Vue de l’exposition « Sorry Sun » à la Fondation Pernod Ricard, Paris, 2025. Photo Nicolas Brasseur
C’est la curatrice Liberty Adrien qui inaugure le Nouveau programme de la Fondation Pernod Ricard. Curatrice et Directrice du département curatorial du KW Institute for Contemporary Art à Berlin depuis juillet 2025 et co-curatrice à Portikus Francfort de 2022 à 2025, elle a choisi les artistes : Alexandre Khondj, Hélène Yamba-Guimbi et Saodat Ismailova, liés à la scène française.
Vue de l’exposition « Sorry Sun » à la Fondation Pernod Ricard, Paris, 2025. Photo Nicolas Brasseur
La première salle déroute par son aspect minimal et assez hermétique, elle incite à se mettre en pause comme pour introduire les autres espaces qui s’avèrent riches en potentialité narrative. L’artiste Alexandre Khondji s’attache à jouer les passe-murailles et à révéler l’envers du décor à partir d’une série d’écrans qui révèlent l’ossature des murs, des cloisons et les câbles des infractuosités dans une salle qui peut sembler vide. Comme un hall d’aéroport ultra design dont le blanc clinique met en abîme la notion même de white cube. Puis derrière une porte, un espace assez sombre s’ouvre sur les voies de la gare Saint-Lazarre, spécificité du lieu qui inspire souvent les artistes.
Vue de l’exposition « Sorry Sun » à la Fondation Pernod Ricard, Paris, 2025. Photo Nicolas Brasseur
Hélène Yamba-Guimbi sur fond de ce panorama, instaure des présences, des traces indicielles, des capsules temporelles à partir de grandes boîtes transparentes qui contiennent des images et des perles. Comme les vitrines d’un musée orphelin dont les câbles débranchés éclairent à vide et nous éblouissent. Réalisées à Los Angeles, ces photographies disent quelque chose de la vie prête à consommer et d’une mélancolie rampante. Du rêve en toc. Le soleil, titre de l’exposition à contre-emploi « Sorry Sun », s’il fascine, peut aussi brûler et rendre aveugle.
Vue de l’exposition « Sorry Sun » à la Fondation Pernod Ricard, Paris, 2025. Photo Nicolas Brasseur
Le film de l’artiste et cinéaste originaire d’Ouzbékistan, Saodat Ismailova 18 000 Worlds, dont le son se manifeste dès le début du parcours, en constitue le climax en quelque sorte. L’artiste travaille à partir du concept duphilosophe perse du XIIe siècle Shihāb al-Dīn Yahyā al-Suhrawardī, du principe de coexistence de l’univers parmi d’autres régimes d’existence, d’autres entités. On assiste à une avalanche d’images, d’archives sonores et visuelles d’Asie centrale mêlées à d’autres sources dans ce qui ressemble à une traversée. De multiples strates incitent le regardeur à se tenir aux aguets. Comme des voix qui surgissent juxtaposées au temps présent. De l’occupation soviétique à l’indépendance, les témoignages ont valeur de rituels de résistance. Tout devient matière. A noter que l’artiste a bénéficié récemment d’une importante exposition au Pirelli HangarBicocca.
L’exposition se prolonge dans la publication associée qui réunit un certain nombre d’essais autour des artistes.
Rappel du Nouveau programme de la Fondation :
À chaque édition, une carte blanche est confiée à un·e commissaire invité·e, chargé·e de réunir trois artistes autour d’une exposition collective pensée comme un véritable laboratoire de réflexion et de dialogue critique. Cette exposition est accompagnée d’un suivi individualisé autour d’un projet sur mesure, en collaboration avec des institutions partenaires, en France comme à l’international. En parallèle, un partenariat de longue date avec le Centre Pompidou/MNAM permet à leurs œuvres d’intégrer les collections nationales, via une donation de la Fondation.
Infos pratiques :
« Sorry Sun »
Première édition du Nouveau Programme
Avec Saodat Ismailova, Alexandre Khondji et Hélène Yamba-Guimbi
Commissaire invitée : Liberty Adrien