Nina Childress ou la mise à mort de la peinture -Fondation Ricard

Nina Childress, “BE (07) (fourrure)” (2016). 100 x 81 cm. Huile sur toile Courtesy de l’artiste et Galerie Bernard Jordan (Paris / Zurich) © Aurélien Mole / ©ADAGP, Paris, 2020

Nina Childress a 59 ans cultive les paradoxes. Discrète, son vernissage à la Fondation d’entreprise Ricard électrise les inconditionnels de l’art et des medias, anti-système elle est prof aux Beaux Arts de Paris et son commissaire est Eric Troncy directeur du Consortium de Dijon, résolument anti parisien. Les années punk underground quand elle fonde le groupe Lucrate Milk et rencontre les frères Ripolin ont laissé des traces dans la liberté qui l’anime. Iconoclaste, Nina Kuss (son nom d’icône) est-elle devenue rangée ?

Sa peinture elle résiste à toute emprise ou tentative de classement. « Bad » or « good » ce sont les deux facettes d’une même image qui l’inspire. « Je n’ai pas vocation à faire une peinture universelle, sublime, essentielle, intelligente.. » comme elle le déclare. Et à partir de là tout est possible. Son Enterrement à Ornans devient le théâtre d’amazones ou Femen en plein délire, Catherine Deneuve et sa sœur : genoux serrés, Sylvie Vartan : Bras cassés, Léda et le cygne une séquence sado maso, c’est trash mais toujours réjouissant. Un brin caricatural et potache. Entre acide et acidulé.

Vue de l’exposition Lobody Noves Me © Aurélien Mole

Le Crac de Sète dirigé alors par Noëlle Tissier l’avait invitée en 2015 et l’on avait découvert tout le panel vert radioactif ou délavé de ces héroïnes déchues à la Sissi impératrice qui se débattent tant bien que mal avec leur destin. France Gall, Sylvie Vartan, Jane Birkin idoles des 70ies non retouchées par Photoshop sont les derniers témoins d’une époque qui précède l’obsolescence programmée et les réseaux sociaux. Elle en fait son terrain de jeu dans une logique jusqu’au-boutiste et jubilatoire. Au delà de tout piège visuel comme le revendique Eric Troncy dans un accrochage particulièrement pertinent.

Infos pratiques :

Lobody Loves me

Nina Childress

jusqu’au 28 mars

Entrée libre

https://www.fondation-entreprise-ricard.com