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artgenève : Anne-Claudie Coric, TEMPLON « Pour le marché de l’art 2024, je veux rester optimiste »

Gregory Crewdson. The Lounge, 2021-2022. Courtesy the artist and Templon, Paris —Brussels — New York

A l’occasion de la 12ème édition d’artgenève, Anne-Claudie Coric, directrice générale de TEMPLON revient sur les liens de la galerie avec la foire, complément idéal selon elle à Art Basel. Autre actualité stimulante de la galerie, l’artiste Abdelkader Benchamma nommé parmi les finalistes du Prix Marcel Duchamp 2024, tandis qu’à Paris la galerie met à l’honneur l’artiste Alioune Diagne qui représente le Sénégal à la prochaine Biennale de Venise et Jean-Michel Alberola. De plus, Anne-Claudie dresse un bilan très positif de l’ouverture à New York de TEMPLON dans le quartier de Chelsea et reste sereine sur le potentiel de la galerie et de Paris pour l’année 2024. Elle a répondu à mes questions.

Portrait Anne-Claudie Coric DR

Vous participez depuis plusieurs années à artgenève : quels atouts capitalise cette foire ? 

La Galerie Templon participe à Artgenève depuis une dizaine d’années avec plaisir et succès. Ce salon à taille humaine est un rendez-vous formidable pour revoir nos collectionneurs suisses, notamment francophones. C’est un contrepoint intéressant à l’autre foire Suisse, Art Basel en juin. C’est un salon de qualité, mais volontairement plus local, avec des stands aérés, une offre variée, à la fois en art moderne et en ultra contemporain. On peut y faire de belles découvertes.

Philippe COGNEE-Entre Geneve et Lausanne en Hiver-2023 courtesy the artist and Templon, Paris —Brussels — New York

Pour cette édition 2024 que proposez-vous ?

Pour cette année, nous avons choisi de mettre l’accent sur les artistes qui ont eu ou vont avoir une forte actualité. Le peintre Philippe Cognée qui a eu trois expositions muséales en France dont l’Orangerie à Paris sera présent avec ses nouvelles forêts à la cire, une réflexion sur la déliquescence de notre environnement. Le peintre américain de légende Jim Dine, qui aura une rétrospective pendant la Biennale à Venise, présente une de ses dernières œuvres : une peinture-assemblage, en forme de cœur. Le photographe américain Gregory Crewdson exposé à Arles l’été dernier et qui aura une rétrospective à l’Albertina de Vienne présente sa dernière série « Eveningside » en noir et blanc, jamais montrée en Suisse. Enfin, autour des classiques Gérard Garouste et François Rouan, nous présenterons la génération montante de la scène française : Prune Nourry, Robin Kid, Jeanne Vicérial ou encore Antoine Roegiers.

Abdelkader BENCHAMMA _Trees – Cosmatesque_2023 courtesy the artist and Templon Paris —Brussels — New York

L’artiste Abdelkader Benchamma est l’un des finalistes du Prix Marcel Duchamp : en quoi cette distinction et visibilité sont-elles un signal fort dans le parcours d’un artiste ? 

Abdelkader Benchamma est talentueux et sa pratique du dessin bouleverse les codes du genre. Je suis ravie qu’il soit finaliste. C’est si mérité. Le Prix Marcel Duchamp apporte un coup de projecteur exceptionnel sur un parcours. A l’étranger c’est un signal fort. Abdelkader Benchamma a déjà beaucoup exposé à l’étranger – je l’ai moi-même découvert à la Biennale de Sharjah – mais pour lui, c’est une reconnaissance très forte symboliquement. Aujourd’hui, il expose au Power Plant de Toronto, au Canada, où il a créé une fresque éphémère sur plus de 10 mètres de long. C’est si spectaculaire que l’exposition a été prolongée jusqu’en mars.

Nous exposerons une nouvelle oeuvre à Art Genève : la peinture à l’encre d’une clairière, à la limite de l’abstraction, qui interroge notre relation aux sciences et aux croyances.

Jean-Michel Alberola Vladimir Tatlin III, 2023 courtesy the artist and Templon Paris —Brussels — New York

A Paris est exposé l’artiste Jean-Michel Alberola dans le prolongement de son exposition à Bruxelles, en quoi sa démarche est-elle si singulière ?

Jean-Michel Alberola est un artiste inclassable : il est une sorte de chercheur dont les réflexions feraient naître tour à tour des peintures, des dessins, mais aussi des murs peints, des néons ou des petites sculptures bricolées. L’exposition à Paris poursuit notamment son travail sur les années 1965, 1966 et 1967 débuté à Bruxelles l’année dernière. Il explore la chronologie de ce qu’il considère être le creuset de la contre-culture et l’archéologie de notre époque. Il imagine des rapprochements entre littérature, rock, politique, cinéma… Le résultat est à la fois riche conceptuellement et frappant visuellement. Chez lui, la complexité n’élude jamais la question de la beauté ou de l’émotion.

Jean-Michel Alberola Vues d’exposition © Adrien Millot

Vous avez ouvert une antenne à New York, quel bilan faîtes-vous ?

En septembre 2022, nous avons ouvert un magnifique espace rénové de 600 mètres carrés en plein cœur de Chelsea, le quartier des galeries. Le lieu a trouvé sa place très vite dans le tissus New Yorkais et les résultats sont déjà excellents. Nous avons organisé des expositions fabuleuses d’Omar Ba, Jim Dine, George Segal, Ivan Navarro, Oda Jaune. Pour notre exposition de la japonaise Chiharu Shiota, qui avait tissé un tunnel en fil dans l’espace, les visiteurs faisaient la queue autour du block ! C’était un développement naturel dans la longue histoire de la galerie, nous avons tant d’artistes et de collectionneurs dans cette ville.

Alioune Diagne Vues d’exposition © Laurent Edeline

Quelles sont vos projections pour l’année 2024 ? 

On entend beaucoup de craintes sur l’environnement économique et politique international. Pour le marché de l’art, je veux rester optimiste. Nos artistes ont tous de magnifiques projets pour 2024. Ils continuent de travailler et de se développer. Je pense par exemple au pavillon sénégalais à Venise avec Alioune Diagne, ou l’exposition de Kehinde Wiley au Perez Museum de Miami, entre autres. La création en France est d’une vitalité remarquable. Au plan artistique, Paris fourmille d’initiatives, de nouveaux lieux, elle a vraiment retrouvé son attractivité de grande capitale de la culture. A nous de capitaliser sur ces atouts.

Infos pratiques :

artgenève

Du 25 au 28 janvier 24

Tarifs

Billet adulte (dès 16 ans) : CHF 20.-

Billetterie – artgenève (artgeneve.ch)

Actuellement à la galerie TEMPLON, Paris :

Jean-Michel Alberola

The Kings of Nothing and the Years 1965-1966-1967

Alioune Diagne

Seede

Jusqu’au 24 février

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