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Napoléon ? encore ! visite au-delà de la polémique

Pascal Convert Memento Marengo ©musée de l’Armée, Anne-Sylvaine Marre-Noël courtesy l’artiste

Célébration ou commémoration ? alors que la question a monopolisé ce Bicentenaire de la mort de l’Empereur avec une possible récupération politique, les artistes donnent une réponse multiple et contrastée à cet héritage, invités dans le temple de la mémoire napoléonienne : l’Hôtel des Invalides-musée de l’Armée par Eric de Chassey, commissaire de ce parcours d’art contemporain Napoléon ? Encore ! de Marina Abramović à Yan Pei-Ming. Un signal d’ouverture de la part du musée de l’armée qui a donné carte blanche au commissaire et aux artistes dans l’ensemble des espaces des Invalides, ce qui ne s’était jamais vu. Cette Saison Napoléon propose également une exposition patrimoniale Napoléon n’est plus autour de la mort du héros et sa mythologie grandissante.

Pour tout de suite évacuer la polémique qui brouille quelque peu cette démarche, la création de Pascal Convert, « Momento Marengo » ce cheval de la discorde pour les puristes du souvenir napoléonien, n’est autre que l’évocation du squelette de Marengo, suspendu au-dessus du tombeau de l’Empereur signé Visconti sous le Dôme monumental.  Prise de guerre des anglais après Waterloo devenu une légende, le cheval préféré de l’empereur reconstitué en 3D, accomplit le rite antique évoqué par Hérodote, qui, comme le précise l’artiste,  stipulait que le combattant soit enterré avec sa monture. Eric de Chassey déplore lors de la conférence de presse qu’à notre époque « la communication ait pris le pas sur l’art », les réseaux sociaux se sont en effet enflammés alors que l’œuvre ne soit dévoilée.

Fabrice Hyber, Napoléon ? Encore !

Cette polémique s’inscrit dans une relecture beaucoup plus large autour de la cancel culture mais ne doit pas occulter le long travail de recherche entrepris par Eric de Chassey, éminent historien de l’art et directeur de l’INHA. Que nous dit l’héritage laissé par Napoléon ? N’a-t-il été que le fossoyeur de la Révolution ? Pourquoi une telle hagiographie autour de cette figure ? Qu’en est-il de l’idéal de la conquête ? du héros masculin ? de l’échec ? … autant de valeurs qui traversent les réponses des artistes invités.

Adel Adessemed, Cheval de Turin

Parmi cette trentaine de propositions, le cheval blanc de Marina Abramović ou celui en ruade d’Adel Adessemed (en référence à Nietzsche), attirent moins les foudres des spécialistes sans doute de par leur emplacement moins stratégique. Chez Adel Adessemed il est question des animaux de la guerre, sacrifiés et souvent les oubliés de l’Histoire. Autre proposition choc : la peinture de Damien Deroubaix qui présente Napoléon sous les traits d’un esclave noir avec comme titre : 20.V 1802, date du rétablissement de l’esclavage, tache indélébile de la mémoire napoléonienne.  Yan Pei-Ming le représente se couronnant lui-même, Fabrice Hyber dessine son paysage biographique, selon sa formule, dans la merveilleuse salle des soldats de plomb, Stéphane Calais avec c’est le chapeau qui fait fait l’homme rebondit sur son tricorne légendaire, Georges Tony Stoll qui apostrophe Eric de Chassey pendant la visite lui reprochant de ne pas l’avoir prévenu qu’il serait dans la salle d’Austerlitz déconstruit la scène de la bataille, tandis qu’Hélène Delprat s’inscrit et détourne le côté ornemental des apparats et attributs militaires. A noter que 5 artistes de moins de 35 ans ont été parrainés par leurs pairs : Juliette Green, Pablo Gosselin qui transforme le plomb en abeilles, Célia Muller, Shu Rui et Laure Subreville.

Pavel Pepperstein, Napoléon à Moscou

Mention spéciale à Kapwani Kiwanga qui a choisi de figurer dans la Cathédrale Saint-Louis des Invalides, lieu imposant avec cette architecture baroque à la gloire des combattants. Nations, Snake Gully, Nation, La Ravine à couleuvres est une installation constituée de drapeaux, emblèmes de la culture vaudou en Haïti et de fragments d’images de gravures européennes illustrant la révolution et guerre d’indépendance haïtiennes. Parmi les étendards des soldats de l’armée napoléonienne, cet épisode résonne fortement.

Rideau final très abouti avec le long travelling d’Ange Leccia (D’)après Sainte-Helène, sorte de dérive mélancolique d’un Napoléon au seuil de son existence, abandonné de tous qui à l’heure du jugement final, contemplerait l’horizon. L’artiste, insulaire et corse comme Napoléon a toujours été fasciné par la mer. Une subtile méditation sur la vanité du pouvoir, le temps qui passe et ce que l’on laisse derrière soi.

Infos pratiques :

Saison Napoléon

Napoléon ? Encore !

Jusqu’au 30 janvier

Napoléon n’est plus

Jusqu’au 19 septembre

Catalogues pour chacune des expositions

Rendez-vous sur la billetterie en ligne

 Hôtel des Invalides

129 rue de Grenelle Paris 7

https://www.musee-armee.fr/

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