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Frac MÉCA : Interview Elfi Turpin, directrice 

Vue partielle de l'exposition Date prises de vues : 14 novembre 2024

Vue de l’exposition « Primavera Primavera », Frac MÉCA, photo Jean-Christophe Garcia

C’est à l’occasion de l’exposition collective « Primavera Primavera » réunissant 35 artistes et 4 collectifs autour de la jeunesse, ses complexités, ruptures, revendications et inquiétudes…que je rencontre Elfi Turpin qui a pris la direction du Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA depuis septembre 2024. Elle nous dévoile les axes de son projet autour de logiques de co-création et de co-écriture à différentes échelles d’un territoire dont la géographie l’inspire autour de dynamiques politiques liées aux mémoires Atlantiques qui le traversent. La collection, sa diffusion et mise en valeur, est également un engagement fort de sa démarche. L’année 2025 sera marquée par un éclairage sur la scène marocaine par la commissaire Sonia Recasens suite à l’invitation de Claire Jacquet. La véritable programmation d’Elfi Turpin commencera en 2026.

Elfi Turpin, directrice, Frac MÉCA photo Céline Nieszawer

Quels projets défendez-vous pour le Frac MÉCA ?

Je suis très heureuse d’avoir rejoint le Frac MÉCA, sa formidable collection et sa région. Aujourd’hui le Frac a une collection de plus de 1600 œuvres, ce qui est l’un des axes forts de mon projet. Ce travail de diffusion et de partage s’ancre dans un territoire où j’aurai à cœur de m’inscrire au plus près des habitants et des artistes. L’un des enjeux majeurs du Frac aujourd’hui est de comprendre comment à travers des actions de médiation, de résidences et d’expositions, on construit un projet à travers des actes de co-écriture ou de co-création. Je m’inscris dans le sillage de Claire Jacquet qui avait initié ce principe de projet d’expositions dans lequel on se trouve avec « Primavera, Primavera ». 

L’implication des publics à différentes échelles est un aspect essentiel de la démocratisation culturelle. Cette question va habiter chacune de mes initiatives. De même, je compte poursuivre la coopération avec différents types de partenaires à un niveau local – le quartier, la ville, la région- ou international. Le Frac doit faire rayonner la scène artistique régionale prise avec un débat qui peut être international.

Vue de l’exposition « Primavera Primavera », Frac MÉCA, photo Jean-Christophe Garcia

Que pensez-vous de cette exposition tournée vers la jeunesse ? 

Cette exposition, initialement programmée avant mon arrivée, engage un sujet que je trouve tout à fait pertinent. Je trouve très stimulant de m’inscrire dans cette démarche qui s’organise autour d’acquisitions récentes, ce qui donne l’occasion au public de découvrir des artistes émergents qui ouvrent leurs pratiques à des formats collectifs, d’initiatives communes et de différentes formes de sociabilité. 

Vue de l’exposition « Primavera Primavera », Frac MÉCA, photo Jean-Christophe Garcia

En quoi la singularité géographique du territoire va-t-elle influencer vos actions ? 

En effet, je compte m’intéresser à cette géographie du territoire et aux mémoires Atlantiques, à savoir une complexe histoire coloniale qui nous relie aux côtes espagnoles, portugaises, africaines, caribéennes et plus largement aux Amériques. Ces sujets qui résonnent particulièrement à Bordeaux et dans toute la région. Ils s’inscrivent dans une géographie artistique qui existe déjà, autrement dit dans un espace de pensée et de recherche où le territoire est relié à une mémoire et une histoire coloniale fragmentée. Ce sont des sujets qu’il m’intéresse d’explorer et des axes qui traversent la collection du Frac qui a initié depuis quelques années un dialogue avec les scènes africaines. D’autres sujets enjeux peuvent émerger du territoire comme des questions liées au langage et aux langues minoritaires, à la ruralité et aux arrière-pays… L’idée est de travailler cette perméabilité entre le Frac et un territoire irrigué d’interlocuteurs nombreux. Comment le Frac peut-il faire résonner ce territoire, à la fois géographique et politique ? 

Les résidences : un outil important pour vous ? 

C’est aussi un aspect du projet que j’aimerais développer. Le Frac est un bel outil de travail, de recherche et de production. Il est équipé de deux ateliers qui permettent de recevoir des artistes en résidence sur des temps de cocréation mais aussi des commissaires, des critiques, notamment sur des temps de recherche autour de la collection. Certains artistes de l’exposition Primavera Primavera ont par exemple participé à des temps de création au Frac, tel Charlie Aubry dont l’œuvre a été en partie produite pour ce projet dans le cadre d’un partenariat avec un Ephad. 

Les résidences permettent de pouvoir collaborer avec un large éventail de partenaires issus des champs culturels, éducatifs ou sociaux, mais aussi avec des entreprises autour de certains savoir-faire, voire d’inclure des habitant·es du territoire au processus de création.

Vue de l’exposition « Primavera Primavera », Frac MÉCA, photo Jean-Christophe Garcia

Qu’est-ce qui se dégage selon vous de ce panorama Primavera-Primavera ?

Ce que je trouve particulièrement intéressant c’est la façon dont les commissaires Karen Tanguy et Émeline Vincent ont mis en lumière ce désir collectif des artistes de trouver d’autres formes de sociabilité, de cohabitations, en tentant de se mettre à l’écoute d’une jeunesse, traditionnellement classée dans une catégorie qui minimise sa parole ou sa représentation. L’exposition est polyphonique et résonne de voix qui sont souvent peu entendues. 

Quelles expositions sont prévues en 2025 ? 

Le second semestre 2025 se construira dans le souffle poétique de l’Aïta, art oratoire et genre musical populaire marocain, qui constitue une porte d’entrée sur une exposition dédiée à la scène artistique marocaine dont le commissariat a été confiée par Claire Jacquet à Sonia Recasens. Cette exposition s’inscrit dans la volonté de dialogue et de rapprochement avec les scènes artistiques du continent africain initiée par le FRAC dès 2015. Elle est le support d’échanges nourris avec l’écosystème artistique marocain et sera accompagnée d’un catalogue publié en partenariat avec la maison d’Éditions Kulte à Rabat.

Qu’est ce qui caractérise la collection du Frac MÉCA ?

C’est une très belle collection, riche de plus de 1600 œuvres, représentative de l’évolution de l’art contemporain des années 80 à nos jours, et des enjeux qui ont traversé le scène artistique en France en lien avec un débat qui dépasse ses frontières. La collection est ouverte à tous les médiums et toutes les pratiques, ce que reflète bien l’exposition Primavera Primavera.

Quel budget d’acquisition ?

Le budget annuel d’acquisition est composé des contributions de la Région Nouvelle-Aquitaine, de la Ville de Bordeaux, du ministère de la Culture, et des ressources propres du Frac. Il permet d’acquérir chaque année les œuvres de plus d’une quinzaine d’artistes. Le FRAC MÉCA est à ce titre un maillon essentiel de l’économie des artistes et de leurs représentations dans les collections publiques en France.  Je suis en train de constituer un nouveau comité technique d’acquisition composé d’experts du champ des arts visuels qui auront l’enthousiasmante mission d’enrichir et de dessiner les futurs de la collection FRAC MÉCA.

ARTISTES : « Primavera, Primavera »
Carla Adra, Anonyme, Charlie Aubry, Alizée Armet, Alex Ayed, Selim Bentounes, Lény Bernay, Collectif Bientôt Fini (Clémentine Beth, Calypso Debrot, Lucile Genin, Maya Paules, Lucie Schneider), Deborah Bowmann (Amaury Daurel & Victor Delestre), Lou Chavepayre, Julien Creuzet, Calypso Debrot, Daniel Dewar & Grégory Gicquel, Juliana Dorso, Kenny Dunkan, Ben Elliot, Fossile Futur, Eva Georgy, Lola Gonzàlez, Morgane Jouvencel, Morvarid K, Euridice Zaituna Kala, Özgür Kar, Tarek Lakhrissi, Nina Laisné, Ntshepe Tsekere Bopape, Rafael Moreno, Palette Terre (Bastien Cosson, Aurélien Porte, Nicolas Roggy, Jonathan Binet, Sylvie Fanchon, Nicolas Chardon, Josquin Gouilly Frossard, Julien Monnerie, Maxime Baron, Karina Bisch, We Are The Painters, Corentin Canesson, Romain Poussin, Émile Vappereau), Antoine Renard, Olga Roger-Debrot, Kevin Rouillard, Sara Sadik, Zeinab Saleh, Molly Soda, Artie Vierkant, Cécile Vignau.

Infos pratiques :

Les nouveaux printemps d’une génération

COMMISSARIAT  :
Karen Tanguy, Émeline Vincent

jusqu’au 25 mai 2025

Horaires

Ouverture du mercredi au dimanche de 13h à 18h (dernière entrée à 17h30)

Tarifs

Contribution libre à partir de 2€

https://fracnouvelleaquitaine-meca.fr/evenement/primavera-primavera

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