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Territoire de l’enfance : Petrit Halilaj à la Fondation Giacometti 

Vue d’exposition Alberto Giacometti/ Petrit Halilaj © Petrit Halilaj © Succession Giacometti Adagp Paris 2025

Une facette moins connue de l’univers de Giacometti est magistralement révélée par l’artiste kosovar Petrit Halilaj : le dessin d’enfant. L’espace de l’exposition de la Fondation Giacometti se trouve démultiplié par un jeu d’échelles, de mise en abyme et de miroir. Le titre « Nous construisons un fantastique palais la nuit… » renvoie à une construction précaire que Giacometti amorce en 1932 que l’artiste transpose en une monumentale installation, le pivot du parcours.

Ayant vécu une enfance dans une zone de conflit le dessin est pour le jeune Halilaj une échappatoire vers le rêve et le merveilleux, initié à ce medium par le psychologue italien Giacomo Angelo Poli, rencontré dans un camp de réfugiés en Albanie. Dès lors c’est le langage qu’il se choisit inventant une grammaire graphique, les « Abetare », transposition dans l’espace et sur fer forgé de dessins d’enfants. Ses Abetare (du nom de son premier livre d’apprentissage) peuplent le lieu d’un caractère très intime : des poules côtoient des fusils ou des mains incendiées. Il imagine même pour le cabinet d’art graphique de la Fondation un dialogue dessiné entre lui et sa nièce Luna à l’image de celui de Giacometti avec son neveu Silvio en 1941. 

Le point de départ de l’exposition : un dessin d’enfant fait à la craie sur un trottoir parisien remarqué par Giacometti, comme le souligne le commissaire Hugo Daniel, devenu une réflexion sur cette économie de moyens qui caractérise les deux artistes, la ligne et le tracé, le flottement dans l’espace, les petites dimensions, le presque rien.

La dernière salle est troublante de mimétisme. A partir des armatures de Giacometti qui fascinent Halilaj, il est venu esquisser une parade de volatils avec de simples plumes et brindilles. Quelque chose de maladroit qui pourrait sembler naïf mais qui en devient un flirt avec le vide. Une danse sur le volcan qui sous une apparente légèreté, témoigne de la puissance de l’enfance face aux déracinements à venir. 

Assurément l’un des dialogues les plus aboutis entre Giacometti et les autres artistes conviés précédemment.

Professeur aux Beaux-Arts de Paris, Petrit Halilaj a représenté le Kosovo à la 55ème Biennale de Venise en 2013. En septembre ouvre sa première exposition personnelle institutionnelle au Hamburger Bahnhof, Berlin. Il est représenté en France par la galerie Kamel Mennour. 

Catalogue disponible à l’accueil

Prochainement : Beauvoir, Sartre, Giacometti : Vertiges de l’absolu

Infos pratiques :

Alberto Giacometti/ Petrit Halilaj 

Fondation Alberto Giacometti

Jusqu’au 8 juin 2025 

Tous les jours sauf le lundi (jour de fermeture de l’Institut Giacometti)

De 10h à 18h

https://www.fondation-giacometti.fr/fr/evenement/333/alberto-giacometti-petrit-halilaj-nous-construisions-un-fantastique-palais-la-nuit

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