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Art Basel Paris : concentration et montée en puissance

Stand de la galerie Art : Concept  courtesy the artists and Art : Concept, Paris. Photo Romain Darnaud

Avec les collectionneurs américains qui ont fait le déplacement malgré la perspective des élections et un fort niveau de transactions, Art Basel Paris a démarré sous les meilleurs auspices dans un Grand Palais XXL et une nef spectaculaire pouvant accueillir une quarantaine de galeries supplémentaires. Il est toujours révélateur de remarquer les stands placés front row (comme aux défilés) et en l’occurrence : Pace, Sprüth Magers, Gladstone, Matthew Marks…avec Nathalie Obadia seule française de ce premier rang.  Une intense requalification des espaces a été menée avec une présence plus claire des marques et collaborations, visibles sur les coursives selon une certaine porosité, et l’apparition de la boutique Art Basel. L’affiche que l’on voit dans Paris est tirée de l’œuvre de Nina Childress, avec le visage de Dalida (galerie Art : Concept). La question de la présence des artistes français à l’international est un sujet qui reste en suspens. Cela semble paradoxal à l’heure de cette nouvelle distribution du lieu, malgré ce que déclare Clément Delépine, le directeur de la foire que j’avais interviewé alors qu’il était en charge de Paris Internationale. Parmi les nouveautés le secteur « Premise » dédié à une relecture de l’histoire de l’art et ses marges vers plus d’inclusion. Le niveau général est exceptionnel avec de nombreux solo shows.

Secteur principal

Eva Presenhuber galerie (Zurich) : Solo show de Tschabalala Self

L’artiste américaine mène une démarche militante autour de la représentation du coprs féminin noir. Je l’ai découverte lors des Rencontres d’Arles. Son projet pour la foire intitulé My House se veut un hommage à Sarah Baartman, la « Venus hottentote » dont le squelette et les organes ont été exposés au Musée de l’Homme alors que ses restes n’ont été rendus à l’Afrique du sud qu’en 2002. L’artiste transpose sa silhouette dans une ambiance parisienne et francophile. 

BLUM : Asuka Anastacia Ogawa

À l’occasion d’Art Basel Paris 2024, l’artiste Asuka Anastacia Ogawa présente de nouvelles vignettes dans le récit en cours de son univers magique et caractéristique. Guidée par un intérêt pour les formes d’animisme dans les nombreux contextes culturels qu’elle a élu domicile, cette nouvelle série de peintures approfondit la typologie des objets, des animaux et des rituels que l’artiste aime convoquer. Les créatures et les esprits commandent le regard des personnages d’Ogawa et de leurs spectateurs. Dans d’autres peintures, les personnages de l’artiste partagent des moments intimes d’action dévotionnelle où l’attention est offerte à parts égales à un compagnon et à l’au-delà. Ces œuvres, présentées ensemble, transmettent les questions du cœur d’une manière unique et onirique que seule Ogawa peut faire.

Stand de la galerie (sans titre) avec avec Tanja Nis-Hansen et Agnès Scherer
& Jessy Razafimandimby courtesy of the artists and (sans titre)

(sans titre) : ode à la paresse

Dans une société obnubilée par l’action et la performance, où il est toujours question d’être « la meilleure version de soi-même », on fait peu de cas des corps qui ne produisent rien, ou qui produisent mal. Le point de départ de la présentation est constitué par une sculpture monumentale en papier d’Agnès Scherer représentant le propre lit à baldaquin de l’artiste, qui sera placé au milieu du stand comme un sanctuaire. La représentation de corps allongés est au centre du travail de Scherer, fascinée par le lien direct entre le sommeil et la mort, deux temporalités qui impliquent une perte de conscience. De son côté, Jessy Razafimandimby a conçu une installation holistique, composée de draperies fantomatiques, d’éléments domestiques décoratifs et de peintures. Ces ensembles sont au cœur de sa pratique et ont été élaborés au fil de nombreuses expositions, comme celle qui a ouvert au Dortmunder Kunstverein en février 2024.

Karma International : le sculpteur suisse Hans Josephsohn actuellement exposé au Musée d’art moderne, en dialogue avec Ser Serpas, Mélanie Matranga, Meret Oppenheim.

Emergence 

L’artiste américaine Steffani Jemison, Madragoa (Lisbonne), remporte la bourse de production Lafayette Anticipations.

Souvent axée sur les formes culturelles noires américaines, Jemison cherche à établir des liens entre divers contextes historiques, culturels et contextes historiques revenant sans cesse au titre « Same Time » pour évoquer des idées qui dépassent les frontières du temps et de l’espace. Le support de l’impression lenticulaire, qui fusionne des multiples moments temporels en un seul objet, représente une expansion vers un nouveau médium dans les recherches en continu de l’artiste sur les corps, leur gestuelle et mouvements.

Sur le fil :

Pace Mystic Sugar, la curation Sugar par Paulina Olowska

Skarstedt : Cindy Sherman et Richard Prince 

Galerie Allen : Boris Achour

Hors les murs : en petite forme !

Si l’équipe Basel n’a pas eu le terrain de jeu fertile du Jardin des Tuileries pour cause des JO, on reste sur sa faim devant le « mushroom » de Carsten Höller Place Vendôme qui n’a de géant que le nom ou « l’Arbre à serpents » de Niki de Saint Phalle un peu perdu sur le parvis de l’Institut de France. Jean-Charles de Quillacq sauve la mise dans la Chapelle des Beaux-arts autour de l’art funéraire et la finitude des corps.

Off et satellites :

Dans la kyrielle des propositions OFF mention spéciale pour la nouvelle venue The Salon by NADA @newartdealers and @thecommunityparis. Un panorama cutting edge très américain qui permet à Paris de prendre des couleurs !

https://thesalon.paris/fr

Infos pratiques :

Billet 

Plein tarif 44 €

Soirée 35 €

Permanent 115 €

https://www.artbasel.com/paris/tickets