« Front, menton, coup, hanches, poitrine, tête, bouche, les deux mains sur les genoux,
Figure 2 s’arrête, tête baissée« .. ces mots prononcés par Marina Hands d’une voix chaude sur une musique d’Owen Belton scandent et cadencent les duos du premier mouvement de la chorégraphe canadienne star. Il est question de corps et de langage. On se croirait dans une peinture de Bacon ou du Caravage. Tension des danseurs virtuoses au service de ce climat étrange. Conflits. Collisions. Etreintes. Main tendue. Etre soi-même ou faire partie du groupe ? On est sur le fil du rasoir dans ces premières minutes. Suspens.
Le 2ème tableau accompagné des Préludes de Chopin se concentre sur les rapports de force avec une grand sobriété des costumes et de la mise en scène. Elégance de ces envols et effets de feuilletés du groupe dont la chorégraphe a le secret. Corps pris dans la houle. Puis la petite voix revient de plus en plus lointaine et parcellaire. « Elle est à la fois un pèlerin et notre guide dans ce monde scénique sacré« , commente l’artiste.
Le dernier acte par contre déstabilise avec cette vision post apocalyptique et désolée, viscérale, d’un monde dominé par des insectes étranges et bouillonnants. Une fable macabre et disruptive sur fond doré, d’un monde où les humains ont disparus, avant que le tout ne vire à un show très rock. Un revirement surprenant et presque décevant malgré l’interprétation toujours virtuose des 41 danseurs. On ne boude pas son plaisir même si les spécialistes restent sur peu leur faim Crystal dont la blondeur et douceur de visage ne laisse rien présager du sauvage de ses créations, ayant moins le feu sacré que pour sa précédente production « The Season’s Canon » (2016).
jusqu’au 23 novembre
Crystal Pite – Ballet – Programmation Saison 19/20 – Opéra …