Barbara Gouget, Musée des Beaux-arts de Nîmes – Expositions Marina RHEINGANTZ – « MIRAGE » Saison Brésil-France 2025 Marina Rheingantz, Rabatao de Ouro , 2019, Huile sur toile, Collection privée Belgique/ Liebaert projets, N°Inv. MR10481
Barbara Gouget, directrice du musée des Beaux-Arts de Nîmes s’associe au Carré d’Art autour de la Saison Brésil-France avec l’exposition de la peintre Marina Rheingantz. Elle retrace la lecture faite des collections par l’artiste qui a su se saisir de certaines thématiques comme le paysage ou la nature morte pour opérer un dialogue subtil à partir de sa pratique matiériste de l’abstraction. Il se dégage des surgissements de l’eau, des nuages, du passage du temps, de la nature éphémère et transitoire des choses. Barbara revient également à ce qui l’anime pour ce musée qu’elle souhaite ouvrir à de nouvelles perspectives en élargissant les regards. Elle a répondu à mes questions.
D’origine lyonnaise, Barbara Gouget (35 ans) est diplômée da la licence d’histoire de l’art du master de muséologie de l’École du Louvre. Elle est également titulaire d’un master de recherche en histoire de l’art contemporain à l’Université Lumière Lyon II. Après un rapide passage au Musée des Émaux et de la Mosaïque de Briare en tant que responsable du musée (2016-2017), Barbara Gouget est nommée responsable des collections de beaux-arts des Musées de Montbéliard en 2017. Elle exerce en parallèle la fonction de directrice par intérim en 2018, avant de devenir directrice adjointe à partir de 2020.
Musée des Beaux-arts de Nîmes – Expositions Marina RHEINGANTZ – « MIRAGE » Saison Brésil-France 2025 photo Stéphane Ramillon
Marie de la Fresnaye. Quelles sont vos motivations et ambitions pour ce musée ?
Barbara Gouget. Ce qui m’a tout d’abord animé c’est la richesse des collections du musée que ce soit de l’art ancien (écoles italiennes, hollandaises…) jusqu’au début du XXème avec l’art contemporain lié notamment avec l’histoire du Carré d’art. Ce qui est très impressionnant quand on arrive ici est le lieu en lui-même également dans une cette continuité historique le musée ayant été créé au début du XXème avec une façade typique du musée des Beaux-arts et en même temps quelque chose de très contemporain dans la structure. Un dialogue que le musée porte en lui-même et que j’aimerais mettre plus en avant.
De plus je souhaite ouvrir le musée à d’autres publics et d’autres regards. Si l’’ouverture à tous est un terme devenu galvaudé et ne voulant plus dire grand-chose, mon but n’est pas d’avoir plus de public mais de diversifier les publics, de toucher les gens différemment, des créer des ambiances, des approches autres pour que chaque personne qui entre, puisse se retrouver dans les œuvres ou se laisser surprendre.
MdF. Pour revenir au lien avec le Carré d’art, à partir de quand cela s’inscrit-il ?
BG. Le musée des Beaux-arts préexistait avec une collection liée à l’archéologie à l’époque situé à la Maison Carrée. A la suite d’une recherche de lieu, le bâtiment a été créé tout spécialement et au moment du projet du Carré d’art à partir des années 1980, des prémices ont vu le jour ici autour de propositions d’art contemporain. Le début de l’aventure du Carré d’art s’est joué au musée.
MdF. Vous proposez un accrochage autour des femmes de la collection : un manifeste ?
BG. Je n’avais pas d’idée préconçue au départ et étant donné certaines questions et thématiques qui revenaient autour de la présence des femmes dans la collection, du nu.. j’ai senti un vrai sujet que j’ai ensuite creusé en découvrant de nombreuses artistes femmes que je ne connaissais pas. Je n’avais pas envie de me limiter aux artistes femmes mais d’aborder la représentation de la femme et finir sur la place des artistes femmes mais dans nos collections.
MdF. La Saison Brésil-France : quelle genèse du projet ?
J’avais déjà amorcé avec Jean-Marc Prévost des projets de prêts d’œuvres contemporaines et c’est lui qui est venu me voir autour de la participation du Carré d’art à chaque saison culturelle. Il m’a alors présenté le commissaire général de la Saison Emilio Kalil dans l’idée d’exposer cette artiste paysagère dont le dossier m’a tout de suite interpellé. J’ai été séduite par cette notion abstraite/figurative que l’on ressent, ce dialogue qui pouvait fonctionner avec nos collections.
MdF. Comment trouvez-vous pensé le parcours avec elle ?
BG. Ce n’est pas facile pour une artiste contemporaine de se saisir d’une telle collection
L’idée pour moi n’est pas de présenter de l’art contemporain pour de l’art contemporain mais de créer des liens et de voir les collections différemment. L’artiste a su jouer le jeu.
Comme elle travaille sur le paysage nous nous sommes orientées vers ce domaine alors que quand elle est arrivée elle n’a pas spontanément regardé des œuvres de ce champ-là. C’était assez surprenant et au fil de nos explorations et échanges, des sortes de sensation se sont imposées, voir des évidences. La petite exception concerne la Madone qui ouvre volontairement le parcours, une création spéciale pour l’exposition. Marina a vu cette Vierge à l’Enfant du Maestro Esigou et a eu un coup de cœur pour les couleurs, la simplicité des formes et du dessin. A partir de sa mémoire et de différentes photos qu’elle a prise, elle a voulu imaginer une nouvelle œuvre et non en faire une traduction directe abstraite mais de son ressenti.
MdF. Qu’est-ce qui vous a touché dans son approche ?
BG. Il s’agit surtout c’est son travail de la matière. Ses œuvres ont une âme, une texture, un relief et une profondeur qui certes est du au jeu des différentes couleurs mais surtout au jeu des matières à partir du support des œuvres, que ce soit la toile de coton et la toile de lin dont on sent la trame. Elle joue sur des côtés lisses ou au contraire des empâtements avec parfois des amas d’épaisseur. Cela crée des formes qui de loin ressemblent à des pétales de fleurs, du mouvement, des nuages et quand on s’approche on découvre des couleurs assimilées.
MdF. En termes de financement comment cela s’est-il passé ?
BG. Je remercie les Instituts français et brésiliens à l’origine de cette saison car une très grande part budgétaire est prise en charge. C’est une belle initiative qui permet aux musées des collectivités territoriales de pouvoir participer à des projets d’ampleur, qui ne seraient pas forcément réalisables, tout en créant un réseau et en ouvrant d’autres possibilités.
Marina Rheingantz est représentée par les galeries : White Cube, BORTOLAMI, Zeno-X, Fortes D’Aloia & Gabriel. Le public français a pu découvrir son travail lors de son exposition personnelle au FRAC Auvergne à l’initiative de Jean-Charles Vergne.
Infos pratiques :
Marina Rheingantz , Mirage
Jusqu’au 5 octobre
Musée des Beaux-arts de Nîmes
https://www.nimes.fr/que-faire-a-nimes/culture/les-musees-le-planetarium/musee-des-beaux-arts
Poursuivre au Carré d’art avec les artistes Lucas Arruda et Ivens Machado
https://www.carreartmusee.com/fr/expositions/actuellement
Saison Brésil-France 2025
https://www.institutfrancais.com/fr/offre/saison-france-bresil-2025