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Saison transatlantique au Palais de Tokyo : « ECHO DELAY REVERB : Art américain, pensées francophones »

Vue d’exposition collective, «ECHO DELAY REVERB: Art américain, pensées francophones », Palais de Tokyo (Paris), 10.22.2025 –02.15.2026 Crédit photo: Aurélien Mole

Entre surface critique, essai universitaire et recherches théoriques, la nouvelle saison du Palais de Tokyo dépasse le cadre habituel d’une exposition. Elle fait office d’ovni et il n’est pas évident de la traduire en mots qui l’enfermeraient ou en réduiraient la portée.

Si l’expression « French Theory » s’est imposée dans les années 1990 pour désigner l’enthousiasme américain envers des penseurs tels que Roland Barthes, Michel Foucault, Gilles Deleuze ou Jacques Derrida, d’autres figures comme Suzanne et Aimé Césaire, Frantz Fanon, Édouard Glissant ou encore Monique Wittig ont joué un rôle tout aussi essentiel, tant dans le champ artistique que dans les études culturelles, postcoloniales, féministes et de genre.

C’est tout l’objet de la carte blanche confiée à la commissaire américaine Naomi Beckwith, Chief Curator du Musée Guggenheim et directrice artistique de la Documenta 16 (2027), qui investit l’ensemble des espaces du Palais de Tokyo. 

Vue d’exposition collective, «ECHO DELAY REVERB: Art américain, pensées francophones », Palais de Tokyo (Paris), 10.22.2025 –02.15.2026 Crédit photo: Aurélien Mole 

Sa proposition allie en profondeur la réception de la pensée française et francophone dans l’art américain de ces dernières décennies, comme le souligne Guillaume Désanges. Une circulation transatlantique des formes et des idées et une aventure curatoriale inédite entre une institution française et une personnalité internationale.

Ce dialogue fertile prend la forme de l’exposition collective « ECHO DELAY REVERB : Art américain, pensées francophones » qui réunit une soixantaine d’artistes, d’une exposition monographique du sculpteur américain Melvin Edwards, la première en France et de l’œuvre in situ de l’artiste Caroline Kent.

Vue d’exposition collective, «ECHO DELAY REVERB: Art américain, pensées francophones », Palais de Tokyo (Paris), 10.22.2025 –02.15.2026 Crédit photo: Aurélien Mole 

« ECHO DELAY REVERB : Art américain, pensées francophones » déploie une cartographie originale de ces échanges parfois méconnus entre plusieurs générations d’artistes autour de la dissémination de la théorie des penseurs et activistes francophones par des artistes historiques tels que Renée Green, Lorna Simpson, Glenn Ligon, Cindy Sherman et plus jeunes : Kameelah Janan Rasheed, Char Jeré et Cici Wu. Les questions de l’archive, de la dispersion, des hiérarchies, de la critique des institutions, des temporalités hybrides traversent les propositions.  

Parmi les commandes spéciales pour l’occasion : l’installation afro-futuriste de Char Jeré The Zone of Non- Being et Out of Bounds de Kameelah Janan Rasheed autour de l’intertextualité et de la poétique expérimentale noire. 

Vue d’exposition collective, «ECHO DELAY REVERB: Art américain, pensées francophones », Palais de Tokyo (Paris), 10.22.2025 –02.15.2026 Crédit photo: Aurélien Mole 

Dans le passionnant chapitre intitulé « l’abjection en Amérique » autour de la violence et de la catastrophe, l’installation monumentale de Pope L The Polis or the Garden or Human Nature in Action (1998-2025) est réactivée : cette collecte de 1200 oignons peints qui vont germer et pourrir se veut une allégorie du vivant comme outil critique de l’ordre social.

Vue d’exposition collective, «ECHO DELAY REVERB: Art américain, pensées francophones », Palais de Tokyo (Paris), 10.22.2025 –02.15.2026 Crédit photo: Aurélien Mole 

Autre focus sur la sexualité et le genre à partir des écrits théoriques sur fond d’épidémie du VIH et des luttes collectives. La photographie (Laurie Anderson ou Lorna Simpson) ou la peinture (Amy Sillman, Meleko Mokgosi) explorent l’érotisme du regard et le poids des assignations. 

Complément indispensable, l’ouvrage qui accompagne l’exposition. Dirigé par Naomi Beckwith et Elvan Zabunyan, professeure d’histoire de l’art contemporain à l’Université Paris 1 – Panthéon- Sorbonne, il est publié par les éditions B42. (Disponible à la librairie du Palais de Tokyo).

Vue d’exposition personnelle, Melvin Edwards, Palais de Tokyo (Paris), 22.10.2025 –15.02.2026© Melvin Edwards / ADAGP, Paris, 2025Crédit photo : Aurélien Mole

L’exposition monographique du sculpteur Melvin Edwards couvre 60 ans de création et d’échanges entre les États-Unis, les Caraïbes et l’Afrique de l’Ouest. Elle revient sur l’épisode fondateur de son exposition à Paris à l’UNESCO en 1984, engageant une décolonisation des savoirs. Habitées de musique jazz et de poésie -rencontre avec Édouard Glissant à Paris- ses sculptures hybrides et complexes ravivent la puissance des géographies de l’Atlantique Noire dans un hommage à l’histoire mémorielle et collective américaine.

Infos pratiques :

Saison Automne-Hiver 2025

« ECHO DELAY REVERB : Art américain, pensées francophones »

MELVIN EDWARDS

AU SEIN DU VOILE, UNE GRAMMAIRE CAROLINE KENT

Jusqu’au 15/02/2025

Palais de Tokyo

https://palaisdetokyo.com

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