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La soupe à l’ortie réjouissante d’Hélène Delprat chez Hauser & Wirth !

Installation view, ‘Hélène Delprat.Monster soup’ at Hauser & Wirth Paris,20 January–9 March© Hélène Delprat, Adapg, Paris, 2024.Courtesy the artist and Hauser & Wirth. Photo: Nicolas Brasseur

« J’aime les choses rugueuses, grinçantes, un peu monstrueuses ou extravagantes. » Hélène Delprat

« Monster soup » est le titre de la première exposition d’Helène Delprat chez Hauser & Wirth et c’est un évènement. Traduisible par « soupe aux monstres » elle est un condensé de la démarche inclassable d’une artiste rétive à toute forme de classification et qui pratique les chemins de traverse de l’art avec une réelle constance. Je choisirais plutôt l’ortie pour une grimaçante soupe mais pleine de bienfaits selon les vertus de la plante ! Si l’on reprend l’abécédaire de l’un de ses ouvrages « Les travaux & les jours » comme un livre d’heures du Moyen Age, il est question de  « Masque, Macbeth, mode » (l’artiste a une allure de dandy échapée d’une gravure victorienne ou du Blomsburry group avec sa boule à zéro façon Claude Cahun !) mais aussi d’ « Ovide, d’Ombre, d’Ornement » ou encore de « Performance, Pigalle, Précieux.. ».

Entrée très jeune à la galerie Maeght, Hélène décide de faire une traversée du désert au nom de ses exigences pour se retrouver ensuite chez Christophe Gaillard. Pour son exposition très remarquée à la Maison Rouge, Fondation A de Galbert en 2017, elle avait choisir pour titre « I do it in my way». C’est peu dire de son indocilité. Professeur aux Beaux Arts de Paris elle y pratique l’art de la conversation comme elle le souligne, engageant les étudiants « à ne pas se ressembler, à déserter leurs habitudes, à prendre du recul… ce n’est pas facile car la tendance est plutôt à une demande d’efficacité » résume-t-elle avec panache.

Peinture mais aussi vidéo, théâtre, sculptures et installations, l’approche encyclopédique sous la figure d’Aby Warburg domine dans les œuvres d’Hélène Delprat. Collusions et multiples strates peuplent son univers à la fois savant et populaire. Tel un cabinet de curiosités ou une Fabrique paysagère de la Renaissance entre satyre et comédie,  burlesque et miroir tendu à notre propre finitude. Si elle compare la peinture à un acte guerrier avec la présence du drapeau que l’on avait vu également au musée des Invalides, c’est aussi pour elle une curiosité gourmande et jouissive.

Si l’affiche reprend un agrandissement du contenu d’une goutte d’eau dans la Tamise, l’atlas « mnémosyne » se déploie dans les élégants espaces de la galerie avec des nouvelles tapisseries conçues pour l’occasion et reprenant un évènement survenu lors de la première guerre. Un vocabulaire volontiers funeste habite nombre de ses œuvres malgré les paillettes et la fantasmagorie des motifs. Et l’on termine par ce qui ressemblerait à un manifeste : « I declare I am not a white european female artist » écrit en lettre blanches sur l’une de ses toiles. La messe est dite.

Hélène Delprat participe à l’exposition collective ‘À PARTIR D’ELLE. DES ARTISTES ET LEUR MÈRE’ au Bal, à voir jusqu’au 25 février 2024. Elle sera également à l’affiche de la prochaine Biennale de Lyon.

Infos pratiques :

MONSTER SOUP – Hélène Delprat

Jusqu’au 9 mars

Hauser & Wirth Paris

26 bis rue François 1er 75008 Paris

Paris – Hauser & Wirth (hauserwirth.com)

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