Mehdi-Georges Lahlou, La Palmeraie des mémoires, vue de l’exposition CWB Paris © CWB Paris
« Il faut porter encore en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. » F.W. Nietzsche
Le vaisseau mutant, xeno-espace du Centre Wallonie Bruxelles depuis son ré-amarrage à Paris, se déploie au rythme de différentes méta-saisons conçues par Stéphanie Pécourt comme autant d’expériences à traverser. Actuellement Diffractions_Proto-géopoétiques & Cosmiques visions accueille l’installation la Palmeraie des mémoires de l’artiste Mehdi-Georges Lahlou et l’exposition Éternelles Errances autour du programme de mentorat « Une artiste-une entrepreneure » initié par les Amis du NMWA (National Museum for Women in the Arts) rejoint par CulturFoundry. Prochainement c’est le Prix Carré sur Seine qui sera amarré au cyber vaisseau sous le co-commissariat de Stéphanie Pécourt et Yavannoé Kruger (Poush) autour de la pensée de la poétesse belge Els Moors, un « manifeste dissident pour un cosmopolitisme renouvelé », tandis que le point d’orgue de la saison sera atteint avec le Symbiosium 2_Cosmologies spéculatives#Abyssal&Sidéral&Synthéthique… autant de formes de résistances et de re-potentialisation, pour Stéphanie qui envisage la contamination et la dissidence comme une forme d’éthique.
Stéphanie Pécourt, directrice du CWB ©Vinciane Lebrun
LA PALMERAIE DES MEMOIRES
Quand le fantôme devient réel, c’est le réel qui devient fantomatique. Günther Anders
L’installation pensée en in-situ par Mehdi-Georges Lahlou a la puissance énigmatique d’une parabole uchronique qui métaphorise autant ce qui possiblement eût été que ce qui pourrait advenir. Elle est une œuvre qui s’arpente comme on pénètre un labyrinthe ou un sanctuaire ; un espace symbolique involutif qui questionne autant qu’il déroute.
En son sein, des images nous submergent- celles des migrations, celles des ravages, celles des prédations, celles des corps et territoires colonisés – celles encore des survivances et des espoirs invaincus.
La Palmeraie des mémoires témoigne de la dimension prodromique et anticipatrice d’œuvres contemporaines qui disent, autrement qu’avec littéralité, quelque chose de notre temps…
… Vivre dans les ruines … écrivait Anna Lowenhaupt Tsing ___ l’installation appelle à penser non pas la survie mais la prospérité dans la complexité et dans des vestiges et environnements chargés d’histoires – elle invite à esquisser de nouvelles alliances entre humain.e.s et non-humain.e.s.
Cette œuvre a été créée par un artiste que nous accompagnons depuis plusieurs saisons et dont le travail se caractérise par l’indisciplinarité. Elle est la concrétisation d’un long processus et de périodes de résidence menées par l’artiste notamment à la Spaces, à Cleveland aux Etats-Unis.
Mehdi-Georges Lahlou, La Palmeraie des mémoires, vue de l’exposition CWB Paris © CWB Paris
A l’imagine d’une histoire qui se déploie, La Palmeraie des mémoires poursuit la narration amorcée dans « A l’ombre des palmiers » présentée à la Galerie Papillon en 2024, et à la « Conférence des palmiers » dévoilée à la Centrale à Bruxelles en 2023 – elle parachève une recherche sur la construction de la mémoire, sur l’histoire – expurgée de prétentions universalistes – qui se raconte autrement ; des marges, subalternités et périphéries.
Éternelles Errances #CulturFoundry vue exposition CWB
ETERNELLES ERRANCES
Le Centre aka le vaisseau se virtualise comme un espace résolument « contaminé » – un espace qui se fait fort de son désenclavement, fort d’alliances et d’unions. En cette Saison Diffractions_Proto-géopoétiques&Cosmiques visions, nous accueillons un projet porté par CulturFoundry, en partenariat avec les Amis du NMWA (National Museum for Women in the Arts de Washington). Pour cette exposition, les ami.e.s de CulturFoundry ont sélectionné les univers de 9 artistes parmi 60 ayant participé aux 5 éditions du programme de mentorat « Une artiste-une entrepreneure », initié par les Ami.e.s du NMWA et ce sous le commissariat de Marianna De Marzi. Créée en juin 2020, CulturFoundry est une association philanthropique qui rassemble des mécènes-collectionneur.euse.s et des passionné.e.s d’art désireux.euses de promouvoir et soutenir la création contemporaine d’artistes résidant en France.
Éternelles Errances #CulturFoundry vue exposition CWB
L’engagement de ces deux associations en faveur de la promotion d’artistes femmes a eu raison de notre souhait d’accueillir cette exposition.
En outre, éternelles errances dont les enjeux sondent les interstices des profondeurs terrestres et les mystères inaccessibles du cosmos préfigure en quelque sorte les sujets qui seront parmi ceux abordés dans un projet cardinal de cette saison portée par les équipes du Centre, à savoir : Symbiosium 2_Cosmologies spéculatives#Abyssal&Sidéral&Synthéthique qui sera dévoilé le 16 mai 2025.
Éternelles Errances #CulturFoundry vue exposition CWB
CARRE SUR SEINE
En décembre 2024, j’eus le plaisir d’être invitée à être la première Marraine des Rencontres artistiques Carré sur Seine qui rassemblèrent des centaines d’artistes et protagonistes du monde de l’art contemporain.
Fondée en 2011 par quatre galeries situées à Boulogne-Billancourt, Carré sur Seine, soutient la création et l’accompagnement des artistes par l’animation d’un réseau de professionnel.le.s et d’amateur.trice.s d’art.
Chloé Sassi, finaliste Prix Carré sur Seine, extrait de la video Sémi-Senso
Lancé en 2013, le Prix Carré sur Seine distingue chaque année des lauréat.e.s parmi les artistes finalistes désignés par le jury des professionnel.le.s de l’édition en cours.
L’édition 2024 de ce Prix se dévoile au Centre.
Il faut porter encore en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. F.W. Nietzsche
Un commissariat à huit mains – celles d’Yvannoe Kruger, de Lou-Justin Tailhades et les miennes – qui mégaphonise comme j’aime à le dire des « actes urgents » d’artistes contemporains dont les œuvres faillent les évidences et qui fabulent des territoires et des corps repotentialisés.
KnalPatronen dont le titre est inspiré d’un ouvrage qui collecte l’ensemble des poèmes de la poétesse belge Els Moors fait écho à la science de la combustion des matériaux et de ses effets, la pyrotechnie.
Affiche Prix Carré sur Seine l’exposition KnalPatronen CWB Paris
KnalPatronen se révèle être véritablement un manifeste du sentir, de l’esthétique au sens grec du terme aisthêtikos qui peut être perçu par les sens – un manifeste dissident pour un cosmopolitisme renouvelé.
Les œuvres qui y sont dévoilées en appellent toute à une montée en puissance de l’expérience, de l’agentivité.
Nombre des œuvres présentées, dont certaines produites en in-situ, procèdent d’une forme de « re-potentialisation », de réagencements d’éléments, de matières.
Farid Kati, finaliste Prix Carré sur Seine 2024, Adugraphe n°8, ©️Simon Cristiano
Magnification de l’usure à l’heure de la saturation de l’esthétisation et de l’hypertrophie de l’image, ces œuvres blasonnent l’érosion, ennoblissement le résiduel et semblent indiquer une résistance à la sédimentation des agencements posés. Elles se révèlent être des dénégations obstinées à l’immuabilité.
Nombre des œuvres présentées en appellent à une éthique de l’humilité et de la vulnérabilité. Elles psalmodient la beauté de la fragilité. Nombre d’entre elles encore pointent les autoritarismes et les conditionnements.
La charge de KnalPatronen est résolument explosive !
QU’AVEZ-VOUS DECOUVERT SUR LA SCENE FRANÇAISE A L’OCCASION DE VOTRE TOUR DE FRANCE (Hors-les_murs) ?
Mon tour de France… me donna à passer par la France métropolitaine et outre-marine en 2024 et me donna à aller à la rencontre d’univers puissants, résolument ancrés dans leurs temps et virtualisant des demains sapides.
J’ai découvert la « consanguinité » des scènes dites belges et françaises, des scènes qui échappent à toute tentative de réductibilité. Nos saisons se font fortes de cette consanguinité, des démarches qui s’interpellent, se répondent, s’affrontent, se convoquent.
Infos pratiques :
Éternelles Errances #CulturFoundry
Jusqu’au 15 mars
La Palmeraie des mémoires, Mehdi-Georges Lahlou
Jusqu’au 12 avril
KnalPatronen, Exposition du Prix Carré sur Seine 2024
Les dix artistes finalistes du Prix Carré sur Seine 2024, ainsi que les trois lauréates du Prix Carré sur Seine – Résidence Nexity Héritage 2024 :
Liste : Sosthène Baran, Maya Gering, Jérôme Grivel, Pascal Hachem, Farid Kati, Louis Lanne, Gohar Martirosyan, Alexandre Nitzsche Cysne, Carlota Sandoval-Lizarralde, Chloé Sassi, Hugo Vessiller-Fonfreide, Halveig Villand, Jisoo Yoo.
Du 27 mars au 12 avril 2025
A venir :
Symbiosium 2_Cosmologies spéculatives#Abyssal&Sidéral&Synthéthique
Centre Wallonie-Bruxelles
127-129 rue Saint-Martin 75004 Paris
Entrée libre