« Just My Luck » Cécile Hupin & Katherine Longly, vue de l’exposition Théâtre du Nord, Institut pour la photographie, photo N Dewitte
A l’initiative de la Région Hauts-de-France en collaboration avec les Rencontres d’Arles, l’Institut pour la photographie est porté par des ambitions fortes, sur son territoire et au-delà. Après quatre ans de préfiguration et de programmation d’expositions in situ, l’Institut a accueilli trois premiers fonds d’archives (Bettina Rheims, Jean-Louis Schoellkopf et Agnès Varda). Anne Lacoste, directrice de l’Institut, revient sur les ambitions du projet mené avec différentes structures du territoire, et notamment sur son volet hors-les-murs, à l’occasion de Just My Luck, l’exposition consacrée aux jeux de loterie de l’artiste et photographe Katherine Longly et de l’autrice Cécile Hupin, actuellement présentée au Théâtre du Nord, partenaire incontournable de l’Institut depuis un an. Dans le cadre de Fiesta, la prochaine édition de lille3000, Just My Luck fera également l’objet d’un projet participatif qui se déploiera dans des bars et PMU de la Métropole Lilloise avec la volonté de s’adresser à tous les publics. Une stratégie de diffusion et de mutualisation, mise en place dès l’origine du projet que nous présente Anne Lacoste. Rappelons que le projet architectural de l’Institut a été confié à l’agence Berger&Berger dans un futur bâtiment d’une surface de 4 000m2 qui, outre des espaces d’exposition, de réserves, de conservation et de restauration, proposera au public une bibliothèque, une librairie-boutique, un café, un espace familles… Le tout devant théoriquement ouvrir courant 2026. Un formidable écrin, au service d’un questionnement intime et collectif de notre rapport au monde, selon les spécificités mêmes du médium comme le résume Anne Lacoste, qui a répondu à mes questions.
Point d’étape : calendrier de préfiguration, prochaines échéances…
La phase de préfiguration de l’Institut s’est clôturée avec la publication du Manifeste pour la photographie à l’issue de la dernière programmation temporaire sur le site de la rue de Thionville (Vieux-Lille). Nous sommes en train de finaliser notre projet scientifique et culturel qui sera présenté au conseil d’administration cette année. Il est construit autour de 3 axes principaux : l’inclusion et l’accessibilité, la RSO et la stratégie numérique. Autant de chantiers menés en interne avec des interventions extérieures et en lien avec les différents départements de l’Institut.
La place des fonds d’archives : nouvelle structuration
Un comité d’experts, amené à se prononcer sur l’accueil de futurs fonds d’archives de photographes a été constitué. Il a pour vocation d’émettre un avis, favorable ou défavorable, sur l’arrivée de nouveaux fonds après une première sélection, réalisée en interne par l’équipe de l’Institut.
En ce qui concerne le chantier des travaux : quel horizon ?
D’un commun accord avec l’équipe de l’Institut, nous avons décidé de ne plus évoquer les échéances liées aux travaux. En raison de diverses complications, nous arrivons en phase pro avec une durée de travaux estimée à 18 mois, mais je préfère ne pas mentionner de date d’ouverture tant que les marchés publics ne sont pas encore lancés !
« Just My Luck » Cécile Hupin & Katherine Longly, vue de l’exposition Théâtre du Nord, Institut pour la photographie, photo N Dewitte
Comment le projet de l’exposition « Just My Luck » au Théâtre du Nord a-t-il été imaginé ?
Nous organisons deux expositions par an au Théâtre du Nord à la suite de leur invitation/carte blanche. Cette programmation rejoint les enjeux de notre projet scientifique et culturel, en ce qui concerne l’accessibilité et l’inclusion. Nous avons réutilisé les cimaises de l’Institut pour créer un parcours au sein du théâtre. Ces expositions sont à chaque fois accompagnées d’une série d’évènements (ateliers, visites…) que nous menons avec le Théâtre du Nord.
Cette 3e exposition s’inscrit plus globalement au sein de la biennale lille3000 dont la thématique cette année est Fiesta. Autour des jeux de loterie et de hasard, le projet imaginé par Cécile Hupin et Katherine Longly se déploie en 2 parties avec, d’une part, l’exposition et cet automne, une série d’évènements qui se tiendront dans différents bars et PMU de la Métropole Lilloise.
« Just My Luck » Cécile Hupin & Katherine Longly, vue de l’exposition Théâtre du Nord, Institut pour la photographie, photo N Dewitte
Comment avez-vous découvert les artistes et le projet ?
J’ai découvert le projet Just My Luck par l’intermédiaire d’Olivier Grasser de Contretype à Bruxelles, étant jury du prix Archipel. Le clin d’œil à Fiesta et les compétences de Katherine et Cécile autour de l’inclusion des publics nous ont donné envie de travailler avec elles. Nous avions déjà réalisé un projet participatif à l’occasion de la résidence du photographe Vincent Beeckman dans le voisinage de la rue de Thionville. Ce dernier avait donné lieu à l’exposition « La Bonaventure ».
Proposer du hors-les-murs fait partie de la vocation même de l’Institut, avec l’idée qu’une institution culturelle doit aller à la rencontre des publics. Nous avons créé en ce sens une structure modulaire qui nous permet d’investir différents lieux, intérieurs ou extérieurs, que ce soient des plages, les berges de la Deûle ou les Archives nationales du monde du travail. Ce dispositif nous laisse une grande liberté et beaucoup de souplesse. C’est un investissement qui remonte à plusieurs années et que nous avons souhaité faire au regard de l’importance que représente pour nous le hors-les-murs.
« Just My Luck » Cécile Hupin & Katherine Longly, vue de l’exposition Théâtre du Nord, Institut pour la photographie, photo N Dewitte
Retour sur l’ADN et le positionnement de l’Institut pour la photographie
Le positionnement de l’Institut est très clair, avec pour objectif et ambition la sensibilisation d’un large public à la lecture critique et sensible de la photographie. Nous investissons le médium dans tous ses usages et sous toutes ses formes – étant donné les richesses et spécificités de la photographie -, à travers des projets qui questionnent le monde, ou le médium lui-même. C’est la ligne directrice de notre programmation, et ce depuis le départ.
Quelles synergies comptez-vous développer sur un territoire où les structures photographiques sont nombreuses ?
Au moment de la création de l’Institut, cette question était essentielle. Nous avons souhaité nous inscrire dans une dynamique existante avec des structures photographiques déjà bien présentes. Nous avons créé un comité d’experts territoriaux, le Cercle Hippolyte Bayard, autour d’une charte de valeurs communes, de possibles mutualisations et des programmations imaginées collectivement pour valoriser et promouvoir la photographie dans l’ensemble de la région. L’une des spécificités des structures photographiques des Hauts-de-France est cette capacité à aller à la rencontre des publics par le biais du hors-les-murs, d’où la nécessité d’offrir une programmation cohérente à l’échelle du territoire pour répondre à l’ensemble des besoins, tout en restant attentifs à maintenir une véritable complémentarité et une non-concurrence. L’une de nos premières actions a été le lancement et le financement d’un portail documentaire commun aux bibliothèques du Cercle Hippolyte Bayard afin de mettre en avant des ressources souvent invisibilisées. Nous menons aussi des programmations communes comme ce fut le cas à l’occasion d’Utopia, l’une des éditions de lille3000, avec l’organisation d’une résidence d’artistes sur la thématique de l’eau pu encore en 2024 avec plusieurs expositions qui présentaient le travail d’une quarantaine des 200 photographes lauréats de la Grande commande Photojournalisme. La prochaine programmation commune aura lieu à l’occasion du Bicentenaire de la photographie.
Quelle serait votre définition de la photographie ?
J’ai déjà partiellement répondu, mais un medium qui, du fait de l’ensemble de ses usages et ses spécificités, questionne notre rapport au monde.
Infos pratiques :
« Just My Luck »
Cécile Hupin & Katherine Longly
Jusqu’au 5 juillet 2025
Institut pour la photographie,
hors les murs au Théâtre du Nord
4 place du Général de Gaulle, Lille