Wendy Andreu, Vase Squeeze, Squeeze series, 2024, production / réalisation Cirva, Marseille.
© Wendy Andreu, photo © Vanni Bassetti
Wendy Andreu est l’une des révélations de cette 2ème édition de Matters and Shape qui réunit 50 exposants dans deux pavillons du Jardin des Tuileries dans un décor de Willo Perron. Sa série « The Squeeeze Vases » réalisée lors de sa résidence au CIRVA, Marseille est l’un des points d’orgue du Glass Room. Lauréate des Grands Prix de la Création 2024 de la Ville de Paris (Prix Révélation Design), la jeune designeuse explore les matériaux et leurs potentiels : le textile à travers le processus Reven (au départ collection textile d’accessoires de pluie à partir de ficelle et de latex, étendue à d’autres matériaux composites), le verre (récupération de rebuts de bouteille pour créer de nouvelles typologies d’objets), le mobilier comme prochainement pour le musée du design de Gand. Entre la prospective et la commande, le savoir-faire artisanal et l’innovation, l’occasion de découvrir sa démarche, ses valeurs et son parcours de Paris (École Boulle) à Eindhoven (Design Academy).
Vous présentez Squeeze Vases/ Squeeze Series à l’occasion de Matters and Shape : quelle en est la genèse ? la filiation ?
La série s’inscrit dans un projet en continu qui avait été présenté lors de l’exposition « Jardin Mécanique » à l’invitation d’ India Mahdavi.
Pour remonter à l’origine, j’ai été invitée en 2022 par Stanislas Colodiet, directeur du CIRVA Marseille à faire une résidence de 2 ans dans ce centre d’art unique dédié au verre selon une approche expérimentale. Les artistes et designers invités n’ont jamais travaillé cette matière, c’est pourquoi les projets se construisent au fur et à mesure des rencontres et visites. La résidence se structure sur 2 ans autour de 5 semaines de résidence par an, ce qui permet de se projeter dans un temps long. Je suis arrivée autour de deux questionnements : d’une part comment créer sans produire de chute à partir d’un moule et d’une bulle de verre soufflée en une seule fois et d’autre part a contrario comment créer à partir de chute par le biais d’un partenariat avec un marque d’alcool qui a fait donation de bouteilles que l’on a upcyclées. Ce travail non encore dévoilé, sera présenté à Saint-Etienne au musée du design en novembre 2025.
Wendy Andreu, Vase Squeeze, Squeeze series, 2024, production / réalisation Cirva, Marseille.
© Wendy Andreu, photo © Vanni Bassetti
Sur le salon, je montre la recherche du produit sans chute, cette collection de vases conçues avec des moules en métal de par ma formation initiale. Je concevais les pièces avant de venir au CIRVA puis je me livrais à un travail de soudure des moules et demandais au verrier de souffler des bulles de verre dans les moules. A la fois un travail de formes autour de ces moules en métal et de couleurs qui ne sont pas toujours compatibles entre elles dans le verre au niveau chimique. Les compositions différent. Les vases sont devenus alors un prétexte pour créer un nuancier autour des différentes possibilités en termes de combinaisons colorées.
Wendy Andreu, Collection Jardin Mécanique, production/ réalisation CIRVA Marseille © Thierry Depagne
Comment financez-vous votre participation à Matters and Shape ?
Je n’ai pas de galerie ni de partenaire qui me représente pour ce travail donc je finance entièrement ma participation et je réalise le travail de vente également.
Le concept Reven : quels enjeux ?
Ce projet textile a commencé comme une sorte d’erreur en 2014 lors de mes études à l’École Boulle autour du métal et du bois. Je souhaitais sortir de ces matériaux dures pour aller vers quelque chose de plus mou et malléable. J’étais très intéressée par le textile sans avoir de formation ni de savoir. Pour pallier le fait que je ne savais ni tisser, ni tricoter, ni coudre, j’ai décidé de coller le textile à partir de ficelle et de latex. Du textile non tissé que j’ai conçu en 3 D. Au début cela a pris la forme d’une collection d’accessoires pour la mode présentée lors du festival d’Hyères à la Villa Noailles et qui a remporté le prix du Public, mis au point, non pas comme un produit fini mais comme un artisanat. Reven veut dire pluie en hollandais, ce qui était lié à cette ligne d’accessoires pour la mode, étendue à présent à du mobilier, de la tapisserie ou autre. Je travaille toujours avec ce textile pour lequel j’ai mis au point des outils, des moules, des gabarits pour le déployer.
Comment jugez-vous votre expérience à la Design Academy d’Eindhoven ?
Cela fait un moment que j’ai fini donc je ne sais pas comment l’école évolue et si ce que je vais dire est toujours pertinent. Je pense être le résultat de mes deux formations à l’École Boulle autour du métal et à la Design Academy aux Pays-Bas autour du design plus conceptuel. Ce que j’ai apprécié là-bas était la faculté qui nous était donnée de devenir le designer que l’on souhaitait être. Rien n’était prédéfini ou préfabriqué. On pouvait s’affirmer en tant qu’individualité et l’on était fortement encouragé à sortir de nos zones de confort pour aller vers l’inconnu, explorer et pousser la curiosité. Cela donne aussi une certaine humilité car lorsque l’on n’est pas spécialiste de quelque chose, on le regarde avec envie et non dans le sens négatif du terme mais d’une soif de découverte. Si ce que je fais est bien, il y a aussi cela qui existe. Cela a créé chez moi une humilité que je garde précieusement.
Quels prochains projets ?
J’ai une dizaine de projets en cours avec des choses assez excitantes qui se profilent comme avec le Mobilier Nationale pour l’ARC (Atelier de Recherche et de Création). Je développe en solo une nouvelle chaise, ce qui est toujours motivant. J’ai des commandes en cours de tapisseries et d’œuvres murales…des trophées notamment. Avec mon ami et collègue belge, Bram Vanderbeke, nous dessinons tous les meubles du musée du design à Gand.
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Matters and Shape, 2ème edition
Jardin des Tuileries
Du 7 au 10 mars