Simone Rocha, automne-hiver 2023-24
A l’occasion de la 3ème édition d’Art Anvers qui a su élargir sa sphère d’influence voici une sélection des epositions immanquables dans cette ville de Flandre où il fait bon passer les fêtes de fin d’année.
Cap sur le quartier devenu emblématique de District Zuid/ Nouveau sud, arty et branché en pleine transformation avec d’abord l’institution photo phare du FOMU qui propose 3 epositions passionnantes. Si l’exposition James Barnor est essentielle avec ses décryptages d’images cultes et le lien entre Accra, Londres et Anvers, je me pencherai plutôt sur les relectures contemporaines de l’héritage de Chantal Akerman et l’exploration de la collection par l’artiste Grace Ndiritu.
FOMU : au féminin pluriel avec Chantal Akerman
Her Voice réunit 7 artistes qui s’inscrivent dans le sillage de la cinéaste féministe belge. L’une d’entre elle la polonaise Joanna Piotrowska a été eposée au BAL en 2023. Elle eplore les epressions corporelles engendrées par des situations familiales ambigues. Elle met en scène des adultes au sein de cabanes précaires ou d’intérieurs domestiques.
Frida Orupabo que l’on avait découverte au Rencontres d’Arles en 2022, se penche sur les rôles genrés et autres assignations faites aux femmes. Elle s’inspire directement de plusieurs films d’Akerman. Ses collages de corps réassemblés puisent dans l’histoire de la représentation et disent une forme de résistance. Gabby Laurent dans la série Falling s’intéresse à la notion de gravité à partir de son propre corps. L’artiste bruxelloise Manon de Boer qui se penche sur la perception du temps et le matériau film, rapproche son propre travail à un enregistrement sonore d’Akerman, le texte « Une Famille à Bruxelles ». L’artiste new-yorkaise Collier Schorr s’emploie depuis 2019 à l’adaptation chorégraphique du film emblématique « Je, tu, il elle ». Dans chaque geste du quotidien elle reprend les expressions quasi viscérales d’Akerman et y injecte son regard sur le patriarcat, le male gaze ou l’hétéronormativité.
Grace Ndiritu réimagine la collection de FOMU
Des rapprochements intuitifs et inédits guident l’artiste britannico- kényane pour sa pensée critique de la collection dans une lecture globale holistique. A la façon d’un sanctuaire A Quest For Meaning: Painting as a Medium of Photography (2014) fonctionne comme le pivot et le point de départ du parcours où couleur des murs, architecture et photographies dessinent des constellations à partir des figures inspirantes que sont Anni Albers, Tina Modotti et Georgia O’Keeffe.
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MoMu ECHO, enveloppé dans le souvenir
« J’ai beaucoup de plaisir à garder mes vêtements, mes robes, mes bas, je n’ai jamais jeté une paire de chaussures en 20 ans […] Le prétexte est qu’ils sont encore en bon état – c’est mon passé et aussi misérable qu’il ait été, j’aimerais le prendre et le serrer dans mes bras. » Louise Bourgeois
A travers le regard de trois femmes artistes : Louise Bourgeois, Simone Rocha et Anna Teresa De Keersmaeker, le lien entre les souvenirs psychiques et le vêtement sont étudiés. La maternité, l’enfance, la vieillesse, la nostalgie et les traces du temps sur nos parures : dégradations et défauts qui participent également d’une même mémoire.
A signaler la publication du catalogue ECHO au édition Lannoo, 176 pages, 45 €
Autre formidable eposition : Baloji
Musicien, poète, designer et réalisateur belgo-congolais, Baloji est lauréat du Festival de Cannes 2023 et candidat belge aux Oscars 2024 Augure, son premier long métrage. Ancré dans le réalisme magique c’est tout son univers que l’on découvre et de façon très immersive avec Augurism.