Ana Jotta, Fala-só, 2016-17 (detail). Bleach on blue twill, 1,60m x 40m. Courtesy of the artist and greengrassi, London
« On peut s’assoir ou se lever, se rassoir, se tenir debout ou rester assis : se courber ou se redresser. »
Telles sont les lignes d’écriture ou ritournelles inscrites sur l’une des œuvres d’Ana Jotta et qui donne son titre à l’exposition que lui consacre le WIELS de Bruxelles.
Tour à tour décoratrice de cinéma, scénographe, costumière, actrice, l’artiste portugaise entretient un rapport singulier aux objets qu’elle collecte, glane et transforme dans un affranchissement total des catégories entre broderie, dessin, peinture, installation, sculpture… Elle qui pensait d’abord être peintre, se désigne volontiers comme une « amatrice professionnelle ».
D’un ensemble d’esquisses, de touches brouillonnes surgit un champ lexical et écosystème qui lui est propre et selon un ordre qu’elle a décidé. Des connexions sous-jacentes sous le prisme du dessin selon l’angle choisi par l’institution bruxelloise pour cette exposition majeure. La ligne est ce qui guide l’inspiration et la cadre que ce soit sur du tissu, des cahiers d’écoliers, des affiches, notes de bas de page, livres de coloriage, torchons de cuisine, cuir.. selon une grande économie de moyens. Une expérimentation en continu, un apprentissage. Ana oscille entre le domestique et les arts populaires et une culture plus livresque et savante dans un langage intuitif et sériel à la fois.
Installation view Ana Jotta On peut… On peut encore..WIELS, Brussels, 2024, photo: We Document Art
La bande dessinée a une grande place dans son univers comme le comics trip Krazy Kat de George Herriman avec le chat et la souris Ignatz ou Calvin & Hobbes de Bill Watterson dont on retrouve des détails mais aussi des artistes comme Max Ernst ou Hiroshige selon des logiques d’appropriation que le public reconnait ou pas.. Le motif géométrique ou l’écriture à la main, la forme des lettres sont autant de détails qui la fascinent jusqu’à arriver à la lettre J la dernière de son nom qui apparait dans différents scénarios, sa forme cursive remplissant bientôt tout l’espace dans une logique qui renvoie à l’art minimal et conceptuel.
Elle ira jusqu’à collecter tout ce qui ressemble à un J.
Entre illustration et parodie, système et anti-système, parasitage et citations, son langage est poétique car il résiste à toute forme d’emprise.
Si le Festival d’Automne à Paris en 2022 avait révélé sa « Chambre en ville » dans un appartement de la Cité internationale des arts révélant ses collectes aux Puces et dans les rues, cet opus bruxellois rappelant ses années de formation à la Cambre, donne à voir un point de vue plus resserré d’une pratique où l’art et la vie se confondent. Le WIELS poursuit sa mise en lumière de la scène féminine portugaise après avoir exposé Helena Almeida, autre pionnière de la même génération.
Commissaires : Anthony Huberman & Miguel Wandschneider.
Autre exposition :
Christopher Kulendran Thomas, Safe zone
avec le soutien de la Fundação Calouste Gulbenkian
Infos pratiques :
Ana Jotta
On peut
On peut encore
Jusqu’au 5 janvier 2025
Ouverture :
du mardi au dimanche
11/18h00
Tarifs
standard 10 euros
réduit 7 euros
https://www.wiels.org/fr/exhibitions/on-peut-on-peut-encore-ana-jotta
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