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Nuit Blanche 2025 fait son cinéma avec Valérie Donzelli, directrice artistique

Affiche Nuit Blanche 2025 Michel Gondry

Conférence de presse au cinéma avec Valérie Donzelli, non pas venue défendre son nouveau film mais comme directrice artistique de la Nuit Blanche 2025. Elle s’adresse à tous les résistants de la nuit pour faire de la capitale une surface de projection géante. Si Paris est le plus beau des décors, elle imagine de prendre la rue pour un écran dans des sites emblématiques de la capitale et de déplacer des œuvres vidéo conçues pour des espaces d’exposition dans les salles obscures. C’est le 7 Parnassiens qui sera l’écrin de cette séance des artistes. Si les grandes réalisatrices Delphine Seyrig, Alice Guy, Germaine Dulac, Chantal Akerman, Agnès Varda et Jacqueline Audry seront mises à l’honneur, des figures d’émancipation et de résistance sont portées par les artistes. 

Jésus Baptista, 8.33 Perception de l’invisible, installation, Gymnase Suzanne Berlioux, Paris 1er

C’est Michel Gondry qui est l’invité d’honneur de Valérie Donzelli. Il a réalisé à l’occasion de cette carte blanche un film d’animation : Quelle nuit blanche !

Fidèle à son univers à la fois bricolé et poétique, il imagine une aventure aussi loufoque que touchante. Une garagiste inventive se voit, par un étrange concours de circonstances, confier l’organisation de la prochaine Nuit Blanche. Ce faux making-of décalé nous entraîne dans les coulisses de l’événement, dévoilant des projets artistiques à travers un récit empreint d’humour, de poésie et d’absurde. Mais au-delà de cette plongée singulière dans le processus de création, le film rend surtout hommage à un combat : celui des artistes et des veilleurs de la nuit, qui, par l’art et sa mise en lumière, s’efforcent de réveiller l’imaginaire et de fissurer la rigidité d’un monde trop formaté par le jour.

Il imagine aussi la « boite à musique » géante de son film, installation participative. 

Habituellement de petite taille, elle s’impose ici comme une structure monumentale, érigée en relique d’un autre temps — un artefact anachronique au cœur d’un monde dominé par le numérique. Son mécanisme, autrefois dissimulé, s’expose désormais au regard et à la main, offrant au public une expérience d’interaction directe. En actionnant la manivelle, les visiteurs réactivent un geste oublié, renouant avec la lenteur, la fragilité et la poésie d’un temps révolu.

L’œuvre prend une dimension politique en diffusant L’Internationale, hymne de lutte et de résistance. Ce choix confère à l’installation une portée symbolique puissante : bien plus qu’un hommage aux machines d’antan, elle questionne notre rapport au progrès et à la technologie. Ce projet s’affirme comme un acte de résistance artistique, une invitation à ralentir, à retrouver la beauté des objets simples, et à interroger notre relation au monde contemporain.

À la croisée de la mémoire et de l’innovation, l’installation invite à repenser la matérialité dans nos vies, et à réapprendre à écouter, toucher, ressentir — autrement.

Autre invité : Adrien Lamm « La lune dans la maison »

Construite en bois léger, cette maison abrite en son centre un disque recouvert de peinture fluorescente qui, sous l’éclat d’une lumière UV, s’illumine et diffuse une aura mystérieuse. Ses fenêtres, à la fois filtres et révélateurs, jouent sur les échelles et les perceptions, entre opacité et transparence. Un travail délicat sur la lumière crée une atmosphère suspendue, entre ciel et terre, où les lueurs semblent flotter dans l’espace.

À l’intérieur, le dehors s’invite : nature, cosmos et architecture se fondent, faisant entrer l’infini dans l’intimité du foyer. L’inconnu dialogue avec le familier, brouillant les frontières entre intérieur et extérieur, entre le personnel et l’universel.

Cette maison, où apparaît une pleine lune, s’insère humblement parmi les architectures modernes, en contrepoint du spectaculaire. Par son dispositif sensible et son message poétique, elle propose une méditation sur la place de l’imaginaire, une forme de résistance douce mais déterminée face à l’uniformisation des visions du monde. Le cadre du square, sur l’Île Saint-Louis, en renforce la dimension contemplative.

Cécile Bozon : « Les pointes lunaires »

Elle investit les deux extrémités de l’Île Saint-Louis avec une création lumineuse qui brouille les frontières entre réalité et fiction. En prenant l’expression « nuit blanche » au pied de la lettre, l’artiste insuffle aux pointes de l’île une blancheur diffuse, presque laiteuse, qui métamorphose l’espace urbain en un décor onirique.

Sa proposition se déploie en deux temps, sur deux lieux. Côté square Barye, elle entre en résonance avec l’installation d’Adrien Lamm, partageant avec lui une sensibilité commune pour les atmosphères immersives et les jeux d’illusions visuelles. Une lumière douce et enveloppante vient subtilement dialoguer avec l’œuvre, tissant un lien silencieux entre deux visions du monde, deux manières d’habiter la nuit.

À l’opposé, sur la place Aragon, une lune de cinéma s’élève, grande et mystérieuse, comme tout droit sortie d’un plateau de tournage. L’artiste y recrée l’ambiance d’un décor de film : les passants deviennent à la fois figurants, spectateurs et acteurs. Ce halo lumineux agit comme un projecteur inversé — il révèle autant qu’il masque, ouvrant la ville à la fiction et à l’imaginaire.

En détournant les codes du cinéma et les effets d’éclairage, Céline Bozon transforme l’Île Saint-Louis en une scène suspendue entre veille et sommeil, entre quotidien et invention. Sa lumière blanche devient matière à rêver — et à résister.

Xavier Donzelli aux Catacombes de Paris, une première !

À 200 pieds sous terre, sous la place Denfert-Rochereau, reposent les restes de millions de Parisiens, transférés là aux XVIIIe et XIXe siècles, lorsque les cimetières saturés menaçaient de s’effondrer sous le poids des morts. Autant de fragments d’existences, rassemblés dans le silence épais de la nuit souterraine.

Quoi l’éternité propose une traversée sonore de 900 mètres au cœur des anciennes carrières, jusqu’à l’ossuaire, ce sanctuaire sculpté de crânes et de fémurs, érigé à la mémoire des défunts. Musique et poésie accompagnent les visiteurs dans ce royaume des ombres : une symphonie concrète d’Éliane Radigue, une cantate de Bach interprétée par Glenn Gould, et des poèmes de Nerval, Baudelaire, Éluard et Rimbaud, déclamés dans une chambre d’échos.

Si la naissance est une loterie, la mort, elle, égalise. Elle aligne chacun, sans distinction, dans le grand dortoir de l’humanité. Depuis longtemps, l’assemblée des morts dépasse en nombre celle des vivants. Mais si les morts sont condamnés au silence, ils ne sont pas pour autant voués à l’oubli.

Ce parcours leur rend hommage. Il redonne souffle à leurs voix éteintes, rappelant qu’une vie ne cesse de résonner que lorsqu’elle s’efface de la mémoire des vivants.

Jean-Simon Roch, Geoffroy Pithon et Sulian Rios 

Une architecture de bois en perpétuel mouvement trace une ligne infinie sous les voûtes de l’église Saint-Eustache. Autour d’elle, une chorégraphie de corps s’organise, rythmée par la manipulation du papier. À la fois sculpture et machine, l’œuvre explore la quête d’une ligne idéale, répétée sans fin. Mais cette boucle, d’abord perçue comme harmonieuse, dévoile peu à peu ses écarts : elle devient un nœud poétique et mélancolique, symbole d’une liberté fragile.

Cette ligne se déploie sur un papier en constante métamorphose — peint, lavé, délavé, réimprimé —, chaque variation portant la mémoire d’un savoir-faire artisanal lié à la fabrication de papiers peints. Née d’un dialogue entre une machine semi-autonome et des peintres aux gestes imprévisibles, elle devient un lien vivant, un langage commun.

La répétition et l’irrégularité composent un motif en mutation continue : partition graphique, musique sérielle, chorégraphie dessinée. Des centaines de mètres de ce tracé enveloppent une structure monumentale de bois et de papier. Cet abri éphémère célèbre la poésie du temps, la beauté du geste répété, et la transformation permanente des matières comme des formes.

Autres immanquables : Des voyages lunaires au Hangar Y (Meudon), les 130 ans du cinéma par la Gaumont et la Fémis au Petit Palais, l’art video club à la Fondation Louis Vuitton..

Chiffres Clé :

80 projets présentés par des musées et instituions 

46 structures porteuses de projet

120 projets artistiques dans la Métropole Grand Paris 

30 communes métropolitaines participantes

Infos pratiques :

Détails des projets, plan interactif …

Gratuit ! 

https://www.paris.fr/evenements/nuit-blanche-2025-la-programmation-se-devoile-deja-84753

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