« hôtes, husz, haunt » courtesy la BF 15 & the artists
A l’occasion des 15 ans de la BF 15, lieu d’exposition emblématique à Lyon, Jérôme Pantalacci, directeur d’art-o-rama, invite Perrine Lacroix et l’équipe du centre d’art. Le projet intitulé « hôtes, husz, haunt » rejoint la notion d’hospitalité à partir d’une relecture du marché des bouquinistes, proche du centre d’art et ces caisses en inox dont le style moderniste renvoie au patrimoine culturel de Lyon en lien avec les métiers du livre et de l’imprimerie. Si cette déclinaison miniature et outil conçu par le duo Blankett (Rodrique de Ferluc et Juliette George) dont l’hybridation – stockage, transport, commerce – rejoue l’économie d’un centre d’art selon Perrine Lacroix, l’artiste Juliette George également présente au showroom, a reçu le Prix Région Sud 2025 ! Une belle reconnaissance. Perrine Lacroix dresse un bilan et se félicite des liens crés entre son engagement d’artiste et son rôle de commissaire. Elle a répondu à mes questions.

La BF 15 identité visuelle et signalétique Bureau 105
Quel est le contexte de cette invitation, Projets associés, à art-o-rama ?
Nous avons été invités par Jérôme Pantalacci que je remercie à l’occasion des 30 ans de la BF15. Nous publions à cette occasion une édition qui couvre les 10 dernières années de la programmation dans le prolongement d’un précédent opus en 2015. Il était important de penser à l’archivage d’un centre d’exposition comme le nôtre dont les expositions se suivent avec cet arrêt sur image qui leur donne un poids et une matérialité à travers une autre entrée que celle de l’espace physique qui témoigne d’une époque dans la mesure où nous proposons souvent une première exposition aux artistes. Cela permet de montrer une évolution des pratiques dans une sorte de narration dont on ne maitrise pas toujours la temporalité sur le moment alors qu’avec le recul cela fait ressortir les contextes, certaines thématiques récurrentes ou gestes plastiques. Nous sommes très heureux de pouvoir montrer des lieux comme les nôtres qui sont une sorte de tremplin entre l’école, le marché et l’institution. Ce sont encore des endroits qui offrent une liberté de penser ou de construire un projet.
Comment avez-vous imaginé la publication anniversaire et son écrin ?
L’ouvrage est rétroactif en partant de 2025 pour aller jusqu’en 2015, comme pour le précédent ouvrage de 2015 à 2004. La BF 15 étant située sur les quais de la Pêcherie au bord de la Saône avec en vis-à-vis le marché des bouquinistes sur un alignement de 21 boîtes qui ont été dessinées à l’époque par Cyril Perrote dans un aspect très futuriste en métal et spécifique à Lyon. Il nous semblait important de faire ce passage entre espace d’exposition et livre dans un ancrage historique à Lyon avec le musée de l’Imprimerie tout proche de la BF 15.
En termes d’architecture qu’avez-vous défendu ?
Le duo Blankett (Rodrigue de Ferluc et Juliette George) a conçu une réédition de la boîte en miniature qui devient un écrin pour présenter l’édition anniversaire avec ces petits tiroirs du meuble qui reconstituent le parapet des quais présentant différents éléments de cette histoire lyonnaise comme cette gravure du XVème siècle illustrant les différentes étapes de l’imprimerie. Autre clin d’œil à l’histoire de la pomme de terre, la BF 15 étant une des variétés, la Belle de Fontenay.
Des artistes qui sont passés par la BF 15 sont-ils présents à art-o-rama ?
Oui tout à fait et Juliette George (showroom) vient de recevoir le Prix Région Sud 2025 !
Y a-t-il une ligne défendue par la BF 15 ?
Même s’il n’y en a pas au départ, à partir du moment où il s’agit de ma programmation elle est forcément habitée. J’essaie toujours de solliciter des artistes avec pas ou peu de visibilité avec des écritures ou des approches expérimentales. Il s’agit essentiellement d’expositions solo (90% des projets) dans la mesure où je tiens à rémunérer les artistes à la faveur de nos moyens d’un point de vue pragmatique. Cela donne l’impression à chaque fois que l’on entre dans l’espace d’exposition que l’on entre dans une œuvre, un principe qui m’intéresse. De temps en temps il m’arrive de proposer des expositions collectives même si le format des duos permet de créer de vrais dialogues entre les artistes. Pour les solos, j’invite l’artiste un an avant en résidence pour pouvoir échanger sur l’ici et maintenant, du contexte et de liens potentiels avec notre territoire à travers des partenariats et selon les intérêts de l’artiste. La dernière exposition par exemple sur le motif des fleurs était liée au contexte historique des couleurs et soieries lyonnaises et de la création de l’École des Beaux-arts autour de l’artiste Eva Taulois.
Comment passe-t-on d’artiste à curatrice ?
J’ai beaucoup voyagé avant l’époque d’Erasmus et lors d’un séjour en 1992 à Naples avec l’Institut français j’ai décidé de rester en proposant au directeur de faire la programmation du lieu. De fil en aiguille, j’ai toujours favorisé les liens avec entre la communauté d’artistes et mon rôle de commissaire. Quand je suis invitée à l’étranger comme artiste je propose par la suite des échanges comme lors d’une exposition en Australie, j’ai ensuite accueilli des artistes de cette scène à Lyon.
Le projet aura une occurrence prochaine à Lyon avec l’artiste Julie Béna : comment avez-vous imaginé cela ?
Pour chaque exposition de l’année 2025 j’associe un artiste que l’on a soutenu et montré lors de ces 30 dernières années.
J’avais invité Julie en 2012 et l’œuvre sera réactivée à l’occasion.
Quel bilan de ces 30 ans ?
Je suis très heureuse de pouvoir célébrer toutes ces années d’engagement et ces artistes. C’est comme un manifeste à un moment critique de désengagement de la sphère publique vis-à-vis de nos structures.
Infos pratiques :
art-o-rama 2025
https://art-o-rama.fr/fr/type/galerie
Blankett &
Julie Béna
11 quai de la Pêcherie, 69001 Lyon
Ouvert du mercredi au samedi, de 14h à 19h