L’expérience Ben Russell au Frac Ile de France- le Plateau

Ben Russell Image du tournage de The Invisible Mountain , 2019 © Jakov Munizaba

Un Frac en grève le soir du vernissage mais la magie est toujours opérante face au nouveau projet de l’artiste américain Ben Russell invité par Xavier Franceschi. Des travellings en apesanteur qui nous mettent dans un processus d’attente à l’instar des protagonistes face à des paysages inviolés. Une dimension parallèle que le sujet est amené à vivre dans son corps dans un Frac entièrement remodelé. Puissant et prophétique !

Il y a du Thoreau chez cet artiste chaman. On a envie de tout quitter et le suivre…

Artiste, cinéaste et commissaire d’exposition, son travail se déploie surtout in-situ, sur le lieu de projection, et nous invite à une expérience à la fois incarnée et hallucinatoire de l’image documentaire. La montagne invisible est une installation audiovisuelle multiple conçue comme un voyage vers l’infini : une immersion dans la documentation retraçant le pèlerinage d’un voyageur finlandais en quête d’un sommet utopique, qui se déploie comme un labyrinthe vidéo, où prologues, épilogues et interludes disruptifs s’entremêlent.
Formant l’un des chapitres d’un important projet multiforme intitulé THE INVISIBLE MOUNTAIN ,* l’installation de Ben Russell au Plateau s’inspire, à l’instar d’Alejandro Jodorowsky, Philippe Parreno, Patti Smith et John Zorn, de l’œuvre de René Daumal, Le Mont Analogue (1952). Puisant librement dans cette nouvelle décrivant la quête impossible d’un groupe d’explorateurs à la recherche d’une montagne utopique flottant dans l’océan, THE INVISIBLE MOUNTAIN prend pour objet une quête spirituelle actuelle, dont la trajectoire nous mène de la Finlande à la Grèce jusqu’à l’au-delà.
L’espace du Plateau est transformé en une chorégraphie de mouvements où le voyage – à la fois road trip / tournée de concerts / pèlerinage / état d’altération – est le sujet central. La bande-son évolutive et hypnotique se caractérise par une approche sculpturale du son (réalisé en collaboration avec le créateur sonore Nicolas Becker). L’image est traitée de manière à produire des effets de synchronisation stroboscopique aléatoires à travers un ensemble d’écrans. L’installation cherche à hisser le spectateur jusqu’au sommet étourdissant de cet hypothétique Mont Analogue – d’où l’on peut voir, sentir et entendre simultanément tous les points de vue.
En mettant l’accent sur la projection en tant qu’objet à travers sa réalité matérielle, via des écrans inclinés, des surfaces de couleur vibrante, des signes graphiques en miroir et des effets d’illusion, cette installation offre au visiteur l’expérience radicale et marquante d’un monde au bord de la dissolution. La dématérialisation guette !

Infos pratiques :

La montagne invisible

jusqu’au 5 avril

https://www.fraciledefrance.com/lieux/plateau/