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Christo : le choc et son calendrier parisien, les témoignages pleuvent

« Moi, ce que je veux, c’est que les gens entrent dans le tableau ». 

Mort à l’âge de 84 ans à New York hier, dimanche 31 mai, Christo rejont sa femme dans son ultime demeure, sa compagne, Jeanne-Claude, inspiratrice et co-auteure de toutes ses oeuvres. C’est ensemble qu’ils ont inventé l’art de l’empaquetage (il rejetait le terme emballage) dans le monde entier. Pour nous français le choc est d’autant plus immense que son ultime projet pour l’Arc de Triomphe a du être reporté d’un an pour cause de coronavirus et sa rétrospective au Centre Pompidou devenue quasi-fantôme (cf notre interview Bernard Blistène). Il faudra patienter jusqu’au 1er juillet et la réouverture du Centre pour redécouvrir toutes ces recherches autour des matériaux, textures, couleurs…

Christo Surrounded Islands, Floride, 1980-1983 © Wolfgang Volz

Ayant fui la Bulgarie communiste dans un wagon de marchandises Christo Vladimirov Javacheff arrive à Vienne puis à Genève et à Paris en 1958, sa ville de coeur même s’il finit par choisir l’Amérique comme refuge et nationalité, tout en restant profondément nomade, comme ses oeuvres faites de toiles. Le Pont-Neuf le révèle en 1985 après 10 ans d’âpres négociations et c’est finalement François Mitterrand qui donne le feu vert, devant les réticences de Jacques Chirac, maire de Paris. Le coût de 4 M$ est entièrement financé par le couple par la vente de travaux préparatoires et soutenu par des mécènes, selon le concept d’auto-financement qui lui tenait à coeur. Christo n’a jamais eu de galeries et a inventé son propre système de holdings d’un projet à l’autre. En 1995 c’est le Reichstag de Berlin, sans doute le symbole le plus fort qui nécessite 90 alpinistes et attire le plus d’adhésion : 5 M de visiteurs.

Un homme se tient sur un vestige du mur de Berlin, devant l’oeuvre de Christo « L’empaquetage du Reichstag », le 22 juin 1995. JAN BAUER / AP

The Gates dans Central Park : 7603 portiques couleur safran avait sur 37 kilomètres a demandé le plus d’années d’attente mais son projet ultime pensé dès 1977 concernait le désert d’Abhu Dabi où il devait ériger un mastaba géant en empilant des bidons colorés, comme il l’avait pensé la première fois à Paris en 1962, en guise de contestation contre le Mur de Berlin. Christo a su véritablement démocratiser l’art et le sortir des musées, cela explique sans sa grande popularité. Encore récemment sur le lac d’Iseo au Nord de l’Italie, les gens pouvaient marcher sur l’eau grâce à ces « Floating piers », pontons flottants sur 3 kilomètres.

« Notre travail parle de liberté » résumait l’artiste, et personne ne pouvait en effet commercialiser l’oeuvre, faire jouer la billetterie ou en diffuser des produits dérivés. Seule l’expérience compte. A l’heure de l’intense marchandisation de l’art c’est sans doute le message le plus vibrant qu’il nous laisse. 

Facebook : Christo and Jeanne-Claude official

STATEMENT ON CHRISTO
May 31, 2020

Artist Christo Vladimirov Javacheff, known as Christo, passed away of natural causes today, on May 31, 2020, at his home in New York City. He was 84 years old.… Afficher la suite

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Infos pratiques :

« Christo et Jeanne-Claude, Paris ! »

Centre Pompidou

1er juillet 

https://www.centrepompidou.fr/

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