Louise Sauvard dans l’exposition UNLOCKED, Galerie du Crous photo Florian Martin-Wester
Son diplôme à l’ENSAD Paris, Palace, partait de l’observation de chambres de jeunes filles dans l’immeuble du 53 rue Lhomond, résidence étudiante réservé exclusivement aux femmes où Louise Sauvard @sauvages a vécu. Différents projets, voyages au cœur de l’intime, de la sororité, la chambre devenant un sanctuaire, un sujet de dissidence, de déconstruction du genre. Avec Unlocked projet sélectionné pour la saison 2024-25 de la galerie du Crous, qui réunit photographies et vidéos, il s’agit de se mettre dans la peau d’un personnage d’un Role Playing Game, dans une esthétique pop flirtant avec le morbide comme elle le précise. Parmi ses sources d’inspiration : Jeff Wall, Xavier Dolan, Gus Van Sant mais aussi la mode JP Gaultier, McQueen, Vivienne Westwood…La photographie permet à l’artiste la poursuite de nombreux enjeux sociaux-culturels soulevés par ses explorations. Par ailleurs, Louise a assisté le duo d’artiste Elsa & Johanna. Elle collabore avec différents magazines ou campagnes créatives dans l’industrie musicale et de la mode.
Que représente l’opportunité d’exposer à la galerie du Crous à ce moment de votre parcours ?
C’est une grande étape pour moi, car j’avais imaginé le projet que vous avez vu pour la galerie du Crous. Étant donné que mon sujet portait sur la vie étudiante dans une résidence du Crous, il me semblait tout à fait naturel que mon projet se déroule ici, in situ. Il est important pour moi que ce que je montre soit accessible à toustes et en accord avec mes valeurs. Je ne m’attendais pas à ce que cela m’apporte autant de visibilité ni à recevoir des retours aussi positifs et profondément enrichissants. Je remercie donc le jury et l’équipe de la galerie du Crous de Paris d’avoir cru en mon travail et en ma vision. Ce n’est que le point de départ de quelque chose de plus grand.
Louise Savard, The Swallowing Spirt Ceremony 2025 courtesy de l’artiste
Comment définissez-vous votre univers ?
À la fois pop, coloré, avec des références humoristiques, mais aussi à double tranchant, mon univers est millimétré, étrange, et joue sur l’ambivalence entre la lumière artificielle et les ténèbres et même parfois un coté morbide subtil. Il contient des messages cachés, des lectures codées, un langage gestuel et spatial qui lui est propre. Le souci du détail est également un élément central de mes images. En général, j’organise en amont mes prises de vue, puis je laisse les personnes que je photographie apporter leur spontanéité pour briser cette organisation et introduire une part d’imprévu.
Quel est votre rapport à l’intime ?
Pour moi, l’intime est paradoxal : il n’a pas de murs, et pourtant, il en a besoin pour prendre une autre dimension. L’intime, c’est une énergie invisible qui réside en nous et se transmet entre humains. C’est comme des safe places que l’on construit, à la fois abstraites (amitié, liens invisibles) et matérielles (lieux d’expression, chambres). Il est paradoxal de dire que l’intime n’a pas de murs, sachant que je photographie souvent des espaces clos et des chambres.
Louise Savard, projet Le Palace, courtesy de l’artiste
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Sans hésiter : Corine Day, Petra Collins, Jet Swan, Jeff Wall, Gaspard Noé, Xavier Dolan, Anna Gaskell, les milieux alternatifs, notamment autour de la musique (raves, free parties), la mode, la nature, et bien sûr mes ami·e·x.
Comment se tisse les liens avec vos modèles ?
En général, je photographie uniquement mes ami·e·x, puis les amis de mes amis, des connaissances, des personnes qui, de près ou de loin, gravitent autour de mon cercle. C’est vrai que les réseaux sociaux m’aident beaucoup. Mais j’aime aussi créer des liens entre les gens, alors, souvent, cela se fait naturellement.
Louise Savard, Core Concern (détail), 2025 courtesy de l’artiste
Quel prochain projet vous anime ?
J’aimerais mener des études sur les rituels des sororités et fraternités en Amérique et partir explorer ces phénomènes au sein des campus universitaires américains ou canadiens. C’est un univers riche en codes secrets et un sujet très contemporain, encore récent à l’échelle de l’histoire.
Ayant déjà amorcé cette thématique au sein de la résidence exclusivement réservée aux femmes où je vivais, et l’ayant explorée dans mon exposition Unlocked à la galerie du Crous de Paris, j’attends avec impatience de pouvoir poursuivre ce projet et en déployer toutes les potentialités.
Ces phénomènes soulèvent de nombreux enjeux sociaux et culturels, et je souhaite explorer comment la photographie peut permettre de les mettre en lumière.
Infos pratiques :
UNLOCKED
Solo show de Louise Sauvard
du 6 au 15 mars 2025
Galerie du Crous de Paris
11 rue des Beaux-Arts, Paris
Entrée libre
https://www.instagram.com/Crousparis_galerie
suivre les actualités de Louise :
https://www.instagram.com/louisexsvd
à venir :
« Come as your are » group show, Centre d’art Le Point Commun, Annecy