Laurence Bernard, Quartier des Bains-Genève, Welcome Back !

Laurence Bernard Photo: Koka Ramishvili

L’Association du Quartier des Bains a imaginé un grand week-end de réouverture, dimanche compris, pour célébrer la fin du confinement. Véritable pôle culturel de la ville de Genève regroupant le MAMCO, le Centre d’art contemporain, le Centre de la photographie et une dizaine de galeries, dont les évènements et vernissages (Nuits des Bains) sont vite devenus incontournables pour une foule bohème et décontractée. Laurence Bernard, française a jeté son dévolu sur la rue des Bains en 2017, après avoir fondé la galerie en 2014 . Elle a dans son écurie d’artistes internationaux, dont les fameux Frères Chapuisat, des français que nous apprécions tels : Caroline Corbasson (cf notre interview du 22 avril) , Stéphane Thidet (cf interview d’Annabelle Ténèze) ou Morgane Tshciember, présente dans nouvel accrochage du Mac Val. Laurence Bernard insiste sur le manque de soutien pour la galerie pendant cette crise de la part de la ville ou des autorités, le salut passant résolument par le collectif et les réseaux.

Le quartier des Bains rouvre ce week-end. En quoi est-ce un signal fort et qu’avez-vous vous prévu comme exposition ?

Après concertation avec les membres du comité de l’Association du Quartier des Bains, nous avons décidé de fixer une date symbolisant la réouverture des galeries. Ensemble nous sommes plus forts, c’est aussi le message que nous souhaitons faire passer, à l’instar d’initiatives récentes comme par exemple celle d’Emmanuel Perrotin avec son invitation aux plus petites galeries parisiennes, ou encore la série des « Platform « numériques hébergées par Zwirner. En ce sens, oui, c’est un signal fort. Cependant, la plupart des galeries ont commencé à ouvrir de nouveau dès le feu vert donné par le Conseil Fédéral. Pour ma part, j’ai voulu ouvrir le plus tôt possible, afin de donner à l’exposition programmée en mars une petite visibilité. Il s’agit d’une magnifique exposition collective intitulée Preuves, réunissant le travail de Koka Ramishvili, de Roman Signer et de Bernard Voïta. Cette exposition dédiée à la photographie sera visible jusqu’au 5 juin prochain. Puis nous présenterons dès le 11 juin, la première exposition personnelle en galerie de l’artiste suisse Selina Baumann, consacrée à la sculpture. 

Comment avez vous fait face à cette crise ?

D’une certaine façon, nous avions anticipé depuis un an ce retour aux forces locales qu’a occasionné le confinement! Les premières années d’existence de la galerie, notre calendrier était rythmé sur une cadence folle. Nous enchaînions les expositions et les foires internationales. Cela a permis à la galerie de toucher rapidement un plus large public. Cependant, à enchaîner ainsi les échéances, nous avons manqué de temps pour réfléchir et regarder. Depuis une année, nous nous sommes concentrés sur nos activités locales, dans notre espace et sur la foire d’Artgenève.  Aussi, nous avons beaucoup souffert de devoir garder les portes closes et de ne plus rencontrer les gens. J’avais imaginé, dans les premiers temps de la crise sanitaire, me lancer sur des solutions digitales, avec salles de visionnage en ligne, mais j’ai manqué de ressources humaines et financières. Aussi je n’ai rien fait de ce côté là, je ne voulais pas mal le faire ou le faire en manquant de sens. Bref, la galerie a été très fragilisée par cette crise. Malgré les promesses de soutien qu’on a pu lire dans la presse, la galerie n’a pu bénéficier jusqu’à présent d’aucun soutien, d’aucune aide. Nous avions déposé une demande de soutien auprès de la Ville de Genève, par le biais de proposition d’acquisition d’oeuvres, mais elles n’ont pas été acceptées, ce que j’ai du mal à comprendre…

Vues d’exposition « Preuves », © Galerie Laurence Bernard, Genève. Photo: Yann Haeberlin

Et du côté de vos artistes ?

Les artistes ont évidemment été très touchés, sans moyen de vendre ou de montrer leurs oeuvres. Certaines commandes ont été repoussées, des projets retardés ou encore annulés…Certains artistes ont profité de ce moment pour produire. Je pense notamment à Peter Regli, dont la prochaine exposition à la galerie est prévu en novembre 2020, et qui a imaginé une série de céramiques inspirée par son quotidien. Caroline Corbasson aussi, a mis ce temps à profit pour entamer une nouvelle série de recherches. Côté expositions Marion Baruch est proposée par la galerie Anne-Sarah Benichou (notre interview) à l’occasion de l’initiative solidaire d’Emmanuel Perrotin, Restons Unis et Marie Bovo doit être de nouveau visible à la Fondation Cartier Bresson dès sa réouverture.

Vues d’exposition « Preuves », © Galerie Laurence Bernard, Genève. Photo: Yann Haeberlin

Quand estimez vous une reprise réelle ? 

Evidemment, dire quand elle aura lieu est difficile. Nous ne mesurons pas encore toute l’ampleur des conséquences de la crise. J’espère qu’elle aura lieu dès le début de l’automne. Il faudra trouver un chemin ensemble pour mieux présenter les oeuvres de nos artistes. Nous ne pouvons pas nous passer de leurs regards sur le monde contemporain. Cela passera certainement par le digital, mais les pistes explorées pendant le confinement n’ont pas toutes été convaincantes. 


Le monde de l’art saura t-il selon vous tirer les leçons de cette alerte ou tout reviendra comme avant ?

J’ai l’espoir que de ce traumatisme nous gardions la mémoire de la force du collectif. Au moins cela…


Quelle a été votre 1ere envie de déconfinement ?

Envoyer mes deux ados chez leur père !

Infos pratiques :

Koka Ramishvili, Roman Signer, Bernard Voïta
Preuves : exposition collective de photographies
13.05 / 05.06.2020 

Galerie Laurence Bernard
37, rue des Bains
1205 Genève

http://www.galerielaurencebernard.ch/

Les galeries du Quartier des Bains resteront ouvertes jusqu’au dimanche 31.05 de 11h à 18h. 
Pour la sécurité de tous, nous vous accueillerons en respectant les consignes énoncées par l’OFSP. 

www.quartierdesbains.ch