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Une traversée de l’intime au MAD Paris !

Erwin Blumenfeld — Study for an advertising photograph
1948 (tirage de 1984) Dye transfer  © Musée national d’Art moderne (MNAM) /
© The Estate of Erwin
 

Christine Macel, désormais conseillère scientifique et artistique du MAD Paris est la co-commissaire de l’exposition « L’intime de la chambre aux réseaux sociaux » avec Fulvio Irace, historien de l’art et du design, qui propose une traversée aux confins du désir et de la « chambre à soi » jusqu’au narcissisme contemporain des réseaux sociaux. 

Réunissant quelques 470 œuvres (photographies, peintures, objets de design, arts décoratifs) « L’intime de la chambre aux réseaux sociaux », aborde des thèmes aussi différents que la frontière entre l’espace public et privé, la fluidité des genres, l’identité, la promiscuité, la surveillance… 

Compte Instagram Lena Situations — @lenamahfouf
29 août 2024
 

Des « Baigneuses » de Pierre Bonnard aux autoportraits militants de Zanele Muholi, de la chaise percée et l’urinoir portatif pour femmes au dernier modèle de toilette japonaise lavante et séchante Toto, des sex-toys, vibromasseurs aux produits de beauté connectés. Si le lit est devenu un espace indispensable de nos journées télétravaillées et ubérisées (merci le confinement !), l’évolution de ses usages témoignent de celle de la société. D’un lieu de réception et de représentation « assister au Lever du Roi », la chambre finit par se sanctuariser avec l’avènement des chambres conjugales au XIXème sous l’impulsion de la bourgeoisie. 

Miroir à main — 1824-1830
Nacre gravée, bronze doré, glace au mercure
© Les Arts Décoratifs 

On entre dans l’exposition par un trou de serrure géant, clin d’œil à Lewis Caroll ou aux trous de voyeur de Marcel Duchamp « Étant donnés: 1° la chute d’eau / 2° le gaz d’éclairage », installation assez déroutante. La scénographie très aboutie est signée de l’architecte italien Italo Rota à qui l’exposition est dédiée. 

Le parcours s’amorce sur la gauche, tandis que la nef est réservée à l’évocation spectaculaire du design des années 1950 à aujourd’hui autour de créations iconiques telles que Superstudio « canapé Safari », Gaetano Pesce avec la « Mamma » chair, Eero Saarinen la Womb Chair, Archizoom et le « canapé Safari », Gianni Ruffi et sofa « La Cova » en matériaux recyclés. Un besoin de coccnoning et d’isolement, de repli se font sentir. 

Gaetano Pesce — La Mamma 1969
© Les Arts Décoratifs

La notion de pudeur et d’hygiénisme au XIXème siècle dans le Paris d’Haussmann marque un tournant aves l’apparition des lieux d’aisance. Après le tub en métal, l’apparition de la salle de bain et ses corolaires : boudoirs et coiffeuses signent l’avènement des produits de beauté (poudriers, miroirs, parfums…). Le maquillage considéré jusqu’alors comme vulgaire s’impose. Dans une perspective inclusive les marques déploient des gammes pour toutes les peaux (Rihanna « Fenty Beauty ») et suivent les évolutions sociétales. 

Evan Baden — Emily 2010
© Evan Baden

Dans l’autre partie du parcours sont abordées les notions de sexualité et de mise en scène de soi à l’ère des réseaux sociaux. De « Loft Story » qui créé un précédent au sein de la téléréalité, les sex-toys deviennent des éléments du quotidien sublimés par les signatures de grands designers : Soni Rykiel, matali Crasset, ou Tom Dixon. L’atmosphère d’alcôve est habilement suggérée autour de dérives érotiques à commencer par le Verrou de Fragonard tableau qui suggère une scène de violence non consentie. Ce « male gaze » se voit malmené par les artistes féministes Judie Chicago, Nan Goldin, Sarah Lucas qui défient les normes.

Zanele Muholi —Bona, Charlottesville Galerie Kvasnevski
© Courtesy of Galerie Carole Kvasnevski
& Zanele Muholi

L’intime de choisi devient imposé quand il s’agit de dormir dans la rue sur le coup de la précarité ou de la survie. Le migrant ou le sans-abri font partie du quotidien de nos vies. Les photographes Mathieu Pernot ou Jacqueline Salmon saisissent avec pudeur ces moments de grandes fragilités. Kosuke Tsumura imagine dans ce sens un kit de survie, tandis que drones et objets de surveillance géolocalisés tracent le moindre de nos mouvements. La sphère des réseaux sociaux est évoquée avec des profils de blogueuses comme Sophie Fontanel ou Lena Situations, tandis que de vrais influenceurs sont invités au vernissage de l’exposition. Le parcours se termine sur la notion de journal intime avec un tableau collage de Thomas Hirschhorn jusqu’à aborder la notion lacanienne « d’extimité » très en vogue chez la génération Z en quête de plus d’authenticité sur les réseaux. On n’en aura jamais fini avec la tyrannie de l’intime ! Alors emmenez vite vos ados voir cette expo à la fois pédagogique, ludique et artistique. 

Catalogue 288 pages, 52 euros, éditions du MAD, disponible à la librairie 

https://boutique.madparis.fr/fr/editions-du-mad/catalogue-dexposition-lintime-de-la-chambre-aux-reseaux-sociaux/

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Infos pratiques :

« L’intime de la chambre aux réseaux sociaux »,

Jusqu’au 30 mars 2025 

Billetterie 

https://madparis.fr

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