FOMO VOX

Rentrée arty à Bruxelles : Rendez-Vous, Cloud Seven, Botanique…

Bilal Hamdad, Reflets, © Isabelle Arthuis Courtesy of the artist and TEMPLON, Paris – Brussels – New York

Nouvelle formule, Rendez-Vous Brussels Art Week sous le pilotage de Laure Decock et Evelyn Simons, coïncide avec l’arrivée de nouvelles galeries dans le « Tribeca Bruxellois » selon le terme choisi par Constantin Chariot qui inaugure son nouvel espace dans le quartier du WIELS à Forest aux côtés de Montoro 12, Lodovico Corsini (ex Clearing), Lee-Bauwens et toujours Galila’s, Fondation A (en vedette à Arles cet été)…

Parmi les incontournables, outre le Centre Constantin Chariot (écouter l’interview Podcast de Constantin, fondateur ) et le solo show d’Hélène Bertin à la Verrière-Hermès autour d’une pratique plurielle de la danse et de la cueillette et de savoir-faire séculaires dont Joël Riff le commissaire, nous livre les enjeux (lire interview), petit tour en galeries :

A partir de sources photographiques et d’artefacts collectés dans la nature : plantes , fleurs, insectes, qu’elle tisse sur l’image. Des allers et retours comme le passé de l’artiste entre la Mongolie de son enfance et le Japon de son adolescence qui disent d’un syncrétisme culturel et spirituel unique. Des peintures intimes et tout un imaginaire fascinant du DYI et de la collecte.

https://www.gladstonegallery.com/exhibition/13216/when-it-was-dark-i-called-and-you-came/installation-views

La nouvelle entité issue de la fusion Jaqueline Martins et Maria Montero présentent LABINAC. 

Le duo constitué de Maria Thereza Alves et Jimmie Durham dessine un univers domestique aux confins de l’art et du design autour d’œuvres craft d’artistes « natifs » d’Amérique Latine. L’on remarque notamment la lampe en forme de pied de la brésilienne Ana Mazzei. 

Mendes Wood, Patricia Leite et Leticia Ramos

Toujours chez les brésiliens établis à Bruxelles, Mendes Wood tisse un dialogue entre deux artistes Patricia Leite et Leticia Ramos. Patricia Leite s’engage dans la voie de l’abstraction libre autour d’éléments de collages et d’objets du quotidien. Après des études d’architecture et d’urbanisme et une formation cinématographique, Leticia Ramos s’engage sur des projets à long terme impliquant décors, maquette, appareils photographiques. Elle s’est notamment intéressée au tremblement de terre de Lisbonne en 1775.

https://mendeswooddm.com/exhibitions/335-galaxias-patricia-leite-leticia-ramos/

Danseur, jongleur (initié aux arts du cirque) l’artiste peintre est alimenté de mythes et d’animaux fantastique. Son exposition Cave Canem (Pompéi) nous plonge dans une caverne ésotérique et mystérieuse entre esthétique du chaos et du rite. Les toiles sont éclairées à la faible lueur d’une chandelle, ce qui nécessite de faire silence et de s’en approcher. 

L’artiste britannique joue des ombres et des lumières dans des scènes domestiques à partir de détails de mobiliers qui épousent la forme d’une silhouette. Canapé, livres, Une nostalgie de l’instant et petite musique de l’intime.  Une présence-absence, des vanités qui disent la course du temps dans une approche minimaliste et silencieuse proche de la symbolique japonaise du Ma qui incite à la contemplation. 

https://www.miergallery.com/exhibitions

L’artiste est fasciné par la transformation de la matière aux confins de la science : calcification accélérée de cristaux, vieillissement de tableaux, bloc de gaz devenu solide, cactus recouverts de cuivre, refroidissement d’un four pour marquer le temps de l’exposition. Jouant de l’inachevé et des savoir-faire non occidentaux dans une approche minimale située, il nous invite à déjouer nos réflexes de consommation des images. 

https://www.meessen.be/exhibitions

Le peintre franco-algérien rencontré à Poush, dévoile ses dernières réalisations à la suite de sa résidence à la Casa Velàzquez de Madrid. Nourri des grands-mitres du Siècle d’or espagnol il injecte à des scènes très contemporaines une dimension de lenteur et des indices de présences fugitives. L’isolement dans la foule, la perte de repères, l’attente, sont parmi ses champs d’exploration.

https://www.templon.com

Il faudrait également citer Xavier Hufkens et  Esther Kläs, Irène Laub et la scène islandaise, la romance post romantique de Lodovico Corsini…

En parallèle, 

« A public affair », Cloud Seven, Frédéric de Goldsmith

Le commissariat est assuré par Bayo Hassan Bello, artiste, écrivain et curateur à l’origine de AJALA, une plateforme de production culturelle en faveur des communautés et d’artistes de pays du Sud global.

Ce nouvel accrochage de la collection invite à réfléchir sur la frontière entre privé et public sur les 3 étages de l’immeuble brutaliste Cloud Seven. Au 1er étage la photographie bien présente sert de témoin à une entreprise de surveillance massive de nos gestes et habitudes avec David Claerbout « Sections of a happy moment », Sugimoto et Paramount Theater avec la lumière de l’écran surexposée, Aline Bouvy avec Urine Mate renvoie aux pratiques du cruising de la communauté queer dans des lieux en marge, James Casabere avec Toilets donne une dimension de nature morte à une rangée de WC, brouillant les frontières de la peinture noble, Nico Williams avec Privé (white) l’artiste, membre de la communauté des arts autochtones de Montréal, à partir de la pratique du perlage questionne les structures asymétriques et dominantes du pouvoir.

Au 2ème étage les systèmes d’exploitation sont examinés à l’aune des routes et systèmes de dominations coloniaux. Kapwani Kiwanga avec Greenbook renvoie au guide établi pour aider les afro-américains dans leurs voyages à trouver des hôtels ou restaurants qui leur étaient accessibles. Michael Patterson-Carver est un artiste autodidacte qui jette un regard franc et lucide sur l’actualité militante à travers des dessins volontiers naïfs. Younes Baba-Ali fait cohabiter des minerais katangais à côté d’un lance pierre artisanal dans une réflexion sur la valeur et l’échange. 

Laurie Charles, atteinte d’une maladie auto-immunitaire développe des fictions dans des dessins inspirés de situations réelles faussement naïfs.

L’artiste péruvienne Carmen Reategui avec Offrande et vassalité se penche sur les échanges entre pays colonisateurs et colonisés. Ulla-Stina Wikander à partir de sa collection de borderies en point de croix a commencé à recouvrir toute sorte d’objets de la vie domestique (aspirateur, téléphone,.. ) leur donnant une seconde vie. Terrence Musekiwa combine les traditions culturelles du Zimbabwe à l’histoire de l’Angleterre son pays d’adoption. Ces notions d’exil et de transit sont à l’œuvre chez Barthélémy Toguo avec ces tampons surdimensionnés qui conditionnent l’avenir du migrant. 

Le dernier étage autour de la notion de souveraineté du sujet à travers le portrait réunit des œuvres de Wiktoria Wojciechowska artiste que j’ai interviewée (lien vers) poursuit un projet sur la guerre en Ukraine, Helena Almedia se saisit de son corps comme outil d’émancipation dans des mises en scènes très sobres, Jacqueline Mesmaeker avec les Charlottes renvoie à Charlotte, princesse de Belgique, fille de Léopold Ier, épouse de Maximilien d’Autriche, emprisonnée pour sa folie mais aussi à la serre que l’artiste a fait construire dans un jardin de Bruxelles. Des glissements de sens chers à l’artiste. Reza Aramesh qui fait partie du programme Off de la biennale de Venise, mêle les canons de représentations de la Renaissance italienne à des scènes de violences contemporaines. 

Vue de l’exposition De fil et de nature, Botanique photo Luk Zander Plaetse

Botanique : 

« De fil et de nature » commissaire Jean-Marc Dimanche (ceramic brussels) 

L’exposition réunit six créatrices textiles dans les espaces tout en courbes des serres. Des étonnants reliefs et effets 3D des grandes œuvres paysages de KRJST, aux volumes métalliques d’Adeline Halot, en passant par les curieux « tricotages » de fils plastique de Charlotte Payet, ou encore les broderies échevelées de Solenne Jolivet, c’est un nouvel imaginaire qui se déploie sous nos yeux et nous plonge dans une nature par le fil augmentée. Elise Peroi, elle, a tendu une grande voile comme pour mieux capturer la course des nuages, tandis qu’Elodie Antoine s’est amusée à une déambulation poétique en disséminant quelques-unes de ses sculptures, tel un jeu de piste, dans les recoins les plus cachés de l’espace. 

L’autre exposition Narcosis semble en pénitence dans la petite salle du haut alors que le sujet : l’eau et ses méandres, son imaginaire, est tout à fait intéressant. 

WIELS à suivre avec 3 expositions et Hangar Art Center !

Infos pratiques :

A Public Affair

Botanique :

https://botanique.be/fr/expositions

Organiser votre séjour :

https://www.visit.brussels/fr/visiteurs