Marion Ellena Soleil rouge (2025) courtesy de l’artiste, SISSI club
Structure incontournable de l’écosystème marseillais, SISSI club entretient des liens fertiles avec art-o-rama et propose un duo show d’Amalia Laurent et Marion Ellena à l’occasion de cette 19ème édition de la foire. De plus, dans un esprit de perpétuelle innovation, SISSI club invente un nouveau mode de diffusion et de soutien à la création avec « Collecive matter » exposition et résidence dans l’espace même de la galerie de 7 artistes emblématiques de la cartographie marseillaise et de son rayonnement. Une initiative que nous détaille les deux fondatrices Elise Poitevin et Anne Vimeux, qui ont su exporter à l’international un modèle flexible et durable (participation à des foires prescriptrices : Liste Bâle, Material Mexico, ARCO Madrid, Paris Internationale…) tout en conversant un ancrage et une dynamique territoriales. Elles reviennent sur les étapes décisives de cette aventure hors du commun.

Marion Ellena Mise en lame (tu te souviens de la couleur de ma chambre) (2025) courtesy de l’artiste, SISSI club
Marie. Vous présentez à l’occasion de cette édition 2025 d’art-o-rama un duo show d’Amalia Laurent et Marion Ellena : quels en sont les enjeux ?
Elise & Anne. Cette année, nous proposons en effet un duo show d’Amalia Laurent et Marion Ellena. Les enjeux sont doubles : d’une part, faire découvrir leurs œuvres pour la première fois à la foire ; d’autre part, expérimenter une approche curatoriale plus monumentale et engagée dans ce contexte spécifique.
Amalia travaille le batik, une technique indonésienne ancestrale, qu’elle déploie à travers de grands textile teints, transformés en murs ou filtres architecturaux. En écho, nous présentons pour la première fois le travail de Marion Ellena, photographe franco-péruvienne née au Venezuela et installée à Marseille.
L’exposition s’intitule « Sedimental Feelings », un titre emprunté à Marion et qui évoque la mémoire, l’archive et l’empreinte, notions centrales dans leurs pratiques.

Notte Bianca (2024)
Villa Medici,Courtesy de l’artiste, SISSI club
Photo © Daniele Molajoli e Claudia Gori
Actuellement vous proposez « Collective Matter », une nouvelle façon d’accompagner la création en cohabitant dans l’espace de la galerie avec les artistes : comment est né ce projet inédit ? quels en sont les contours ?
Nous avons inauguré Collective Matter le 4 juillet dernier et l’exposition rouvre après l’été le 27 août. Elle réunit sept artistes : Ash Love, Aurélien Potier, Basile Ghosn, Claude Eigan, Jessy Razafimandimby, Sarah Woodhouse et Wilder Alison, qui occupent chacun·e un atelier à sissi club depuis un an.
Ce modèle – accueillir des artistes au sein d’une galerie, partager l’espace et les conditions de travail – reste rare, mais il prolonge l’histoire de notre projet, né à la fois comme association culturelle et comme galerie. L’ouverture des ateliers répond à un besoin réel d’espaces de travail à Marseille, tout en renforçant la mission collective de l’association.
Depuis nos débuts, nous cherchons des alternatives à un système de financement fragile. En mutualisant les ressources et en partageant notre espace, nous avons trouvé un modèle : une salle est consacrée aux expositions, le reste devient ateliers. C’est un partage, à la fois matériel, financier et intellectuel.
Collective Matter est aussi le reflet des liens que vous entretenez avec tout l’écosystème marseillais : pouvez-vous nous en dire plus ?
Les ateliers fonctionnent sur un engagement d’un an. Pour cette première année, le groupe s’est formé de manière organique, par relations et bouche-à-oreille.
Cette réunion de sept artistes trace une cartographie de la scène marseillaise. On y retrouve des trajectoires qui ont marqué la ville : Basile avec Belsunce Projects et Panthera, Aurélien parmi les premiers à intervenir à SISSI club, Sarah arrivée en 2019 lors d’une nouvelle effervescence d’ateliers, Jessy et Ash installés à Marseille en 2024, Claude et Wilder venus respectivement de Berlin et New York pour ancrer leur pratique ici.
C’est une scène en mouvement, qui se réinvente sans cesse et qui tient debout depuis près de dix ans.
Depuis la création de SISSI et SISSI club vous avez su créer un modèle innovant : quels sont les facteurs de ce succès à long terme ?
Notre modèle s’est construit par nécessité : face à un système de subventions incertain et à un marché très inégal, nous avons dû inventer nos propres manières de faire. SISSI s’est toujours pensé comme un lieu d’expérimentation, intuitif, qui refuse de séparer trop nettement la galerie de l’association, la diffusion de la production.
Nous avons préféré miser sur la mutualisation, la solidarité et le dialogue avec les artistes, plutôt que sur la compétition. Cette approche alternative nous a permis de durer, d’être flexibles et d’imaginer des solutions nouvelles, plutôt que de nous adapter à un cadre qui ne nous correspondait pas forcément.
Quelles ont été les étapes décisives de cette aventure ?
L’histoire a commencé en 2017, quand nous nous sommes rencontrées en master d’histoire de l’art. En 2019, à la fin de nos études, nous avons créé l’association et multiplié les projets d’expositions, concerts, lectures avec de nombreux jeunes artistes. Entre 2020 et 2021, nous avons initié des partenariats avec d’autres project space européens, notamment à Athènes où nous avons voyagé. En 2022, nous avons participé à notre première foire avec Art-o-rama, en présentant Inès Di Folco Jemni. À partir de 2023, nous avons réellement embrassé le modèle de la galerie, et commencer à faire nos premières foires. Puis en 2024, année charnière, nous avons ouvert notre nouvel espace et lancé les ateliers, tout en rejoignant pour la première fois des foires très reconnues comme Material à Mexico, Liste à Bâle ou Paris Internationale. En 2025, nous avons fait un pas supplémentaire en choisissant de partager notre programmation avec une autre structure, Gemini Season, créée par la curatrice Christina Gigliotti. Sa première proposition sera visible à partir du 1er octobre.
Comment décririez-vous chacune, en quelques mots, Marseille ?
On ne se sent pas légitimes à “décrire Marseille” de façon générale. Il y a beaucoup d’histoires différentes qui se croisent ici. Ce qu’on peut dire, c’est que c’est la ville où nous sommes nées, où nous sommes ancrées, et qui a rendu possible la création de sissi club. On y vit une scène artistique riche, mais pas saturée, dans une ville contrastée, où les choses s’inventent souvent de manière spontanée, dans une forme de système D, qui correspond bien aux enjeux de production de notre temps.
Infos pratiques :
Art-o-rama 19ème édition
Horaires
Vendredi 29 août 2025
11h – 17h : Preview VIP pour les détenteur·rice·s de la Carte VIP
17h – 20h : Vernissage sur invitation, inscrivez-vous à notre newsletter
Samedi 30 août 2025
14h – 20h
Dimanche 31 août 2025
14h – 20h
Tarifs
Plein tarif – 12 €
Tarif réduit – 8 €
Réservez votre billet directement sur le site internet de la Friche !
La Tour 3ème étage, La Cartonnerie, le Petit Plateau
Friche la Belle de Mai
https://art-o-rama.fr/fr/type/galerie
Actuellement à la galerie :
« Collective Matter »
Avec : Ash Love, Aurélien Potier, Basile Ghosn, Claude Eigan, Jessy Razafimandimby, Sarah Woodhouse et Wilder Alison.
16 cours Joseph Thierry,
13001 Marseille