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Marseille, Friche la Belle de Mai : Hymne aux murènes, Campus Panic et Galerie Art-Cade : Romain Vicari 

Triangle-Asterides Hymne aux Murènes Beatrice Lussol_divers-dessins-entre-1997-et-2023_©Aurelien Mole

Petit retour à Marseille à la Friche la Belle de Mai avec l’exposition de Triangle-Astérides, les diplômé.es de l’école des Beaux-Arts, INSEAMM et à la galerie Art-Cade pour le solo show époustouflant de Romain Vicari.

Un vrai coup de cœur !

En hommage à Marie Hélène Dampérat et Françoise Vigna, fondatrices de la galerie B-Vigna puis librairie à Nice, épicentre des histoires et des luttes LGBT+. Parmi les 12 artistes réunies, certains ont connu le lieu d’autres sont lié·es aux ateliers Astérides à Marseille. Ensemble,  plasticien·nes, performeur·ses et éditeur·ices dessinent des « galaxies d’affects et une biographie collective joyeuse, subjective et partielle » pour reprendre les termes de Mathilde Belouali, commissaire de l’exposition. Le titre est emprunté au roman d’apprentissage lesbien de l’écrivaine Mireille Best. Ces murènes symbolisent une forme de vie et de désirs hors normes et libérateurs comme elle l’explique. Les générations réunies partagent une esthétique commune volontiers clinquante dans laquelle le corps prend une place particulière. 

Triangle-Asterides Hymne aux Murènes Pauline L Boulba et Aminata Labor Extraits de JJ, 2024 film. courtesy des artistes ©Aurelien Mole

Avec Fabienne Audéoud, Flo*Souad Benaddi, Cécile Bouffard, Pauline L. Boulba, Claude Eigan, Monsieur Gustave, Aminata Labor, Ingrid Luche, Béatrice Lussol, Bruno Pélassy

Relire mon interview avec Victorine Grataloup, directrice de Triangle-Astérides, centre d’art d’intérêt national.

Après le succès des expositions Habitacles dont le commissariat a été assuré par Jeanne Mercier, puis DRIFT – Dérapage contrôlé par Karin Schlageter, c’est au tour de Salma Mochtari, chercheuse et curatrice, d’accompagner les jeunes artistes et designers.   

Membre du collectif curatorial et éditorial Qalqalah قلقلة depuis 2020, la pratique de Salma Mochtari prend souvent appui sur les circulations conceptuelles entre les champs de l’art et la philosophie contemporaine. 

Vue de l’exposition Campus panic, Friche la Belle de Mai © Cécile Braneyre

Dans cette exposition, elle dévoile les œuvres et les productions qu’elle a spécifiquement sélectionnées pour ce grand rendez-vous annuel. Assemblées autour d’une narration commune, les pièces présentées conservent toutefois leur singularité et l’esprit de leur auteur·ice. Dans une époque tourmentée comme celle que nous traversons, cette jeune génération créative porte en étendard ses espoirs communs et ses revendications intimes pour participer à la construction d’un monde nouveau. 

Vue de l’exposition Campus panic Friche la Belle de Mai © Cécile Braneyre

« À la levée du jour et à la tombée de la nuit, dans son microclimat et sa biorégion qui le distinguent du centre-ville, le campus des Beaux-Arts de Marseille à Luminy, aux portes du Parc national des Calanques, offre des paysages éblouissants. Il dégage aussi une douce inquiétude, latente. Sans jamais qu’on sache ce qui se cache exactement derrière elle, comme au début d’un thriller qui pourrait tout autant devenir un coming-of-age qu’un Hitchcock. Peut-être est-ce l’ombre orangée des sangliers ou des renards qui sillonnent ce territoire peuplé d’étudiant·exs et de professeur·exs le jour, de créatures réelles et fantastiques la nuit. Ses qualités architecturales permettent des déambulations multiples, parfois sinueuses, entre ses bâtiments et patios – chaque trajet devenant une aventure en soi. C’est à partir de ce lieu que Campus Panic propose d’approcher les pratiques des artistes et des designers diplômé·exs des Beaux-Arts de Marseille.

L’expression campus panic renvoie spécifiquement à la centralité de la notion de campus dans la lecture de certains événements géopolitiques, des manifestations anti-guerre au Vietnam sur les campus américains aux mobilisations qui se sont opposées — et continuent à le faire — à la guerre contre les Palestinien·nes à Gaza et en Cisjordanie. Le campus devient ainsi un fantasme et un mythe, sans délimitation géographique spécifique. En empruntant à cette expression la centralité d’un campus qui n’est pas un lieu, mais un paradigme, à la fois fantasmé et producteur de codes, de pratiques et de relations, l’exposition rassemble ainsi 51 artistes et designers aux travaux à la fois singuliers et faisant tous échos aux tumultes qui rythment le présent. Si à Luminy, l’inquiétude est souvent douce, c’est face aux troubles du monde qui les entoure que les artistes produisent et que certain·exs s’engagent. Avant qu’il ne soit un huis clos ou un lieu de retrait, le campus est donc une condensation du monde et nous permet de partir d’un territoire précis — avec des œuvres qui mobilisent le paysage et sa représentation — pour traverser l’inquiétude, latente, d’un contemporain ébranlé par les crises et les angoisses, vers des travaux qui se proposent de mobiliser l’archive pour répondre aux vertiges, de détourner les symboles et les mythes, d’investir des rituels et des imaginaires mystiques pour s’installer enfin dans une sorte de tendresse, affrontant les traumatismes et les assignations dans des gestes plus frontalement tournés vers la société. Pour que la panique change de côté. » Salma Mochtari, curatrice de l’exposition.

Mention spéciale à l’exposition désormais terminée autour des Artists Run space : les Ateliers Lautard

Initiés début 2024, avec l’idée de mettre en conversation différentes pratiques artistiques, Les Ateliers Lautard, gérés par l’association Résidence Résiliente connaissent déjà une effervescence et une vision collégiale qui forcent admiration et enthousiasme. Cette première exposition collective hors les murs, présentée à la Friche Belle de Mai, ne montre qu’une sélection d’œuvres de dix artistes des ateliers. Les œuvres, protéiformes, de la peinture au textile en passant par le dessin, se jouent de la perception du · de la spectateur·ice. 

Avec Rebecca Brodskis, Marie Caceres, Christian Garre, Pierre Antoine Ménard, Jonathan Michel Paul, Maïlys Moanda, Hannah Taylor, Tremos, Aurora Vernazzani, Théo Viardin.

Vue de l’exposition « La Tempête qui arrive est de la couleur de tes yeux » Romain Vicari, Art-Cade galerie courtesy the artist

« régler l’horloge, verser de l’eau, allumer les bougies, s’attabler, tirer les rideaux… »

Au milieu des ruines des souvenirs, de creusets d’histoires, de fantômes, d’un chaos organisé, un cheminement est proposé d’une grande force, entre l’intime, le domestique et le politique. Plusieurs seuils sont à franchir, il se dégage une véritable dramaturgie de l’ensemble.

Interview à suivre de l’artiste que j’avais rencontré à Dijon Atelier Chiffonier en 2021 (lien vers Podcast). Romain est à l’origine de  Thundercage « Artist-run Nospace » à Aubervilliers.

Infos pratiques :

Hymne aux Murènes, Triangle-Astérides

jusqu’au 13 octobre

Friche la Belle de Mai

https://www.lafriche.org/evenements/hymne-aux-murenes/

campus panic, l’exposition des diplômé·es de l’école des Beaux-Arts de Marseille

jusqu’au 13 octobre

Friche la Belle de Mai

https://www.lafriche.org/evenements/exposition-des-diplome·es-du-dnsep-en-art-et-en-design-de-lecole-des-beaux-arts-de-marseille-inseamm/

« La Tempête qui arrive est de la couleur de tes yeux »  Romain Vicari

Art-Cade Galerie

jusqu’au 26 octobre

https://p-a-c.fr/les-membres/art-cade

Ensemble de l’agenda des propositions à Marseille :

https://p-a-c.fr