Insolare II ©Eva Nielsen / BMW ART MAKERS
Paris Photo : l’évènement leader bien sûr qui fête sa 26ème édition mais aussi a ppr oc he (entretien Emilia Genuardi), PhotoSaintGermain (entretien Aurélia Marcadier), La Biennale de l’Image Tangible, Photo Days…et des expositions incontournables au Jeu de Paume, BAL, MEP (Viviane Sassen) …nombreux sont les amateurs attendus cette semaine.
Paris Photo 2023 : classique mais pas que !
La 26ème édition de Paris Photo -dernière avant le retour au Grand Palais en 2024- réunit 191 exposants (galeries et éditeurs) en provenance de 25 pays selon une internationalisation croissante pour donner à voir plus de 800 artistes et photographes selon un spectre le plus large possible de géographies, pratiques et enjeux. Parmi les temps forts : l’arrivée d’Anna Planas en tant que directrice artistique et commissaire du secteur Curiosa, l’anniversaire des 5 ans du parcours Elles x Paris Photo curaté par Fiona Rogers avec la sortie d’un livre à cette occasion et un nouveau secteur digital sous la houlette de Nina Roehrs en écho aux phénomènes de plus en plus disruptifs liés aux NFT, blockchain et à l’intelligence artificielle. Une première dans le paysage des foires européennes.
Si le taux de renouvellement des galeries est important (36%) cela résulte d’un important travail de prospection comme le souligne Florence Bourgeois, du côté de l’Italie notamment avec l’arrivée de Paci (Brescia), Montrasio Arte (Milan) ou Studio G 7 (Bologne), de l’Espagne avec 1Mira Madrid et Albarràn Bourdais mais aussi des Etats-Unis avec Bruce Silverstein (New York), Dot Fiftyone (Miami), Marshall (Los Angeles) …portant à 68% le nombre de galeries internationales pour 32% d’enseignes françaises.
La directrice générale se félicite également des solos shows toujours nombreux (20) comme l’artiste designer Hassan Hajjaj chez galerie 193, primo-participante ou Samuel Fosso chez Christophe Person (Paris) qui fait son entrée à la foire avec un large panel de tirages historiques ou plus contemporains du lauréat du Deutsche Börse Photography Foundation, exposé à la Mep en 2021. L’on remarque aussi Tom Wilkins, photographe amateur, (Christian Berst, Paris) avec une abondante archive de polaroids des années 1970. La galerie M 77 (Milan) se concentre sur le génie de l’artiste humaniste Nino Migliori pour sa première participation. L’enfant terrible de la mode, Juergen Teller est présenté chez Suzanne Tarasiève avec une série des années 90. L’artiste Vasantha Yogananthan, choisi pour le visuel de la foire est proposé par The Photographers Gallery (Londres) autour de sa nouvelle série Mystery Street, d’enfants face à l’imaginaire menacé de la Nouvelle Orléans par le réchauffement climatique.
Dans les duo shows, se distingue l’installation en dialogue des Self Portraits de Melissa Shook, artiste invisibilisée par l’histoire qu’il est temps de redécouvrir avec les 365/Diary de Ken Ohara par les galeries Valérie Bach-La Patinoire Royale (Bruxelles) et Miyako Yoshinaga (New York). Autre dialogue audacieux entre Jean-Kenta Gauthier (Paris), galerie contemporaine présente dans le secteur digital avec la galerie New Yorkaise spécialiste du 19ème Hans P. Kraus JR (New York).
Le secteur Curiosa propose 16 projets d’artistes présents pour la première fois avec une réelle diversité d’écritures à l’image de toute la foire comme le souligne Anna Planas. Un aller et retour entre une réflexion sur le medium, le vécu personnel et des enjeux contemporains portés par le documentaire résume-t-elle.
Certains thèmes se dessinent en creux comme l’amitié, les liens intergénérationnels, la transmission, l’exil avec l’iranienne Hoda Afshar (Milani gallery) ou l’effacement de la mémoire comme chez Nhu xuan Dua (Anne Laure Buffard) et ses portraits de famille flous et volatils, Jonathan Rosić (Archiraar) et ses dessins qui traitent aussi d’impermanence ou Silvia Bigi (Red Lab) qui dénonce l’invisibilité à travers le handicap de sa grand-mère.
Il se dessine le portrait d’une génération habituée à travailler en collaborations et à intégrer le sujet. La performance en temps réel de Vivian Galban (Rolf Art, Buenos Aires) qui propose aux visiteurs chaque jour de la foire un portrait à l’aide d’une camera oscura illustre ce lien recherché avec le public.
Le nouveau secteur digital réunit 9 galeries ou plateformes. Il est le reflet d’un brouillage des catégories généralement admises et l’émergence de formes hybrides en art, précise Nina Roehrs. Si le phénomène n’est pas nouveau, l’on remarque une accélération de la digitalisation de la culture et de l’image : des mêmes aux selfies, filtres instagram, captures de drone soulevant paradoxes et défis à l’ère des NFT, du Metaverse, de la blockchain et de l’intelligence artificielle. Des artistes toujours plus nombreux s’emparent de ces nouveaux potentiels souvent vécus comme une menace pour le marché et les intermédiaires. Dès lors exposer des œuvres digitales dans un espace physique soulève de nombreuses questions entre 2ème et 3ème dimension et les galeries sélectionnées vont présenter des œuvres avec ou sans écran comme Office Impart gallery (Berlin) et l’artiste Damjanski qui avec son application disponible sur Apple Store crée une forme abstraite à partir de votre portrait également présente sur le stand à travers des sculptures. L’artiste Robbie Barrat (L’avant galerie Paris) pionnier du crypto-art s’inspire du jeu d’arcade Big Buck Hunter pour créer des peintures de paysages. L’artiste Kevin Aboach (Nagel Draxler, Berlin) se saisit d’intelligence artificielle générative pour fabriquer des photographies synthétiques, images qui deviennent virales et repoussent toujours plus la véracité d’un récit et ses corolaires.
Parmi les expositions des partenaires, pour la 7ème année, carte blanche étudiants 2023 : plateforme pour la photographie émergente qui donne à voir les jeunes talents en master ou licence des écoles de photographie et d’arts visuels européennes. Exposition à la Gare de Lyon du 2 novembre au 15 décembre 2023.
Infos pratiques :
Paris Photo
Du 9 au 12 novembre 2023
Grand Palais Ephémère
On Line Viewing Rooms