Rachel Rose, Lafayette Anticipations visite en images*

Même si l’exposition a fermé ses portes, voici en images quelques œuvres essentielles pour apprécier et découvrir ce voyage labyrinthique autour du cycle du temps depuis la naissance jusqu’ à l’au delà. Avec la commissaire et directrice Rebecca Lamarche-Vadel l’artiste américaine qui travaille autour de l’idée d’états transitoires, de fluides sonores et lumineux, de transmutations de la matière et du temps, a imaginé une scénographie engageant une traversée initiatique et sensorielle et offrant des espaces multiples, des surfaces, matières, textures choisies pour leur qualité réflexologique.

Rachel Rose © Andrea Rossetti / Lafayette Anticipations, Paris

À travers cinq installations vidéo et un ensemble de sculptures, Rachel Rose, pour sa première grande exposition à Paris, explore la métamorphose des corps et des états au cours d’une vie. L’artiste s’interroge sur ce qui fait de nous des êtres humains et sur les moyens que nous mettons en place pour modifier, améliorer voire échapper à notre condition. L’artiste explore continuellement les évolutions de notre rapport à l’environnement naturel, et comment il a façonné de nouveaux modes de narration et de systèmes de croyance.

© Rachel Rose. Courtesy de l’artiste, Galerie Pilar Corrias, Londres et entreprise Gavin Brown’s, New York / Rome

Le parcours :

Le parcours s’ouvre sur les Borns, une nouvelle série de sculptures en forme d’œuf évoquant la reproduction. Composées de verre et de minéraux, elles sont en réalité formées d’une seule et même matière – le sable – capturée dans deux états et deux moments différents : le verre est fait de sable, et le sable de roche pulvérisée. 

La vidéo Sitting Feeding Sleeping nous emmène dans divers lieux liés aux concepts d’évolution, de mortalité et de permanence : différents zoos à travers les États-Unis, un laboratoire de perception robotique ainsi qu’un laboratoire de cryogénie où des cadavres sont congelés à très basse température dans l’espoir d’une résurrection future.
À travers la juxtaposition de ces différents lieux, l’artiste explore les concepts actuels d’existence et compare les méthodes artificielles de conservation et de prolongation de la vie avec nos modes de vie actuels. Elle reconnaît un flou commun entre les états de vie et de mort dans chacun de ces lieux, ainsi qu’une abstraction de notre environnement.

Rachel Rose. © Andrea Rossetti / Lafayette Anticipations, Paris

Centré sur le thème de l’enfance, Lake Valley est un film d’animation composé de photogrammes en celluloïd dessinés à la main et de plaques superposées qui forment un collage à partir de milliers d’illustrations de livres pour enfant des XVIIIe, XIXe et XXe siècles.
Lake Valley est issu des recherches de Rachel Rose sur les notions occidentales de séparation entre l’enfance et l’âge adulte. Reconnaissant les thèmes de l’abandon et de la séparation comme un récit dominant dans les premiers contes pour enfant, Rachel Rose a composé une fable à partir des sources littéraires passées faisant l’objet de ses recherches pour raconter sa propre interprétation de la solitude.

Wil-o-Wisp est la première d’une série d’œuvres filmiques où Rachel Rose s’intéresse à des bouleversements économiques, environnementaux et spirituels radicaux. Le film interroge sur la manière dont le processus de privatisation des terres a transformé le rapport des individus à leurs environnements. 
Wil-o-Wisp (2018) suit le personnage fictif d’Elspeth Blake, mystique et guérisseuse, au cours de trois décennies de transformation dans l’Angleterre rurale du 17ème siècle. À travers une série de tableaux, nous assistons au déroulement de sa vie dans un monde où la forêt était imprégnée d’animisme et où la magie était réelle. Au même moment, le processus d’enclosure – la division des terres communes – refaçonnait violemment le paysage, le transformant en ce qui allait faire advenir la société industrialisée moderne.

Autoscopic Egg explore la relation entre notre environnement et le monde spirituel. L’artiste a créé un grand œuf en résine dont elle a électrocuté le centre pour produire une fréquence électrique figée qui divise visiblement l’œuvre en deux moitiés. Deux séquences d’archives de Fred Astaire exécutant une chorégraphie identique en deux occasions différentes sont projetées à travers l’œuf.
En neurologie, une hallucination autoscopique décrit l’expérience extracorporelle pendant laquelle on voit l’image de son propre corps projetée devant soi. Autoscopic Egg y fait référence en projetant les deux performances de Fred Astaire l’une à côté de l’autre, ses mouvements se reflétant parfaitement de l’une à l’autre.

L’œuvre vidéo Everything and More explore l’expérience humaine de l’infini. Rachel Rose a interviewé l’astronaute David Wolf sur son expérience de marche dans l’espace et les nouvelles perceptions qu’il a découvertes lors de son retour sur Terre. Sa narration au style informel est entrecoupée d’un montage de distorsions sonores d’une interprétation d’une performance par Aretha Franklin en 1972 que Rachel Rose a créées au spectrographe, un instrument d’astronomie.
L’artiste a tourné Everything and More dans un laboratoire de flottabilité neutre équipé d’un bassin où les astronautes s’initient à l’apesanteur. La caméra zoome à plusieurs reprises sur un casque de combinaison spatiale situé près du bassin : à chaque fois, ce mouvement se fond avec des images de foules dans des concerts ainsi que des plans macroscopiques de lait, d’huile et d’encre. Dans la tour de verre qui offre cette vue sur les toits de Paris, l’écran LED semi transparent capte autant la lumière naturelle que l’œuvre pour un résultat assez incroyable.

Rachel Rose | Lafayette Anticipations