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OFFSCREEN, 3ème édition : Interview Julien Frydman, fondateur

Benjamin Heisenberg, Twelve Angry Men (Die zwölf Geschworenen), Installation view 2018.09 Art Berlin.
Courtesy of the artist and Ebensperger gallery. ©LP _MG_3265

Avec plus de 5000 visiteurs en 2023, OFFSCREEN a trouvé son audience et le profil des galeries participantes à cette 3ème édition confirme la dimension pointue et prospective de la foire qui parmi les nouveautés cette année, lance le prix Cultish (plateforme culturelle Publicis Luxe), ouvre un nouvel espace la Maison OFFSCREEN autour d’une résidence de 12 curateurs internationaux assortie d’une bourse de recherche et un book shop avec Printed Matter (New york). L’invité.e d’honneur 2024 est Chantal Akerman conjointement à sa double exposition au Jeu de Paume Paris et Bozar Bruxelles. Julien Frydman, fondateur et directeur artistique, revient sur l’ADN et la singularité du concept de la foire dans une volonté de décloisonnement des pratiques. Il insiste sur la présence de très grandes installations, repoussant toujours plus les limites de l’image en mouvement. Il a répondu à mes questions. 

Marie de la Fresnaye. Retour sur l’ADN d’OFFSCREEN 

Julie Frydman. Partant du constat que nous sommes noyés par un flux constant d’extraits de réels captés par des caméras, des téléphones, des reproductions numériques générées par ordinateur… OFFSCREEN permet de sortir un moment de ce rapport utilitaire à l’image pour redonner la parole aux artistes et mesurer leur capacité d’appropriation de ces pratiques et en faire un champ d’expression. La foire est ce terrain fertile qui n’est pas encore défini, ce qui nous donne l’occasion d’être plus en phase à de nouvelles pistes de recherche, c’est pourquoi nous ouvrons cette année une bourse. Face aux nouveaux outils dont se sont emparés les artistes, nous constatons un continuum qu’il convient de globaliser pour le rendre perceptible et compréhensible au-delà des catégories. OFFSCREEN est l’occasion de décloisonner. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi de positionner la foire pendant Art Basel car l’on s’adresse à un public qui aime l’art contemporain au sens large. Le concept et la singularité d’OFFSCREEN tant en termes de médias que de leur mise en espace permet de créer un dialogue dans le temps autour des avant-gardes historiques et aussi contemporaines.

Valentin Derom, Little Spoon (détail)
© Prix Dior de la Photographie et des Arts Visuels pour Jeunes Talents

MdF. Quel est le profil, le renouvellement des galeries ?

JF. Le renouvellement des galeries n’est pas automatique, certaines n’ayant qu’un artiste pouvant correspondre aux critères et thématiques d’OFFSCREEN. Pour les nouvelles galeries, plusieurs ont entendu parler du concept de façon positive, ce qui nous réjouit. Nous restons dans une dimension internationale forte avec une grande diversité de pratiques.

Nous avons comme invité.e d’honneur Chantal Akerman ce qui s’inscrit dans un moment important avec la rétrospective de Bozar qui arrive au Jeu de Paume. Nous sommes contents que la galerie Marion Goodman participe à cette occasion. 

MdF. Qu’est-ce qui se dégage de ce panorama ?

JF. Plusieurs tendances se dégagent de ces grandes installations. D’une part, des installations sculpturales avec Andrés Denegri par Rolf Art constituée de films et de projections. Citons également l’installation magistrale d’Alfredo Jaar (Goodman Gallery et Hubert Winter) Where is Africa à partir des Unes de Times magazine depuis sa création. D’autre part des installations plus performatives avec Tarrah Krajnak (Thomas Zander) et aussi Lita Albuquerque, Washington Monument présentée une première fois à la Patinoire Royale, augmentée d’éléments d’archives. Une dimension immersive se détache également avec la galerie canadienne Eli Kerr et l’artiste Simon S. Belleau qui travaille sur les prompteurs télévisuels et de ce que cela dévoile des coulisses de la narration et du montage. Du côté des enseignes françaises Bigainion revient avec des travaux de Yannig Hedel qui tisse un dialogue entre sculpture et photographie plus traditionnelle autour des ombres. Un dialogue inédit est exploré entre Gordon Matta Clark et Dennis Oppenheim par Montrasio, les deux artistes ayant collaboré.  Sans oublier la très belle installation de T.R Ericsson (Harlan Levey) d’une dimension onirique voir fantomatique à base de tirages réalisés avec de la nicotine. 

Enfin l’artiste Valentin Derom,  lauréat du Prix Dior de la Photographie et des Arts Visuels pour Jeunes Talents 2024 est exposé dans le cadre de notre partenariat pour la 2ème année. J’accompagne le prix depuis sa création. 

MdF. Quelles nouveautés cette année ? 

JF. Tout d’abord en ce qui concerne le Grand Garage Haussmann nous accueillons un espace dédié à Printed Matter éditeur américain de livres d’artistes qui propose une sélection liée à OFFSCREEN et aux artistes du salon. Un book store qui était attendu. 

Notre deuxième partenaire important est Art Forum autour d’une sélection d’articles dédiés aux thématique d’OFFSCREEN renvoyant à l’histoire des pratiques.

De plus nous ouvrons un 2ème lieu dans un hôtel particulier proche du Grand Garage Haussmann, la Maison OFFSCREEN qui offre des espaces de convivialité et de restauration tout au long de la foire pour le public présent lors de cette semaine de l’art. Nous proposons un programme de résidence de 12 curateurs internationaux. Cette résidence permet de fédérer la communauté OFFSCREEN avec des moments clés sous forme de sessions de travail lors de petits déjeuners qui seront animés par Tina Rivers Ryan, rédactrice en chef d’Artforum, et Douglas Fogle, curator et écrivain. 

Une bourse de recherche sera attribuée à l’un des projets les plus convaincants défendus par les curateurs que ce soit au sein de leur institution ou en dehors. Pour cette première année la Bourse apporte un soutien de l’ordre de 5000 euros, ce qui permet au projet de franchir une étape. 

Parmi les commissaires nous avons privilégié au sein des instituions des profils très pointus qui rejoignent les problématiques qui nous animent tels que : Drew Sawyer (Whitney, New York), Clara Kim (MOCA, Los Angeles), Andrea Lissoni (Haus der Kunst, Munich, Chris Bayley (Serpentine, Londres). Des curateurs français sont invités également. 

OFFSCREEN lance le Prix Cultish en collaboration avec Cultish, plateforme culturelle de Publicis Luxe qui récompense la meilleure présentation du stand selon les curateurs invités. Il s’agit de saluer l’audace et la prise de risque que représentent pour un galeriste et un artiste la participation à OFFSCREEN autour d’un seul corpus d’œuvres souvent. 

MdF. Quelle serait votre définition de l’image en mouvement ?

JF. C’est une forme artistique qui travaille l’espace, le temps, la lumière et comme le dirait Tarkovski une façon de sculpter le temps dans une dimension plus expérimentale que narrative avec ou sans contact avec la pellicule ou le digital. Cela créé un espace d’expression sensible pour l’artiste. 

Infos pratiques :

OFFSCREEN, 3ème édition

Grand Garage Haussmann 

43 rue Laborde, 75008 Paris 

du 16 au 20 octobre 2024

Maison OFFSCREEN 

Hôtel Eldorado

18 rue des Dames, 75017 Paris

https://offscreenparis.com