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Prix Marcel Duchamp 2024 : Interview Noémie Goudal au Centre Pompidou

Portrait Noémie Goudal photo Hugues Lawson-Body

Abdelkader Benchamma, Gaëlle Choisne, Angela Detanico et Rafael Lain, Noémie Goudal sont les artistes nommé.es du Prix Marcel Duchamp 2024 à l’initiative de l’ADIAF. Noémie Goudal est une artiste et photographe française. Elle a étudié à Central Saint Martins et au Royal College of Art, Londres. Elle est lauréate du prix HSBC en 2013. Questionnant nos systèmes de représentation du paysage, ses installations, films, performances, photographies s’inscrivent dans le temps long de la paléoclimatologie ouvrant le champ des possibles d’un « monde d’extinction et de renaissance » pour reprendre les mots de Jeanne Lebrun, directrice adjointe du Centre Pompidou et commissaire de l’exposition. Noémie Goudal a répondu à mes questions.

Que représente le Prix Marcel Duchamp pour vous ?

Ce prix est vraiment important à plusieurs titres. C’est d’abord un moment charnière dans la pratique : j’ai commencé à travailler avec la vidéo, la performance et cela a été une très belle opportunité d’exposer ces recherches. De plus cette exposition au cœur de Paris est une grande chance sachant que le Centre Pompidou va fermer pendant longtemps. Le Prix est une véritable plateforme.

Noémie Goudal, Rocks, 2022 Installation filmique et photographique 4 min 50 sec Courtesy Gallery Edel Assanti © Adagp, Paris, 2024 Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Bertrand Prevot/Dist. GrandPalaisRmn

Qu’avez-vous réalisé à cette occasion ?

Cela fait plusieurs années que je travaille autour du thème de la paléoclimatologie et m’inspire de recherches de scientifiques pour créer mes œuvres. Les deux films que je présente et l’installation vidéo s’inscrivent dans la continuité de ce projet. 

Qu’est-ce-que la paléoclimatologie et comment vous en inspirez-vous ?

Il s’agit de l’étude des climats anciens mais également du relief de la terre et les différents phénomènes qui ont permis d’arriver au paysage qui nous environne. Les scientifiques que j’écoute et je lis travaillent dans des domaines précis avec des roches par exemple ou des matériaux qui existaient déjà des millions et des milliards d’années. On a accès à toutes ces archives. Je suis dans une sorte de jeu entre ce qui est visible dans le réel et ce temps long qui m’ouvre à un imaginaire. Le deep time ou temps géologique est tellement étiré, vertigineux, c’est un vrai exercice pour moi.

Comment traduisez-vous ce vertige avec la photographie et la vidéo ?

Ce qui m’intéresse dans la photographie et la vidéo c’est la question de la temporalité fixe de l’image. Néanmoins à l’intérieur de l’image on observe les strates du temps, ce que je cherche à représenter c’est pourquoi j’utilise beaucoup de décors qui disparaissent au fur et à mesure. J’arrive ainsi à envisager l’idée de fixité et de mouvement simultané car nous vivons dans un monde où l’on accepte une forme de chaos du moment qu’il reste dans une forme d’ordre. J’étudie les limites de notre pensée par rapport à cette dialectique dans notre représentation du monde. 

Décrivez-vous une catastrophe en puissance ?

Mon travail ne parle pas directement de changement climatique même si ces paysages en train de se désagréger peuvent le laisser entendre. Mes recherches s’inscrivent dans un monde en permanente régénération. Nous sommes partie prenante de ce flux qui date de 4,5 milliards d’années bien plus large que notre échelle. C’est assez fascinant de se sentir dans une zone où comme pour les scientifiques tout est encore possible !

Noémie Goudal est représentée par Gallery Edel Assanti (Londres).

Le nom du lauréat.e du Prix sera annoncé.e le 14 octobre prochain.

Infos pratiques :

Prix Marcel Duchamp 2024

Centre Pompidou

2 oct. 2024 – 6 janv. 2025
11h – 21h, tous les jours sauf mardis

Avec le soutien de l’Adiaf (Association pour la diffusion internationale de l’art français). 

https://www.centrepompidou.fr/fr/programme/agenda/evenement