the soul, 2020, acrylique sur toile, 180 x 230 cm © Adagp, Paris, 2020

Quel bilan personnel faîtes-vous de cette période et quels sont vos projets qui ont été impactés ?
Les projets qui ont été impacté correspondent au report de l’exposition à Thonon-les-Bains qui devait commencer le 09 avril pour terminer le 07 juin 2020. Cela a donc été une période d’attente pour savoir quelle sera la suite et si l’exposition allait se faire.
Le confinement a donné lieu à une série de coup de fils entre artistes et proches qui ont été très agréables. J’ai échangé avec certains sur leurs peurs, leurs envies et également sur nos lectures, les films que nous regardions… En tant qu’artistes, nous sommes également nombreux à avoir réfléchi sur « l’après », les manières dont nous pouvions être de plus en plus actifs face aux différentes façons de rendre visible notre travail. (via l’ASAP, l’Association de soutien aux artistes professionnels, lire ci-après)

Quelles mesures de solidarité en faveur des artistes vous ont elle particulièrement marquées ?
Il y a eu des mesures pouvant aider les artistes pendant cette période de confinement : les aides du gouvernement, le CNAP, les aides privées, les différentes actions des fondations…Nous en avons discuté entre artistes. Chacun y a essayé d’y trouvé son compte et a pu se faire aider à sa façon, ce qui est une bonne chose.
Cela a pu montrer un très bel élan de solidarité entre acteurs du monde de l’art mais aussi révéler au grand jour une très grande fragilité dans laquelle les artistes plasticiens français se trouvent depuis des années.
La véritable solidarité a été humaine et concrète via notamment l’association dont je suis
Vice-Présidente de l’ASAP (Association de soutien aux artistes professionnels) créée il y a
maintenant près de deux ans et réunissant aujourd’hui plus de 70 artistes plasticiens.

Peintre française née en 1982 à Paris, Marion Charlet suit les cours de l’Institut supérieur des Arts appliqués (LISA) de Paris en 2005 et du Chelsea College of Art and Design de Londres en 2008, avant d’intégrer la Villa Arson à Nice (École supérieure des Beaux-Arts de Nice), où elle sort diplômée en 2009.

Infos pratiques :

« Marion Charlet – David Hockney, de la couleur avant toute chose »

Exposition du 26 juin au 26 septembre 2020

La Chapelle de la Visitation 2 rue Michaud – Château de Sonnaz 74200 Thonon-les-Bains

Ouverture le mardi, mercredi, vendredi, samedi et dimanche de 14h30 à 18h Sauf les jours fériés Entrée libre

https://www.ville-thonon.fr