Pooya Abbasian, Oxalis (détail), 2024 courtesy de l’artiste
Pooya Abbasian a été choisi le 7 octobre 2025 par le jury parmi les cinq finalistes suivants Dana Cojbuc, Virginie Ittah, Marie-Luce Nadal, Ana Sant’Anna et Laure Winants et 552 dossiers étudiés en amont.
Le Jury présidé de Lee Ufan, était composé de :
Clément Chéroux, Directeur de la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris, historien de la photographie et docteur en histoire de l’art ; Charlotte Le Bon, actrice reconnue sur la scène internationale, réalisatrice et artiste plasticienne ; l’artiste contemporaine et lauréate du Prix Art & Environnement 2024 Caroline Corbasson. Ils sont joints par Gabrielle Saint-Genis, Présidente et CEO de la Maison Guerlain, Ann Caroline Prazan, directrice Art, Culture et Patrimoine de la Maison et Claire Coletti, Directrice Développement Durable chez Guerlain. Du côté de Lee Ufan Arles, Esra Joo, directrice du Studio Lee Ufan, commissaire d’exposition, galeriste et vice-présidente de Lee Ufan Arles, ainsi que Juliette Vignon, coordinatrice générale de Lee Ufan Arles.
Récompensant chaque année un projet mettant au cœur de ses préoccupations les rapports féconds et multiples entre la création artistique et l’environnement, le prix permet au lauréat de bénéficier d’un atelier et d’un programme d’accompagnement sur-mesure au cours d’une résidence d’une durée de six à huit semaines, ainsi que d’une exposition dans l’Atelier MA de Lee Ufan Arles pendant la période estivale 2026.
Le projet : Séneçon
Pour sa résidence à Lee Ufan Arles, Pooya Abbasian souhaite aborder un projet intitulé Séneçon, né del’observation des plantes dites « sauvages », souvent qualifiées de « mauvaises herbes ». Fréquemment arrachées, ignorées ou, à l’inverse, sacralisées, déplacées et revendues, ces plantes incarnent une présence silencieuse mais persistante. Leur capacité d’adaptation, de résistance et de dissémination constitue le cœur de la réflexion de l’artiste : véritables voyageuses involontaires, transplantées d’un territoire à un autre, elles deviennent selon les contextes tantôt nuisibles, tantôt précieuses. À travers la série , l’artiste explore les tensions contemporaines liées à ces formes de vie marginales : l’ambiguïté entre rejet et fascination, la transformation de l’exclu en valeur, la question du territoire et de l’hospitalité du vivant, ainsi que les récits invisibles contenus dans le paysage. Ces paradoxes deviennent pour l’artiste une manière d’interroger la complexité de notre rapport au vivant.
Cette réflexion prend forme à la croisée de la vidéo et de la peinture. Durant sa résidence, Pooya Abbasian filmera ces plantes dans leur habitat naturel, attentif aux mouvements imperceptibles, aux frémissements et aux variations de lumière. Il ne s’agira pas de documenter, mais de saisir un état de présence éphémère, entre apparition et effacement. Les images obtenues seront ensuite transférées sur des supports sensibles, toiles, papiers photosensibles ou autres matériaux réactifs à la lumière, mêlant image animée et image fixe. Ce processus matérialise la frontière fragile entre mouvement et trace : la lumière devient matière, et la durée s’incarne en empreintes tangibles, témoignant du passage du temps.
Séneçon s’inscrit dans une recherche plus vaste menée par l’artiste sur la mémoire vivante, les cycles du vivant et la place de l’image dans la conservation d’une présence sans immobilité.
Pooya Abbasian (né en 1985) est un artiste franco-iranien vivant à Paris depuis 2011.
Formé dans les univers du cinéma et du dessin, il développe une réflexion sur la construction et la transformation des images, qu’il collecte sur Internet, dans les films ou au fil de ses propres prises de vue. Ces fragments deviennent la matière première de ses fictions visuelles, révélant les tensions entre image, réalité et vérité. Ses œuvres, empreintes d’une poésie des « espaces de transition », tissent des liens entre temps, mémoire et lieux. Son travail a été présenté notamment à la Maison Européenne de la Photographie, au Musée d’art contemporain de Téhéran, au Plateau – Frac Île-de-France, et ses films ont été projetés dans des festivals internationaux. Ses œuvres figurent dans les collections du CNAP et de la MEP, et il est également auteur et illustrateur de plusieurs albums jeunesse parus chez Gallimard et Actes Sud.
En savoir plus sur le Prix :
https://www.leeufan-arles.org/evenements/art-environment-prize