Les Extatiques #4, l’édition de la résilience

Daniel Arsham, Bronze Eroded Bust of Zeus, 2020 courtesy of the artist & Perrotin gallery photo Marie de La Fresnaye

Malgré la pandémie, le Département des Hauts-de-Seine et Paris La Défense ont maintenu leur engagement pour cet évènement qui offre aux parisiens, franciliens et touristes de passage un parcours d’œuvres en plein air entre La Seine Musicale et l’Esplanade de Paris La Défense tout l’été et en accès gratuit. Il convient de souligner le rôle des galeries qui ont répondu à l’appel de Fabrice Bousteau, commissaire et parfois dans un laps de temps très court.

Johan Creten Les Extatiques 2021 ©️ Paris La Défense Hauts de Seine Photo Martin Argyroglo

L’année dernière les artistes Elsa Sahal et Choi Jeong Hwa apportaient beaucoup de poésie sur les bords de la Seine dans ce paquebot flottant de l’Ile Seguin. Stéphane Thidet avec le message « Pour tes beaux yeux » posé sur la façade semble moins inspiré, tandis que les grands pupitres de Lilian Bourgeat avec leur taille démesurée jouent sur un côté ludique même si la vraie belle surprise vient de Nils-Udo (galerie Pierre-Alain Challier) avec une installation reprenant la forme d’une fleur et ses grands pétales sur un promontoire à la pointe de La Seine Musicale offrant une vue magnifique. Les sculptures de Jean-Bernard Métais (galerie La Forest Divonne) dites sensorielles avec cet effet de résille au sol créent des prismes de lumière. Noël Dolla avec son installation visible du ciel, ce SOS formé par de petits tissus de soie peints à la main par l’artiste qui réagissent à l’effet du vent, aura peut-être plus de mal à convaincre le regardeur.  

Jean François Fourtou Les Extatiques 2021 ©️ Paris La Défense Hauts de Seine Photo Martin Argyroglo

Après ce panorama très –trop- masculin, nous abordons le quartier de la Défense qui a entrepris un important travail de végétalisation et d’animation culturelle en plus des œuvres qui existent déjà (50 au total), pour renforcer son attractivité. Les Extatiques y contribuent. On passera sur les velléités d’Alain Passard qui après le jardin, investit l’art avec une grande sculpture figurant un fouet utilisé dans les cuisines de ses restaurants étoilés. Certes dans la perspective l’effet illusionniste de l’arbre fonctionne assez bien mais appeler cela de l’art il y a encore de la marge ! C’est avec l’artiste allemande Luka Fineisen (galerie Papillon), seule femme de cette édition, ce qui mérite d’être souligné, que l’on atteint une véritable magie et légèreté avec l’œuvre « Awakening ». Ces plumes blanches qui vibrent selon divers pulsations et oscillent entre douceur et préciosité. On est déjà plus proche de cette extase qui est le fil rouge qui a guidé Fabrice Bousteau comme on le découvre avec ce qu’il appelle l’exposition dans l’exposition. Une mini rétrospective dans des panneaux mis à disposition par JC Decaux où l’on traverse l’histoire de l’art entre pamoison mystique et extases plus contemporaines comme avec Sophie Calle ou Sophie Lancrenon qui a saisi les corps de danseurs et danseuses de l’Opéra de Paris dans le mythique hôtel Lotti en pleine réhabilitation.

Jean-François Fourtou (Rx galerie) est un magicien. Il plante ses maisons pour géants tombées du ciel (Lille Fantastic) dans des lieux inattendus ou des cabanes, ruches, girafes…jouant entre les échelles et nos souvenirs d’enfance. Pour l’Esplanade, la « Maison couchée » renvoie à celle de son oncle qu’il a recréé entièrement. On ne peut la traverser du fait des restrictions en vigueur mais on aperçoit par les fenêtres tout le mobilier.  L’artiste Ghyslain Bertholon (School gallery) illustre ce concept de résilience qui qualifie je trouve, cette édition à partir d’une allégorie paysagère d’une souche calcinée dans laquelle le manche d’une hache devient arbre de vie.

Après un Tony Cragg assez spectaculaire qui tutoie les sommets des tours de Cœur Défense, c’est la galerie Perrotin qui marque l’estocade finale avec d’une part Johan Creten et ses visions hallucinées transposées en céramique et d’autre part, Daniel Arsham avec ce buste de Zeus qui joue de télescopages spatio-temporels avec brio dans la belle perspective historique Arc de Triomphe-Arche de La Défense. Son intervention au Musée Guimet entre archéologie présente et future m’avait beaucoup séduite.

Je dirais pour conclure que même si les propositions sont parfois inégales, goûtons au plaisir des retrouvailles avec l’art au grand air lors de promenades urbaines ou le temps d’un concert à La Seine Musicale.

Infos pratiques :

Les Extatiques 2021

Jusqu’au 3 octobre

Plan des artistes à La Défense

Les Extatiques à Paris La Défense (parisladefense.com)

Plan des artistes à La Seine Musicale

Les Extatiques à La Seine Musicale (parisladefense.com)

En accès libre

https://parisladefense.com/