FOMO VOX

Numa Hambursin, MO.CO. Saison art & science, Françoise Pétrovitch et Jean-Marie Appriou (à venir)

Hanae Yoo The Birth of Venus (détail), 2021 Installation

Courtesy de l’artiste et Bibeau Krueger ©Michael Popp

A l’occasion de la saison art & science imaginée à partir de la spécificité de Montpellier dans ce domaine, Numa Hambursin, accompagné d’un Comité Scientifique, souligne avec l’exposition « Éprouver l’inconnu », les croisements possibles entre les recherches et collections de l’Université et les projections des artistes internationaux réunis. Une relecture ambitieuse qui repousse les limites de la connaissance autour du hasard et de l’aléatoire comme le souligne le directeur du MO.CO. à partir de nombreuses œuvres produites à cette occasion. Au-delà des savoirs hégémoniques, des incursions vers des thérapies alternatives sont envisagées comme réponse à différents systèmes de domination dans une mise en tension entre un régime matériel et immatériel d’apparition. Numa Hambursin revient sur les enjeux présents et futurs de cette saison qui investit également la Panacée. Il nous dévoile également les deux prochaines expositions monographiques de François Pétrovith, dans le prolongement d’Immortelle et d’Art Paris (co-commissariat avec Amélie Adamo) et de Jean-Marie Appriouqui rejoint la question de l’alchimie si présente à Montpellier. Il a répondu à mes questions. 

Kinke Kooi Insight, 2020
Acrylique, crayons de couleur, gouache, bijoux plastiques sur papier
28,3 x 38,4 cm
Courtesy de l’artiste

Le projet art & science avec l’université de Montpellier vous anime depuis votre arrivée, comment cette saison a-t-elle pu se concrétiser ?

La volonté était de partir de ce partenariat avec les universités étant donné que les expositions sur l’art et la science, dont certains aspects comme l’IA par exemple sont régulièrement proposés par d’autres institutions alors que nous avons cette spécificité à Montpellier qui est une ville universitaire, une ville de savoir avec une présence majeure de cette dimension dans son histoire et son patrimoine. Cela créé un contexte unique. Nous n’avons donc pas voulu partir des œuvres mais d’une réflexion sur ce que pouvait être cet art issu de ces croisements. Nous avons constitué pour cela, un comité scientifique avec des chercheurs et des spécialistes de différentes disciplines pour avoir une vision la plus large possible. Nous ne voulions pas être dans une illustration de la science et ses champs d’exploration (la botanique, la médecine, la robotique…) par des œuvres d’art mais plutôt de nous inscrire dans une forme de traversée artistico-scientifique pour souligner, à partir de ce que nous ont dit les scientifiques, la part du hasard, du vagabondage.

L’idée au-delà de ces expositions est de poursuivre ce partenariat dont les formes ne sont pas encore définies, à partir des enjeux autour de ces collections de l’université pas encore visibles du public. L’art contemporain et le MO.CO. ont un rôle à jouer dans ce sens. Il s’agit moins un aboutissement que le début de quelque chose.

Cooper Jacoby, Estate (January 21, 2016) (détail), 2024

Thermoplastique, polycarbonate polarisé, caméra, écran, haut-parleur, électronique, acrylique, vernis, bras panoramique. 40 x 20 x 25 cm. Courtesy de l’artiste et Fitzpatrick Gallery, Paris ©D.R

Un important investissement a été réalisé autour de nouvelles productions, 

C’est l’une des spécificités du MO.CO. de produire beaucoup d’œuvres, ce que nous proposons à l’occasion des monographies d’artistes à la Panacée ou lors des Biennales du territoire. L’exercice s’est révélé particulièrement intéressant à cette occasion dans une co-conception parfois avec les scientifiques. 

Françoise Pétrovitch
Sans teint, 2024
Huile sur toile / Oil on canvas
100 x 81 cm
Courtesy Semiose, Paris
Photo : Aurélien Mole ©Adagp, Paris, 2025

Vous préparez une grande monographie autour de Françoise Pétrovitch dans le prolongement d’Immortelle et d’Art Paris, quels partis pris vous animent ?

La peinture est l’un des axes mis en avant au MO.CO depuis mon arrivée, qui s’inscrit dans une nécessaire pluralité des propositions et des médiums. Il convient de souligner que tout l’écosystème du MO.CO (la Panacée et l’École des Beaux-arts) nous donne les moyens d’avoir une vision ouverte de l’art contemporain. Avec Immotelle et Neo Rauch notamment, ce prisme peinture est revendiqué et assumé autour de l’influence des grands maîtres internationaux sur les peintres français. Françoise Petrovitch qui incontestablement est l’une des plus grandes peintres françaises, a offert une alternative au début des années 2000 à ceux qui voulaient faire de la peinture tout en rejetant son côté narratif. Elle a offert et servi d’autre modèle à partir d’une peintre plus méditative, plus intérieure, plus intime. Françoise Petrovitch a beaucoup compté au même titre qu’Hélène Delprat par exemple de cette même génération. Ce qui est étonnant pour elle et comme le souligne notamment Thomas Lévy-Lasne, est de ne pas voir fait l’objet d’une rétrospective au Centre Pompidou par exemple même si elle a eu d’autres belles expositions. Elle n’avait pas eu les pleins moyens d’exprimer ce qui l’anime et sur un temps long, sans pour autant tomber dans une rétrospective. C’est ce que nous avons voulu faire au sein d’une réflexion plus large sur les grands maîtres français.

Pour revenir sur Art Paris et le co-commissariat avec Amélie Adamo autour d’Immmortelle,quel bilan de l’expérience ?

A titre personnel, cela a été une magnifique aventure qui m’a très agréablement surpris. C’était très enthousiasmant du côté des artistes mais également des galeries qui ont su jouer le jeu, des collectionneurs et du public. Si l’on compare à l’exposition du MO.CO . avec un certain nombre de visites et de personnes, l’expérience au Grand Palais est décuplée autour d’une sorte de condensé pendant quelques jours. Nous avons notamment pu mesurer à quel point le terme Immortelle, repris à cette occasion, est entré dans l’imaginaire commun. C’est quelque chose qui a marqué autour d’une démarche parfaitement comprise et identifiée.

Plus largement, la démarche s’inscrit dans un moment de célébration et de triomphe d’un certain point de vue même si un certain nombre de résistances apparaissent déjà. L’enjeu à présent est de décliner cela à l’international car si le message est largement acquis à l’échelle de l’hexagone, d’autres pays ne connaissent pas forcément l’excellence artistique que l’on a pu produire.

Jean-Marie Appriou, Event Horizon (primordial vessel) 2024

Aluminium patiné / Patinated aluminium 280 x 194 x 27 cm (2 parties/2 parts)

© the artist and Galerie Perrotin, Paris, New York, Seoul, Tokyo, Shanghai Photo : Claire Dorn © Adagp, Paris, 2025

Jean-Marie Appriou : quels enjeux ? 

Nous sommes face à un sculpteur et l’un des plus doués de sa génération à mon avis, déjà inscrit dans un parcours à l’international et n’ayant pas connu ce plafond de verre subi par les peintres français. 

Au MO.CO. l’un des points forts se joue autour de la question de la forme et si l’on songe à Jean-marie Appriou c’est un inventeur de formes. Il est un créateur un peu démiurgique passionnant et très ouvert sur le monde, très perméable. J’ai réalisé un long entretien avec lui au cours duquel il aborde ses réflexions multiples à partir de toute formes de mythologies. Il se nourrit de ses nombreux voyages et rencontres. L’enjeu était donc pour nous d’être en capacité de présenter une exposition institutionnelle qui lui donne sa pleine mesure. C’est une première pour lui et plus de la moitié des œuvres vont être produites à cette occasion, notamment des œuvres monumentales en réponse au lieu. Nous avons réfléchi à des thématiques qui résonnaient en lui et cette question de l’alchimie qui est très présente à Montpellier, haut lieu en Europe depuis le Moyen âge. L’exposition va tourner autour des 4 éléments et de la 5ème essence (titre de l’exposition) à partir de pièces exceptionnelles qu’il vient de finir de réaliser. 

Infos pratiques :

Éprouver l’inconnu

MO.CO. Hôtel des Collections

Pierre-Unal Brunet, Prodrome

Ivana Bašić, Metempsychosis

MO.OC. Panacée

Saison art & science 

Commissariat de la Saison : Pauline Faure, Anya Harrison, Alexis Loisel-Montambaux, Deniz Yoruc
Sous la direction artistique de Numa Hambursin 

Jusqu’au 18 mai 

A venir : 

Françoise Petrovitch, Sur un os 

Commissariat : Rahmouna Boutayeb et Numa Hambursin

Jean-Marie Appriou, La cinquième essence 

Commissariat : Caroline Chabrand, curatrice, Numa Hambursin, directeur général

Du 21 juin au 2 novembre 2025

https://www.moco.art/fr

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