FOMO VOX

Quartier des Bains, Genève : Centre d’art contemporain, Centre de la photographie, Mamco, BIM

Expo Tomas Saraceno 2024

A l’occasion d’Art Genève, parcours dans le Quartier des Bains, véritable écosystème artistique et plateforme incontournable regroupant le Centre d’art contemporain, le Mamco, le Centre de la photographie, l’Espace Muraille et les galeries : Skopia, Espace L, Fabienne Levy (cf Interview), Olivier Varenne, Pace…

Biennale de l’Image en Mouvement et 50ème anniversaire du Centre d’art contemporain

Pour ce nouveau chapitre, l’autrice, éditrice et curatrice Nora N. Khan rejoint Andrea Bellini, directeur du Centre d’Art Contemporain Genève, comme co-commissaire de la BIM afin de sélectionner les artistes à qui de nouvelles œuvres ont été commissionnées.

La Biennale de l’Image en Mouvement 2024 (BIM’24), intitulée A Cosmic Movie Camera, développe un discours en constante évolution consacré à l’image en mouvement sous toutes ses formes, en particulier à l’ère de l’algorithme. « Une caméra cosmique » fait référence à la récente découverte en astrophysique des anneaux de photons qui entourent les trous noirs, ces « pièges à lumière infinis » dont il se pourrait qu’il soit le moyen visible le plus essentiel qui soit pour l’humanité d’en savoir plus sur ce qui est encore inconnu : l’intérieur des trous noirs. Chaque artiste présente autant d’indices visuels de ce qui est invisible et inconnu et créé des figures holographiques, des émissions de télévision se déroulant dans les ruines butlériennes, des simulations qui prennent vie, des bibliothèques génératives de formes biologiques nouvelles, des tribunaux d’intelligence artificielle, des jeux d’intelligence distribuée ancestrale, des drames tragiques d’êtres artificiels, des laboratoires de futurs échanges génétiques, des villes de nuages hallucinées, ou encore des projections sans fin.

Centre de la photographie

RIAR RIZALDI. A PHANTOM RIDE OF THE SUNDA PLATE

L’exposition de l’artiste et réalisateur indonésien Riar Rizaldi rassemble plusieurs de ses productions récentes, traversées par les thématiques récurrentes de son œuvre : les relations entre le capital et la technologie, le travail et la nature, l’histoire, la fiction et les visions du monde. Ses projets prennent volontiers pour point de départ des épisodes de l’histoire coloniale de l’Indonésie (Tellurian Drama, 2020), ou l’extraction actuelle de ses ressources (Kasiterit, 2019) pour examiner nos rapports à la technologie, au travail et à notre environnement, et imaginer des alternatives possibles à la trajectoire de l’histoire. D’autres productions esquissent des visions parallèles du futur qui mettent en lumière nos rapports actuels au travail et à l’autorité (Becquerel, 2021). Certains de ses films se rapprochent plus de l’essai documentaire pour exposer des modalités d’organisation sociale de phénomènes naturels et de leur prédiction (Pyroclasts are Eloquent Storytellers, 2022).

Mamco

Saluons la programmation du Mamco dédiée aux artistes femmes injustement oubliées du récit officiel.

Emma Reyes

Emma Reyes, la force du destin

Maltraitée dans son enfance, l’artiste colombienne Emma Reyes (1919-2003) est essentiellement autodidacte, même si elle a étudié et travaillé auprès de Diego Rivera et d’André Lhote après avoir obtenu une bourse lui permettant de se rendre à Paris.

Elle fait apparaitre des individus au milieu d’une végétation luxuriante, d’une jungle compagne. L’humain ainsi représenté est aussi végétal. Quand il ou elle est représentée avec un animal, un fruit dans les bras ou devant la bouche, c’est le récit de cette longue histoire de parenté qui nous est narrée. Loin d’un souhait de retour à l’état sauvage, c’est une conception décentrée de l’humain, en dialogue avec son environnement qui est appelée de ses vœux par l’artiste. 

Emma Reyes représente également des fleurs, des fruits et des légumes en gros plan, comme des corps vivants. En utilisant systématiquement des cadrages très serrés, elle transforme notre rapport à la nature, elle nous en rapproche. Comme Georgia O’Keeffe, elle appelle le regardeur à vraiment les voir. Ces portraits magistraux de fleurs et de fruits trop grands pour les cadres qui les emprisonnent, l’éloignent des préoccupations formelles de sa génération, mais lui permettent de renouer avec l’expression pleine et entière de son identité culturelle.

Klàra Kuchta

Klára Kuchta, artiste suisse d’origine hongroise, a organisé sa carrière en cycles et investi différents médiums (tapisserie, performance, photographie, vidéo et installations), dont certains inattendus à l’instar des cheveux ou du laser. L’exposition que lui consacre le MAMCO revient d’abord sur sa formation, qui lui a donné accès à l’ensemble des pratiques liées à l’art textile, en présentant trois de ses tapisseries des années 1970. C’est le moment où elle s’installe à Genève, attirée par le rayonnement international de la Biennale de la tapisserie de Lausanne. En marge de cette biennale, elle expose ses réalisations au CITAM, Centre International de la Tapisserie Ancienne et Moderne, créé en juin 1961 à Lausanne par Pierre Pauli. Pour chacune de ces pièces, elle tisse principalement du sisal, qui donne du maintien à ses sculptures textiles aux formes biomorphiques et permet leur développement tridimensionnel.

Dans le nouvel accrochage la section « Queering the Narrative » est particulièrement juste. Les oeuvres réunies en majorité très récentes reprennent la représentation classique du corps qui a toujours été défini par les hommes pour leur propre plaisir. Les artistes -des femmes en majorité- se réapproprient l’image du nu et du portrait pour en déjouer l’iconographie classique. Signalons également les problématiques liées à l’image avec le chapitre « Images liquides » à l’ère de la digitalisation.

Espace Muraille (à quelques arrêts du tram, proche MAH)

Laurence Dreyfus, curatrice, invite l’artiste argentin Tomás Saraceno à investir l’espace fondé par le couple de collectionneurs et mécènes Caroline et Eric Freymond. Le titre choisi, Life of Webs, est un clin d’œil à Webs of Life, l’exposition «collaborative et multi-espèces» de Tomás Saraceno à la Serpentine Gallery de Londres en 2023, qui explorait comment différentes formes de vie, technologies et systèmes énergétiques sont connectés dans l’urgence climatique.

Life of Webs (espacemuraille.com)

En Galerie

Emilien Leroy Made in Alang, film still, 2019-2023

Skopia

Emilien Leroy est un artiste français vivant à Dunkerque. Il s’intéresse au sort des vieux cargos désossés dans les pays du Tiers Monde. Musicien connu sous le surnom de Feromil, il fait chanter la ferraille, joue du détecteur de métaux, fabrique des tissus bruyants, arpente les zones portuaires à la recherche des sons et de paysages sonores des chantiers navals.

Émilien Leroy — Skopia

Lange + Pult

Natacha Donzé

Que signifie être fonctionnel, productif, performant, qu’est-ce qui est utile ? La série Grindstone présente des représentations augmentées de céréales, pierre angulaire non seulement de la subsistance et du bien-être de l’homme, mais aussi, par extension, de l’histoire de l’origine et du fondement des marchés mondiaux des matières premières et de la spéculation financière.

Galerie Lange + Pult – 2024 – Natacha Donzé

Agenda des différents lieux :

L’Art à Genève | Galeries, vernissage, musées, galeries (artageneve.com)

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