Covid-19 et marché de l’art : Laure Roynette, galeriste

Nous poursuivons notre tour des acteurs du monde de l’art brusquement impactés par cette situation sans précédent avec Laure Roynette, fondatrice et directrice de la galerie éponyme dans le marais. Elle y soutient depuis 2011 des artistes d’aujourd’hui « dont le talent multiforme percute les certitudes, ouvre une fenêtre d’alternatives, questionne et réenchante le monde».. Faisant sienne l’expression de Robert Storr « Machines à aura », Laure aime « les œuvres qui stimulent, aident à réfléchir sur la vision du monde et peut-être même parfois à la changer ».

Elle a à peine ouvert et aussitôt refermé l’exposition de Léonard Bourgois-Beaulieu mais reste positive sur la suite. Une belle leçon d’énergie.

1. Comment vous organisez-vous pour faire face à cette crise sans précédent avec votre galerie ?


Il faut bien le dire il n’a pas été facile de prendre la décision de fermer notre galerie jusqu’au 15 avril…Nous venions juste de faire le vernissage de l’exposition personnelle « Se nommer soi-même » de Léonard Bourgois-Beaulieu le 12 mars ! Une exposition c’est des mois de travail pour la construire, la produire, l’installer…et le sujet sur l’identité qu’aborde le travail de Léonard Bourgois Beaulieu nous tient particulièrement à coeur. Pour être très franche, les premiers jours nous avons tous été un peu abattus puis on s’est organisé en télétravail et nous avons décidé avec les artistes de continuer à alimenter les réseaux sociaux d’images de leurs ateliers, de faire plus de vidéo, plus d’interviews, d’entretenir quotidiennement le lien avec les collectionneurs, journalistes, amateurs qui nous soutiennent.

Léonard Bourgeois-Beaulieu, le soir du vernissage


2. Les solutions virtuelles et digitales comme pour la foire Art Basel avec les « OnLiningViewing Rooms » ou les musées et leur virtual tour, vous semblent-elles indispensables pour donner la visibilité nécessaire à vos expositions événements associés pendant cette période ?


Oui ce sont de très belles idées et nous aimerions tant, nous les galeries de taille moyenne, y être associées. Peut-être que la solidarité va s’installer et que les solutions virtuelles des grandes foires vont dans un nouvel élan s’ouvrir un peu ?
En attendant, nous développons les images sur notre site, sur instagram, sur you tube,
facebook.

3. Quel impact peut avoir selon vous un tel séisme sur le monde de l’art ? et restez-vous positive ?
N’oublions pas la magnifique phrase de Robert Filliou « L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art ».
Oui je reste positive, nous allons gagner ce combat. Nous allons prolonger l’exposition « Se nommer soi-même » de Léonard Bourgois Beaulieu pour que tout le monde puisse découvrir ses photographies à la réouverture de la galerie et décaler les prochaines expositions.

4. Comment réagissent vos artistes et comment les accompagnez-vous ?


Les artistes ont l’habitude de travailler seuls dans leurs ateliers. Ils sont sereins et certainement cette période va avoir un impact sur leur création.
Je les accompagne en gardant un contact étroit, en échangeant des textes sur l’art, des podcasts comme par exemple l’excellent Journal de confinement de Wajdi Mouawad et, comme il le dit si bien, « défaire le confinement par ce qui nous rend humain, la parole partagée (…) dire la présence, (…) faire preuve de présence les uns envers les autres…

5. Pensez-vous qu’en matière de conscience écologique cette crise soit une alerte et entraine des changements durables dans nos habitudes et comportements ?


Je l’espère.

L’exposition de Léonard Bourgeois-Beaulieu, se nommer soi-même, sera prolongée.

Suivre l’artiste :

http://www.leonardbb.com/

Galerie Laure Roynette

20 rue de Torigny, 75003, est fermée

https://www.laureroynette.com/